Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
L’ESCALIER QUI N’AVANÇAIT PAS, ou IL FAUT TOUJOURS ÊTRE POLI SI ON VEUT AVOIR CE QU’ON VEUT
L’ESCALIER QUI N’AVANÇAIT PAS, ou IL FAUT TOUJOURS ÊTRE POLI SI ON VEUT AVOIR CE QU’ON VEUT

L’ESCALIER QUI N’AVANÇAIT PAS, ou IL FAUT TOUJOURS ÊTRE POLI SI ON VEUT AVOIR CE QU’ON VEUT

LaMasquée as LaMasquée

J’étais entrée parmi les derniers. J’avais vu des quantités d’explorateurs passer devant moi, regarder, ébahis, le Cathedrhall qui dévoilaient à nos regards des quantités infinis de portes, d’escaliers, d’ascenseurs, d’arcades, de statues, de paliers. Il semblait que ce « hall » s’élevait jusqu’au ciel tellement il était haut.
J’avais vu nombre d’explorateurs choisir une porte ou un escalier arbitrairement pour commencer aussitôt l’exploration. Je décidais quant à moi de bien prendre le temps de choisir la porte que je prendrais. Je déambulai lentement dans ce Cathedrhall, fixant chaque porte avant de m’en détourner.
L’une était faite avec des os, l’autre en toile d’araignée, une autre était faite de bois vermoulu, et encore, à l’infinie… L’une arborait la croix gammée, l’autre était en métal terne recouvert de poussière et ressemblait à s’y méprendre à un coffre-fort, celle-ci avait une poignée de platine, celle-là avait une clé dans la serrure, et l’autre au fond n’était qu’une toile blanche battant au rythme d’une tempête imperceptible accrochée à deux poteaux de marbres…
La diversité me donnait le tournis.
Il y avait aussi des escaliers, des ascenseurs, des qui montaient jusqu’au plafond et d’autres qui s’arrêtaient à un palier à plus de cinquante mètres du sol. Des réseaux de passerelles semblaient venir à la seule force de minuscules filins.
Il y avait aussi des escaliers qui descendaient, bien sûr. Cependant, n’étant nullement attirée par l’idée de descendre sous terre, je préférais me concentrer sur les escaliers qui montent. Je n’était pas fana des ascenseurs non plus, étant un peu claustrophobe.

Je jetais mon dévolu sur un petit escalier en colimaçon, contre le mur, à côté de son frère majestueux et imposant. Ce petit escalier en fer me rappelait la vieille maison familiale, perchée sur une colline et entourée de vignes. On avait un peu le même genre d’escalier, là bas, ci ce n’est que le notre permettait d’accéder au grenier. C’était mon endroit préféré – enfin un lieu où mes multiples cousins/cousines/frères/sœurs tous plus petits que moi ne pourraient pas accéder. Je pouvais là haut faire ce que je voulais. Notamment lire.
Cet escalier ci ne conduisait qu’au réseau de passerelles suspendues dans le vide, mais c’était déjà bien suffisant. De là, je pourrais voir tout Cathedrhall.

Je m’avançait donc et grimpait sur la première marche en fer. Dès lors, il n’exista plus pour moi que ce petit escalier. Je montais, montais, montais, montais, montais… Je posais mon petit pied chaussée d’une bottine de cuir sur la marche supérieur puis posais l’autre pied, et encore, et encore… à l’infini. Ma robe brune, heureusement pas trop longue, me permettait de ne pas avoir à la retenir quand je levai la jambe. À un moment, épuisée, quasiment à bout de souffle, je relevais la tête pour voir si le haut était bientôt. À ma grande surprise, il me semblait être toujours au niveau du sol. Je baissais le regard et m’aperçus… que j’étais effectivement encore au niveau du sol. J’étais toujours sur la première marche de l’escalier. Ma robe traînait à moitié par terre sur le sol du Cathedrhall. Je montai une marche, pour voir… Et en baissant les yeux sur mes pieds, compris que quelque chose m’avait ramenée sur la marche précédente.
Je laissai traîner ma main sur la rambarde, et selon une vieille habitude très mauvaise, me mis à parler toute seule :
-C’est pas cool, ça…
Aussitôt, la rambarde sous ma main eut un tressaillement. Une bosse avait, une fraction de seconde, existé sous ma main.
Je m’accroupis (oui, en robe, c’est possible, je vous assure) et passais la main délicatement, comme une caresse. Aussitôt, une autre boule se forma sur ma main. Comme un chat qui se frottait contre moi.
À voix basse, pour ne pas avoir l’air de passer pour une folle, je murmurai :
-Dis, tu voudrais bien me laisser monter ?
Aucune réaction. Alors, dans un souffle, j’ajoutai :
-S’il te plaît ?
Dans la seconde, un siège en métal poussa sous mes fesses et je me retrouvai assise sur un mini ascenseur-siège. Émerveillée, je lâchai un petit rire surpris et tapotai le siège. Celui-ci se mit à monter lentement. Et bientôt, j’arrivais sans encombre sur le sol de la passerelle.
Je me levai du siège, le tapotai et soufflai :
-Merci !
Une bosse se forma sur mes doigts puis disparut en même temps que le siège. J’offrais un dernier sourire à l’escalier, une dernière caresse…

Et me tournais pour continuer mon exploration…

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