Alors que je passe la porte, je me retourne en sentant la chaleur sur mon visage. Je suis dans une pièce où des flammes montent jusqu’au plafond à intervalle régulier. Le feu crépite et j’ai peur, ma gorge s’assèche mais je sais qu’il est inutile de chercher dans mon sac car je n’ai plus d’eau ou de nourriture. Et je suis si fatiguée, je ne me souviens plus de la dernière fois où j’ai dormi. Cela doit remonter à plusieurs jours, je perds la notion du temps. La solitude commence à me peser mais je ne peux revenir en arrière. Je tente d’évaluer le nombre de pièces que j’ai traversé mais j’en suis incapable. Le bain que je viens de prendre me fait prendre conscience de tout le confort moderne auquel j’ai renoncé pour cette quête qui me semble sans fin. Et je me rend compte que je n’ai pas songé à laver mes vêtements dans la salle de bain, j’hésite à revenir sur mes pas mais lorsque j’ai souhaité me lancer dans cette aventure, je me suis juré de ne jamais revenir sur mes pas et d’avancer encore et encore coûte que coûte. Alors j’avance pas à pas, je marche entre les foyers. Je vois les flammes hautes, mouvantes et dangereuses me frôler à plusieurs reprises. Avec précaution, j’avance un pied après l’autre.
Ma gorge s’assèche sous l’effet de la fournaise ambiante et je sens la peau de mon visage et de mes bras s’échauffer. A tâtons, je cherche mon sac et j’empoigne la lanière lorsque je me fais la réflexion que je me mets en danger. Et si le sac décrit une trajectoire aléatoire lorsque je l’empoigne ? S’il prend feu ? Je risque de me brûler sans rien pour me soigner et si le sac prend feu, je risque la mort purement et simplement. Sans eau, sans nourriture, sans vêtements, sans outils, comment survivre. J’hésite et je mets mes bras au-dessus de ma tête pour protéger mon sac à dos des flammes. Il est lourd et son équilibre est précaire, je sais que s’il bascule, il risque de tomber dans les flammes. Je tente d’entrevoir la porte mais la chaleur trouble ma vision.
– Avance ! Droit devant, c’est tout !
J’observe autour de moi ; peut-être aurais-je dû suivre les murs, tout simplement ? Les flammes ne doivent pas venir lécher la pierre ? En effet, je me rends compte qu’il y existe un petit espace entre les flammes et les murs. Petit mais j’aurais été plus en sécurité. J’hésite à rejoindre le mur et je mesure la distance qu’il me reste à parcourir. Je suis à la moitié de la pièce et il serait stupide de ma part de rejoindre un mur. Aussi, je décide de continuer droit devant moi. La chaleur me brûle les yeux et je ferme mes paupières un instant ; des larmes viennent humidifier mes yeux asséchés et je les rouvre pour continuer. Enfin, un pas après l’autre, je traverse la pièce ; fébrile, j’ouvre mon sac en même temps que la porte suivante : je n’ai plus ni eau ni nourriture.
Auteur : Rozennwyn-Sìne sous le pseudo « Rozennwyn-Sìne »