Arthus
C’est un salon aux murs couverts de boiseries. Au plafond deux magnifiques lustres sont suspendus. Ils ressemblent à des cascades de gouttes de cristal. Il y a également un miroir. Son cadre est de dorures ouvragées. Le reflet que j’y vois me surprend. Je ne me reconnais pas. Distrais, je passe ma main sur ma barbe qui pousse un peu plus chaque jour. Il n’y pas d’autre mobilier. L’espace libre est occupé par des parapluies rouges, ouverts, et flottant à deux mètres du sol.
Curieux, je m’approche, me ballade au-dessous en les contemplant. Rien ne les retient au plafond. Rien ne les soutient non plus. Ils flottent, tout simplement. Sous le charme, j’approche ma main d’une des poignées ouvragées. Aussitôt que je la frôle, tous les parapluies se replient dans un bruissement. Puis ils se métamorphosent en une multitude de pétales carmin qui s’envolent en tourbillonnant et m’enveloppent. Je ris. Les pétales finissent de se désagréger dans une fine poussière. L’espace qu’ils laissent est bien vide. Il n’y a plus rien à faire pour moi ici.
Avant de partir, je me regarde une dernière fois dans le miroir. Combien de temps ai-je passé dans ce Château ? Du doigt, j’effleure mon reflet. Ce dernier m’aspire et je disparais.