Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE AUX ARMOIRES QUI CACHENT LES FUYARDS
LA PIÈCE AUX ARMOIRES QUI CACHENT LES FUYARDS

LA PIÈCE AUX ARMOIRES QUI CACHENT LES FUYARDS

OuiNonBof as OuiNonBof

[Voix off : Sam et OuiNonBof sortent de la Pièce Douche. OuiNonBof est ravie, comme vous l’avez vu elle adore se laver. Sam n’a pas l’air dans son bain (qui c’est qu’écrit les dialogues ? Non, parce que là, avec ce jeu de mot, on a vraiment touché le fond ! Comment ? Si je ne suis pas content, je suis viré ? Merci bien. Pff… Où est passée la liberté d’expression ? Bref.), et ils sortent de cette pièce pour retourner dans le couloir.]

J’étais ravie, comme je le disais la dernière fois, et je sentais bon et j’avais la peau toute douce. Mes cheveux ils étaient tout jolis, et les oiseaux chantaient, tralala, la vie est belle, qui veut une pomme ?
Voilà. Tout ça pour dire que moi, OuiNonBof, aventurière aventureuse et exploratrice (Oui, là, je rejoins la voix off. On veut des meilleurs dialogues. Pourquoi, à chaque fois, je dois dire « Comme Dora » après « Exploratrice » ? C’est rigolo une fois, et puis après c’est nul. De toute façon, je vais ce que je veux, je suis l’héroïne. A propos d’héroïne, vous connaissez la chanson qui fait « Vive le chocolat, l’héroïne et la vodka » ? Ouais, c’est pas très gai. Pas du tout. Et puis je crois qu’on ne parle pas de la même héroïne. Enfin. Cette parenthèse n’a que trop duré.) explorée, je serais volontiers restée dans cette pièce toute ma vie. Mais Sam, lui, n’avais pas l’air très emballé. Une fois qu’on s’est retrouvés dans le Corridor Mouvant, il a eu l’air plus détendu. « Mouais, c’était un peu un truc de fille, ces bains, marmonne-t-il. Moi, une savonnette, ça me suffit pour me laver, encore que, je reconnais que l’eau bien chaude, c’était pas mal du tout ».
Je sais très bien que Sam est un gros râleur, alors je ne dis rien.
On fait quelques mètres dans le Corridor, comme ça, en fait on ne sait pas trop où aller. Bah, en même temps, vous auriez fait quoi, vous ? Ce couloir est franchement immense ! Donc, Sam et moi, on attend je ne sais quoi, une porte qui nous inspire, ou quelque chose comme ça. On marche, regardant les tournants qui se mouvent, apparaissent et disparaissent.

L’atmosphère est lourde et étouffante, très chaude, comme un jour de soldes où tout le monde est compacté dans un petit magasin (ouais, y’a tout le monde qui piaille « Hiii, j’adooore cette robe ! » « Mademoiselle, ça coûte combien ? » « J’ai mal aux yeux ! »). Pourtant, le couloir est long et vide.
Je ne reconnais pas le Corridor de tout à l’heure.
Je sens une présence.
J’attrape le bras de Sam, qui sursaute :
 » – Qu’est-ce que tu fais ? Me dis pas que tu veux retourner aux Bains, on en sort !
Je ne peux réprimer un sourire, ce qui ne colle pas du tout avec ce que je dis, ça casse l’effet dramatique et stressant :
– Sam, ce n’est pas normal. Il y a quelqu’un, ici, et je pense que ce quelqu’un n’est pas tout seul. Tu ne te rends pas compte ? Cette chaleur humaine… »
Je suis coupée brusquement. Un grondement se fait entendre, et avant d’avoir compris ce qui se passait (Gné ? On est mous du cerveau, nous), je vois une chaussure qui apparaît au coin du croisement le plus proche. Puis deux. Puis cinquante. Une armée de chaussures. Mais ce ne sont pas des chaussures normales.
Elles sont tellement brillantes de cirages que l’on se voit dedans.
Et les personnes qui portent ces chaussures sont habillées en noir et blanc, avec un costume soigné en queue-de-pie, et un visage trouble, brouillé, flou.
Cinquante Majordomes marchent d’un pas décidé vers nous, sans bruit.
Là, je ne sais pas si vous avez bien suivi, mais ça devient très angoissant. Sam et moi, d’instinct, on se retourne, pour fuir par l’autre côté. Peine perdue. Les Majordomes sont là, ici aussi.
Oh-ow.
Sans issue.

Soudain, j’entends un petit bruit sur ma gauche, comme une grosse bulle qui éclate. Je tourne la tête vers le bruit, en espérant bien fort que ce ne sont pas encore des Majordomes, parce que sinon, ça va devenir sérieusement moisi pour nous.
Mais non. Ce ne sont pas des Majordomes. C’est une porte en bois verni, plutôt modeste, que je n’avais pas vue auparavant. Quelqu’un a écrit dessus au crayon gris : « Une pièce pour les fuyards ». J’attrape Sam par le col et j’ouvre la porte. Bon choix ou pas, nous ne l’avons pas trop (le choix). Entre un avenir inconnu dans une pièce mystérieuse et un avenir inconnu aux mains de Majordomes sans visage, je choisis la pièce mystérieuse.
Je tourne la poignée à la hâte.

Nous entrons dans une petite salle carrée, avec un parquet qui craque un peu. Déconcertés un moment, nous nous rendons compte que les seuls meubles présent ici sont… Des armoires. Une douzaine d’armoires disposées contre les murs, plutôt grandes, toutes identiques, en vois verni comme la porte.
Les Majordomes vont nous suivre, nous le savons.
Sam me montre une armoire du doigt, au hasard, et nous décidons de nous cacher dedans.
Je tourne la clef qui maintient les portes fermées et nous entrons dans l’armoire ; nous trouvons… Une autre pièce avec des armoires. Celle-ci est plus petite.
Nous nous interrogeons un instant sur le fait qu’une armoire puisse contenir des armoires, puis nous nous avançons dans cette nouvelle pièce. Étant toujours en fuite, nous nous dirigeons vers une autre armoire et nous nous réfugions dedans, persuadés que les Majordomes ne sont pas loin. Mais, encore faut-il qu’ils trouvent l’armoire où nous sommes entrés, héhé.
Et à l’intérieur de cette seconde armoire, devinez quoi ? Une autre pièce avec des armoires. Bon. C’est une chance pour nous, nous pouvons encore progresser, et nous commençons à nous dire que nous sommes sauvés, vu que les Majordomes ont un sacré flair s’ils parviennent à nous suivre à travers toutes ces armoires.
Nous entrons dans une autre armoire, qui renferme encore une grande pièce remplie d’armoires. Un peu monotone, non ?
Nous continuons ce cycle, et après cinq ou six armoires, je suis persuadée que nous avons semé les Majordomes.
Je fais part de mon impression à Sam, qui approuve vivement.
Ces armoires nous ont sauvées.

Mais Sam, qui n’a pas l’habitude d’être reconnaissant envers des meubles, ne voit pas ça de cet œil. Il dit qu’il a faim et qu’il veut dormir.
Il est vrai que, chez moi aussi, la faim commence à se faire sentir…
Nous entrons dans une autre armoire, bah oui, que pouvons-nous faire d’autre ?
Cette fois-ci, c’est différent. L’intérieur de l’armoire est sombre, on dirait qu’il fait nuit.
Au bout d’un instant, un bruit se fait entendre, comme une bulle qui éclate ; le même bruit qu’à fait la porte et qui a attiré mon attention.
Le noir s’estompe, et une nouvelle pièce fait son apparition…

[Voix off : A suivre… (Eh, je n’ai pas grand-chose à dire, ce coup-ci !)]

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