Pièce n°1841
Écrite par didou
Explorée par Altixor
Oh mes aïeux.
Cela faisait une éternité que je n’avais plus eu aussi mal.
Le moindre pas, le moindre mouvement un peu trop brusque et un violent élancement me vrille le crâne. Je grogne avant de trancher l’air du plat de la main.
En réponse, une douleur à l’arrière de la tête me plie presque en deux. Qu’importe puisque mon imagination est satisfaite. Qu’importe puisqu’en esprit, j’ai décapité d’un même geste le bouffon insolent qui m’a infligé cette blessure et la voix railleuse qui l’a encouragé à passer à l’acte.
Un soupir de satisfaction franchit mes lèvres, vite remplacé par une souffrance aigüe. Avec difficulté, je boitille au milieu de l’obscurité dans laquelle je suis plongée, espérant qu’il s’agit là d’une spécificité de la pièce et non de dommages irréversibles suite au coup reçu. J’avance et avance encore.
À chaque pas, ma rage et ma colère engloutissent un peu plus du mal qui me ronge. Si bien qu’après des heures à errer dans cette foutue salle dépourvue de lumière, ma commotion n’est plus qu’un lointain souvenir.
Mon désir de vengeance, cependant…
Je retrousse mes babines, serre les poings.
J’ignore s’il est possible de visiter à nouveau une pièce du château. À vrai dire, je m’en moque. Réalisable ou non, je trouverai un moyen d’y parvenir et alors là…
Alors là, j’écharperai, charcuterai, déchiquetterai, inciserai, tailladerai, cisaillerai, déchirerai, labourerai, sabrerai, lacérerai, sacrifierai, couperai, entaillerai les deux rats qui ont osé me défier. Ces misérables insectes connaitront un milliard de maux et une éternité de souffrance.
Je le jure sur le salut de mon âme.
Je le jure sur mes noms de Yubi al-Deus, d’Az Eros l’immortel et de Babès le Grand. Je le jure sur mon futur titre d’Altixor le conquérant.
Comme en réponse à ma décision, une porte de lumière surgit soudain devant moi, m’apportant la confirmation que je ne suis pas devenu aveugle et que mon chemin est le bon.
Le futur que j’envisage deviendra présent. Un sourire carnassier étire mes lèvres. Et avec le pas lent d’un être qui sait que tout lui est promis, je passe à la pièce suivante.
Gare aux inspecteurs ès Château, qui viendraient enguirlander Yubi al-Deus s’il s’avisait de pénétrer de nouveau dans une pièce déjà visitée…