Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
L’ANTRE DU DOMINATEUR
L’ANTRE DU DOMINATEUR

L’ANTRE DU DOMINATEUR

Miss Lovegood as Miss Lovegood

L’antre du Dominateur ressemblait plutôt à une petite ville qu’à une véritable pièce. Partout autour de moi, des gens marchaient, s’activaient, entraient dans un immeuble ou attendaient un bus. Des gigantesques immeubles s’élevaient, la circulation était très dense et des coups de Klaxons retentissaient en continue. Je n’avais jamais vu autant de monde et de constructions dans une pièce.

-Dépêche-toi ! m’ordonna le chef

Trop absorbé dans ma contemplation, je n’avais pas remarqué que les hommes avaient continué d’avancer. Je courrai pour les rattraper.

-La machine est bien dans la rue Vicourta ?

-Oui. Il suffit juste de continuer tout droit et on est arrivés !

Mon cœur battit la chamade. Cette histoire de machine m’était complètement sortie de la tête. Les hommes pressèrent le pas ; je les suivis tout en cherchant un moyen pour éviter cet instrument diabolique.

-C’est ici ! s’exclama un des deux hommes

Nous étions arrivés devant une très haute maison beige aux volets verts. Un écriteau était accroché contre le mur et l’on pouvait y lire «La Maison aux Esprits». Le chef sonna ; quelque seconde plus tard, une dame ouvrit la porte et demanda :

-C’est pour une séparation ou pour détruire un esprit ?

-Une destruction, mon amie, répondit le chef radieux, et voici l’esprit en question !

La dame m’observa brièvement, puis nous fit entrer. Nous montâmes au deuxième étage puis nous séparâmes.

-Toi, me dit-elle, tu entres dans cette pièce et tu t’allonges sur la table blanche. Pendant ce temps, je vais aller chercher le matériel nécessaire.
Vous deux -elle désigna les hommes en cape- vous pouvez patienter dans la salle d’attente. Je vous appellerai lorsque la destruction sera terminée.

J’ouvris alors la porte et m’engouffrai dans la pièce. Elle était assez petite et sombre. Il n’y avait aucun meuble, à part une table blanche au centre. Je m’approchai d’elle, soulevai la porte, m’allongeai comme me l’avait demandé la dame et abaissai la coque vitrée. J’attendis patiemment. Au bout d’un moment, je commençai à m’impatienter, je remuai dans mon cocon de verre. Que se passait-il ? Je me levai et sortis de la pièce. J’avançai sur la pointe des pieds, le plus silencieusement possible. La porte d’entrée n’était plus qu’à quelques mètres de moi.

-L’esprit s’enfui ! hurla une voix que je reconnu aussitôt

Je détalai à toute vitesse, actionnai la poignée et sortis en courant. Un bus arriva pile à ce moment-là. Je montai dedans et m’assis à côté d’une jeune fille qui écoutait de la musique. Le bis s’arrêta plusieurs fois, mais je ne descendis pas, pour mettre le plus de distance possible entre la machine et moi. La voix électronique annonça alors le terminus. Tout le monde sortit. Comme je ne savais pas où aller, je suivis la fille aux écouteurs. Je marchai tranquillement derrière elle, quand deux mains attrapèrent mes bras et les ligotèrent dans mon dos. Je me retournai vivement, pour voir mon agresseur.

-Je suis un policier. Que faites-vous ici ? me demanda-t-il, vous vous êtes échappé de la Maison aux Esprits ?

-Absolument pas, mentis-je, je ne sais vraiment pas de quoi vous parlez.

-Tu as de la chance que je ne puisse pas t’y emmener, elle n’est pas dans mon secteur de garde. Mais ce n’est pas bien grave, tu vas aller en prison et demain, tu seras transféré à la Maison.

Nous traversâmes de nouveau la rue, passâmes devant l’arrêt de bus et entrâmes dans un bâtiment bleu. Le policier dit quelque chose à la secrétaire puis appela l’ascenseur. Nous descendîmes au sous-sol. Le policier m’enferma dans un cachot. La pièce était plongée dans l’obscurité. Je frissonnai ; il faisait terriblement froid et les murs étaient très humides.

-Il y a quelqu’un ? demanda une voix

-Il y a quelqu’un ? répétai-je

-Oui ! Oh, je ne suis plus seul ! s’exclama la voix, qui êtes-vous ?

-Je suis Esprit. Je devrai déjà être mort mais j’ai réussi à m’échapper de la maison de destruction.

-Un esprit vagabond ? Oh, mais c’est fantastique ! Vous êtes séparé de votre corps depuis longtemps ?

-Ça fait un an.

-Oh non… je n’y crois pas… seriez-vous l’esprit d’Amélie ?

-Vous la connaissez ?

-Bien sûr. Elle va être si contente de vous voir enfin ! Mais c’est tellement dommage que ce policier vous ait remarqué… vous lui avez dit que vous étiez l’esprit d’Amélie ?

-Non, pourquoi ? J’aurais dû le faire ?

-Au contraire, c’est une excellente nouvelle ! Je suis tout émoustillé ! Il faut absolument qu’on sorte de cet endroit pour aller la retrouver !

-Mais comment me connaissez-vous au fait ? Et qui êtes-vous ? Vous ne vous êtes pas présenté, dis-je

-C’est elle qui m’a parlé de vous, bien sûr ! Je m’appelle Oscar et je travaillais autrefois dans la Maison aux Esprits. Un jour, j’ai refusé de détruire un esprit : je me suis rebellé contre cette pratique abominable. On m’a immédiatement jeté en prison. Mais trêve de bavardage, nous devons sortir d’ici pour aller la rejoindre !

Pendant plusieurs jours, nous préparâmes notre évasion. À vrai dire, Oscar y avait déjà réfléchi avant mon arrivée. Nous décidâmes donc de s’échapper au petit matin : à huit heures, un des gardes nous apporta une tasse de thé, comme chaque jour. Oscar et moi avions grimpé au-dessus de la porte d’entrée quelques minutes avant son arrivée. Le garde entra et laissa la porte ouverte derrière lui. Aussitôt, nous sautâmes et sortîmes de la pièce en courant. Oscar appela l’ascenseur. Nous montâmes au rez-de-chaussée puis traversâmes le hall d’entrée à quatre pattes pour que la secrétaire ne puisse pas nous voir.

-On a réussi ! s’exclama-t-il

Je vis pour la toute première fois Oscar et ne ressemblait pas du tout à celui que j’imaginais. Il était blond alors que je le voyais brun, mesurait un mètre tout au plus et était vêtu d’une blouse blanche toute tachée. Son visage était recouvert d’une grosse paire de lunettes d’aviateur.

-On fait quoi ensuite ? demandai-je

-Elle est dans la maison du Château. Je connais un moyen très simple pour y aller. Tous les matins, un camion part d’ici et roule jusqu’à la résidence du Château. Demain, on a juste à se glisser discrètement dans le véhicule et c’est réglé !

-Ok. Le camion part d’où exactement ? Parce que c’est plutôt grand, l’antre du Dominateur. Et puis, il ne faudrait essayer de ne pas trop se rapprocher de la Maison aux Esprits.

-Ne t’inquiète pas, le camion part du parking de bus.

Nous passâmes la nuit dans un petit hangar, presque moins confortable que la cellule de prison. Je ne parvins pas à m’endormir immédiatement. Amélie envahissait mes pensées. Plus que quelques heures, quelques heures avant de la retrouver enfin ! J’étais persuadé qu’elle allait verser quelques larmes de joie en me revoyant.

-Esprit ! Réveille-toi ! Réveille-toi ! Vite ! Le camion va bientôt arriver !

Je me levai en sursaut.

-Enfin ! Dépêche-toi, le camion est là !

Nous courûmes et arrivâmes au parking. Le véhicule démarra alors que nous n’étions pas encore entrés. Nous parvînmes tout de même à s’accrocher à l’arrière du camion. Oscar monta sur le toit du véhicule, je le rejoignis et nous nous allongeâmes sur le dos, pour regarder le ciel.

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