Aqua as Aqua
Encore chancelantes après avoir franchi l’immense gouffre sur une simple lame (voir le dernier com’ de Titelilou), nous passâmes sous une herse aux barreaux de fer très pointus. L’épée n’avait été qu’un prélude au domaine des chevaliers ! Nous avançâmes de quelques pas. La pièce était rectangulaire, très allongée, et avait des murs de pierre. Des chandeliers y étaient accrochés, jetant sur le sol pavé des ombres sinistres.
Derrière nous, la herse commença à se refermer dans un long grincement. Je crus entendre de l’écho, au loin. Curieux… oui, il y avait bien un autre grincement.
-Viiiite, dépêchez-vouuuuus !!!
Nous sursautâmes. À l’autre bout de la salle, à une vingtaine de mètres, quelqu’un nous faisait signe. Une personne vêtue d’une armure. Sans réfléchir, je me mis à courir dans sa direction, la princesse à mes côtés.
-La herse va se refermer et vous ne pourrez plus passer !!!
J’écarquillai les yeux. En effet, une herse semblable à celle que nous venions de passer barrait la sortie. Mais seulement de moitié, elle était en train de se refermer ! Et si nous ne parvenions pas à la franchir… alors nous resterions coincées !
Essoufflée, j’accélérai encore. La princesse se prit les pieds dans les lambeaux de sa belle robe, et s’effondra sur le sol. Je m’arrêtai brusquement. Il restait moins d’un mètre et demi entre la herse et le sol. Soit quelques secondes tout au plus.
Je n’hésitai pas. Je relevai brusquement la princesse en larmes et recommençai à courir en l’entraînant par la main.
-Baissez-vous !!! cria l’inconnu.
Obtempérant, nous nous pliâmes en deux sans stopper notre course. Encore deux mètres… un… cinquante centimètres… En passant sous la seconde herse, je la sentis me frôler le dos. Une seconde plus tard, elle claquait sèchement sur le sol. Nous l’avions échappé belle !
Nous nous effondrâmes à terre, nos cœurs battant la chamade.
-Les deux herses ne s’ouvrent que lorsqu’une nouvelle personne arrive, expliqua l’homme en armure. Et si on ne va pas assez vite, on reste coincé. Cela faisait cinq ans que j’attendais le passage d’un aventurier. Je suis bien content que vos pas vous aient menées ici !
Incapable de parler, je hochai doucement la tête.
-Bon, ce n’est pas tout ça, mais moi, il faut que j’y aille. Je dois absolument participer à un tournoi qui a lieu à l’étage supérieur. Heureusement que j’étais parti en avance.
Sur ces mots, il partit d’un pas vif par une porte située sur notre droite, sans se retourner. Quelques minutes s’écoulèrent dans un profond silence, puis nous nous relevâmes en tremblotant légèrement.
-Mer… merci, balbutia la princesse. Et si…
Un hurlement retentit soudain. Il venait de la pièce dans laquelle venait d’entrer de chevalier.
-Et si nous prenions la porte de gauche ? suggéra Titelilou.
J’acquiesçai. Il n’y avait de toute façon aucun autre choix.
