Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE VIDE
LA PIÈCE VIDE

LA PIÈCE VIDE

Calliope as Calliope

J’arrivais dans une pièce dénuée de tout artifice. Je me retournais, dos au mur, et me retrouvais face à l’Illusionniste qui me suivait de près. Ses pas claquaient plus lourdement sur le sol, signe d’un début de fatigue, mais il n’en restait pas moins horriblement effrayant.
– Tu as fini par arrêter de cavaler, couarde…
Instinctivement, je plaçais ma main gauche devant mon visage, en guise de protection. J’avais conscience d’être ridicule, certes, mais je ne voyais pas comment venir à bout de l’Illusionniste.
J’ai bien entendu ?! Tu ne vois pas comment en venir à bout ?
Je sursautais en reconnaissant la voix. La silhouette de brume ! Comment était-ce possible ?
Je fais à présent partie intégrante de toi, Calliope…
Ah. Merveilleux. Et savait-elle comment venir à bout de l’Illusionniste ? Aussitôt cette pensée formulée, la réponse me parvint en ces termes :
Pauvre fille ! Es-tu donc obtuse au point de ne plus te rappeler la force que je t’ai offerte ?
– Ça me revient, maintenant… Balbutiai-je soudainement.
Et ça s’activait comment, cette force ?
Elle ne s’active pas, idiote. Elle fait partie de toi, elle comme moi.
Pendant que je me posais cette flopée de question, mon belligérant, lui avait décidé de passer à l’attaque. Trop concentrée dans mes sombres élucubrations, je ne le vis pas prendre son élan…
Mais je me sentis toutefois violemment projetée contre le mur. Je sentis l’os mon bras, coincé entre mon corps et la cloison, se rompre brusquement.
Agenouillée au sol, je pressais contre moi mon bras invalide, une sourde envie de pleurer m’étreignant la poitrine.
Mais pour la première fois, je ne laissais pas les sanglots rouler le long de mes joues. Je relevais la tête, les lèvres serrées en un rictus sévère et mon regard plus froid que celui d’un cobra. Je lâchais mon bras cassé et essuyais le sang qui perlait d’une ancienne blessure à la joue qui s’était rouverte sous le choc. Je vis l’Illusionniste reculer, la peur se lisant sur son visage. Je soufflais :
– Si j’étais toi, je n’aurais pas fait ça…
La terreur suintait de tous les pores de sa peau. Je ne réalisais même pas que c’était moi qui lui provoquais cet effroi. Il n’osait plus bouger d’un doigt, et seul son regard restait braqué sur moi.
Je me relevais. Il n’eut pas le temps de faire un geste avant que je bondisse et que je lui enfonce mon coude valide dans l’estomac. Il tomba à genoux en hurlant. Je me penchais vers lui et parachevais l’ouvrage en lui décochant mon poing dans la gorge.
Il s’effondra sur le sol et je reculais, effarée, en contemplant mon œuvre. Je balayais du revers de la main une mèche de cheveux trempée de sueur qui me barrait la vue.
Qu’avais-je fait ?
Je tournais les talons et courus hors de la pièce.

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