Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE OBSCURITAS
LA PIÈCE OBSCURITAS

LA PIÈCE OBSCURITAS

Je me réveille peu à peu, reprenant lentement mes sens. Je sens de nouveau mes doigts engourdis par le froid, ainsi que mes pieds ankylosés.
Je remue faiblement les paupières. Mes cils gelés m’empêchent d’accomplir ce geste. Je sens mes vêtements trempés, coller contre ma peau froide. Je suis allongée sur le côté, recroquevillée en position fœtus.
La pièce est gelée aussi. Noire, totalement, aucune source de lumière, à part mon pendentif, ce présent de mon maître. La flamme qui l’anime semble ne jamais s’éteindre, et ce bijou est la seule source de chaleur de la pièce.
Je m’assoupis, grelottant de froid.

Je me réveille quelques heures plus tard, dans cette pièce toujours aussi froide et noire. Je peux bouger cette fois ci, et je me relève péniblement. Je vois alors, une silhouette, à côté de moi. Immanuel ! Je suis soulagée de le savoir ici. Je tombe à ses côtés, et murmure son nom. Il ne répond rien. Aussitôt, un doute travers mon esprit. Et si ? Je touche sa poitrine. Le prophète est gelé, et son cœur ne bat plus. Il est mort.
-Non…
Je m’effondre sur le corps du mort. Mes larmes coulent à flot. Immanuel ! Je sens mes larmes, déjà gelées, avant même de quitter mon visage, et se briser sur la poitrine du prophète. Ma tristesse est incomparable. Je ne peux plus me relever. Je saisis sa main gelée, et la caresse doucement. Rapidement trempée, celle ci me blesse. Le froid me brûle. Je sens mon pendentif devenir de plus en plus chaud. C’est moi qui dois être de plus en plus froide.
Je n’ai même plus la force de me relever. Cette aventure se finira ici. J’aurai visité 28 pièces. C’est tout. Je finirai ma courte vie dans cette pièce. La flamme d’espoir de mon collier est trop faible, et risque de s’éteindre peu à peu. Mon pendentif me brûle. Sa chaleur est intenable. Je le décolle de ma peau pâle, et il touche celle d’Immanuel, bien que le collier soit encore accroché à mon cou. Je m’effondre. Ma tête collée à la poitrine du prophète. Je n’en ai plus pour très longtemps. C’est un choix. Je me porterai la mort, pour ne plus souffrir du froid, et de la mort de l’homme que j’aime. Tout est fini.

Je me laisse bercer par les battements de mon cœur qui ralentissent, transpercés par le froid, eux aussi. J’entends alors un autre tambour, contre ma tête. Un autre battement, presque palpable. Immanuel ! Je me relève, et le regarde, bien que ce ne soit pas facile dans le noir. Il ouvre finalement les yeux, et murmure de sa voix caressante :
-Amayelle… Pourquoi pleurs tu ?
-Tu es mort !
-Je l’étais. Mon dieu m’a ressuscité. Tant que je transmet sa parole il me protège.
-De quoi es tu mort ?
-De froid. Je n’avais pas de pendentif pour réchauffer ma poitrine. Mon cœur a gelé, tout simplement.
-Je ne pensais pas que le pendentif pouvait me sauver…
-Ton maitre te l’a transmit pour qu’il remplisse cette fonction.
Je caresse doucement l’objet. Simple, mais beau. Une pierre bleue pâle, et lisse. Une flamme, toujours ravivée, éternelle à l’intérieur. Une pierre de Lune magique. Ce bijou est magnifique. Seul présent de mon maitre.
-Comment t’es tu évanouis ?
-J’ai heurté un iceberg !
Je frappe sa poitrine. Je ne sais pas ce qu’est un iceberg, mais vu son ton moqueur, il se fichait de moi.
Immanuel saisit ma main, et nous nous relevons péniblement, encore engourdis par le froid. Puis, guidée par mes sens surnaturels, je nous dirige vers une porte invisible, dans la pénombre totale qui nous entoure. La morsure du froid de la poignée me fait frissonner.
Immanuel me pousse doucement dans l’embrasure de la porte. Il m’embrasse. Premier baiser gelé.

Autrice : Jécrivaine, sous le pseudo « Jécrivaine »

Ce texte s’apparente à une fanfiction. Certains de ses éléments sont relatifs à l’univers de la série Les Chevaliers d’Emeraude, écrite par Anne Robillard.
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