Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE OÙ JE ME REPOSAI
LA PIÈCE OÙ JE ME REPOSAI

LA PIÈCE OÙ JE ME REPOSAI

Enfant des mers as Enfant des mers

Je sortais de la salle bouleversé ; j’étais encore sous le choc. Je n’arrivais tout simplement pas à imaginer que le Château avait un fils, c’était juste… Incroyable ! Et les paroles du petit trottèrent dans ma tête pendant un bon bout de temps. Et ses pleurs qui m’avaient brisés le cœur. Il semblait si fragile, et pourtant il était courageux, ça se voyait.

Je regardai autour de moi. Des magazines étaient éparpillés sur le sol, recouvraient le plafond et décoraient les murs. Un vieux pull usé était posé sur une chaise et un grand fauteuil trônait au centre de la pièce. Un bureau avait été poussé contre le mur, à côté d’une grande étagère remplis de livres de toutes sortes. Un panier en osier était caché derrière des rideaux aux motifs « vintage » ; quelques poils en tapissait la couverture.
Je fis un tour sur moi-même, étonnée. Rien ? Pas même un seul truc qui fait peur ? Pas une trace de sang ? Et bien. Ça faisait longtemps que je n’étais pas atterrie dans une pièce aussi calme !

J’en profitais pour m’assoir un peu. Je posai mon arc et mon carquois à côté de moi, de façon à ce qu’ils ne me gênent pas. Je pris ma gourde et bus quelques gorgées d’eau, ainsi qu’un sandwich au jambon –un rare privilège de nos jours–.

Merlin (mon milan) vint se percher sur mon épaule, et je sentis une douleur se propager tout le long de mon bras : j’avais oubliée de remettre une protection. Je lui fis signe de venir sur mon poing, plutôt que mon épaule, parce que les griffes d’un rapaces font vraiment, vraiment très mal. Je cherchai des yeux un perchoir, et me dis que l’accoudoir du fauteuil lui irait parfaitement, et dès que la pensée m’effleura, il prit son envol. Je souris. Mes liens avec mes rapaces sont parfois très difficiles à comprendre, mais de toute façon, qui veut essayer de comprendre ? Pas moi en tout cas.

Je pris mon temps. Je refis ma natte, qui s’était défaite lors de mes différentes visites de pièces. Je traînai un peu. Mes doigts tracèrent des dessins invisibles dans l’air. Je fredonnai une mélodie de mon passé. Je me coupai les ongles. Ces gestes pourtant si simple, qui autrefois faisait partis de mon quotidien, me manquaient. Bizarre, non ? C’était un peu comme tout, j’imagine : je rêvai de pouvoir sentir le souffle du vent, de voir les courants d’airs, de me laisser porter par les blizzards déchaînés de mes montagnes. Je voulais goûter au sel de la mer encore une fois. Je voulais entendre les nuages glisser dans le ciel azuré, revoir l’aurore boréale de la banquise.

Mouais. La nostalgie, c’est jamais très bon pour la santé.

Je partis de la salle.

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