Orgonn
« Il est dur de meurtrir sa chaire, comme il l’est de faire souffrir ceux qui nous sont cher et qui sont toujours là, même quand on trahit, même quand on n’est plus qu’une loque et qui te tirent de l’oubli, de la mort par la non-existence. Comme il est dur pour un frère d’abandonner , pire, d’enlever sa sœur… »
Le chant du cœur de celui qui souffre résonne dans tout mon corps. Voilà un mois, peut-être deux, que je végète dans la chambre contiguë à la cellule de celle qui fut ma sœur, Plitza. Le Maitre a récompensé mon dévouement, il m’a intégré dans ses rangs mais je n’avais plus le choix, le crime que j’ai commis est trop grand, je ne peux plus chercher le pardon des miens, juste la reconnaissance du Maitre, il m’a emprisonné dans un carcan de solitude, de regrets et de servitude. Lui seul me protège de la colère et de la vengeance des miens, je lui doit tout, l’espoir de devenir quelqu’un à ses côtés et la haine de ma personne qui me ronge chaque jour davantage. Ma chambre d’Initiés est circulaire, sombre et grise, pleine de poussière et maculée du sang des torturés, pleine de cris et de souffrances qui me régénèrent quand je ne crois plus en l’action du Maitre car un être qui lutte depuis si longtemps pour sa cause à forcément bon fond, n’est ce pas ? La prisonnière dont je m’occupe, Plitza, montre des résultats depuis l’inoculation du sérum et le Maitre est persuadé qu’elle arrivera bientôt à sa phase finale mais je sais aussi que son traitement la ronge de plus en plus et chaque jour elle me supplie de la sauver. Qui suis-je pour connaître un tel dilemme ? Quel dramaturge tire les ficelles de mon existence ? Que dois-je suivre ? L’amour ou la raison qui me fait croire à l’action du Maitre, la promesse qu’un jour je serais avec lui quand le monde sera à ses pieds ?
Autrice : Shvimwa, sous le pseudo « Shvimwa »