Pièce n°1091
la feuille qui tournoie dans le vent as la feuille qui tournoie dans le vent
Je suis rentrée, lentement, avec appréhension, dans cette pièce dont la porte était couverte d’inscriptions et d’avertissements, tracées au couteau, semblait-il. « N’entre pas ! » semblaient-elles me supplier. Mais je n’avais pas d’autre choix, la Garde était à mes trousses. Ma main tremblante s’approcha de la poignée. Avec un hurlement, j’entrai, fermant les yeux de toutes les forces, me préparant à ce qui allaita arriver. La porte claqua derrière moi, avec un bruit sourd.. et lointain… Je tentai de me retourner pour l’apercevoir mais ne parvins qu’à aller plus de l’avant.Je flottais dans une sorte d’apesanteur; la pièce autour de moi était constituée d’une matière molle et flasque, comme si j’étais fixée dans de la gelée. Je me préparait au manque d’air qui allait forcément survenir; pourtant, rien n’arriva…J’attendis ce qui me sembla de longues heures, à tenter de me mouvoir, mais je restais à ma place. Au bout d’un moment, désespérée, je laissai mes muscles se relâcher, ils ne me servaient à rien ici. À ce moment précis, je fus bringuebalée dans tous les sens dans la pièce, tournoyant furieusement telle une toupie. Dans mon mouvement incessant, j’aperçus une porte passer. je tendis la main vers elle-effort parfaitement inutile-et je la regardai, impuissante, s’éloigner.. Une lumière s’alluma dans mon esprit. « Et si… »Mon esprit scientifique tenta immédiatement de faire jour sur cette hypothèse et je pensai, de toutes mes forces, à ne pas rejoindre la porte. Je réussis, à force d’efforts, à m’en convaincre moi-même. Tout à coup, comme dans un rêve, la porte fut là, à portée de main. Me contenant pour n’esquisser aucun geste, je souhaitai simplement qu’elle ne s’ouvre pas…et le miracle arriva. Elle s’ouvrit dans un bruissement doux. Je fus projetée au dehors, encore couverte de cette gelée immonde. En me retournant, je vis que les inscriptions sur la porte qui s’était refermée étaient identiques à celles que j’avais vues. j’avisai alors un couteau posé à coté de l’entrée; je m’en emparai, et, lentement, gravai: « Que celui qui entre prenne garde, car ceci est la pièce Contraire ».