Pièce n°243
Écrite par Lutter contre le vent et rire avec la nuit
Asaria et moi, après l’expérience étrange que nous venons de vivre, nous empressons de partir loin de cette pièce étrange à la porte de fer et aux murmures multiples, indécises pourtant car ignorant si nous en éloigner ne nous priverait pas à jamais de nos parents.
Nous descendons donc l’imposant escalier de glace. Mais, alors qu’en venant, nous avons traversé la fragile passerelle de verre qui se présente à nouveau à nos yeux, nous nous dirigeons à présent vers un couloir que nous venons de remarquer, dans la roche.
Nous pénétrons dans ledit couloir. Ma sœur avec nonchalance. Moi avec quelqu’appréhension…
Un florilège de senteurs nous y accueille. Un déluge de plumes et de couleurs s’y déverse, à profusion. Les murs d’or semblent onduler au rythme d’un adagio inaudible.
L’envie de danser à en perdre le souffle me prend. Ma sœur, elle, s’endort, comme bercée par de doux songes éveillés. Je la rattrape alors que sa chute gracieuse est sur le point de s’achever en une corolle de vêtements dorés. Elle soupire doucement. Dans mes bras, ce petit ange poursuit son sommeil profond et tranquille. Et je commence une valse…
Je me rie de la pesanteur, effectuant de rapides pas de danse, esquisses légères et éphémères, portant avec insouciance ce petit cœur contre le mien. Je m’étourdie, de ce vertige qu’est le bonheur.
Je m’enivre de désir de vivre.
Et puis, mon corps comme mon esprit, s’engourdissent…
Où suis-je ? Et ma sœur ? Non, je veux dormir… Plus tard…
Une lumière aveuglante, d’un intensité insoutenable. Un réveil en sursaut. Tourbillons de peurs, battements désordonnés de mon cœur.
Un lieu blanc. Immaculé.
Où est ma sœur ?
Où suis-je ?
Où suis-je ?
Où suis-je ?
Désert de solitude qui s’ouvre comme un gouffre en mon âme.
J’aperçois le couloir, brèche fine sur le sol… Qui se résorbe…