Ewen as Ewen
Depuis mon entrée dans l’étrange château, j’avais la douce sensation d’avoir grandi et mûri. Rencontrer Anak’rai avait, je crois, confirmé mes impressions : mon destin était celui d’un aventurier, pas celui d’un gars normal qui fait des études, qui travaille et qui meure. Non, je devais accomplir quelques actions exceptionnelles qui ferait de moi une personne connue, aimée par ses amis et redoutée par ses ennemis. En fin de compte, je ne cherchais que la reconnaissance. Mais était-ce la seule raison pour laquelle j’avais commencé cette aventure folle ? Je ne savais pas, cette question restait encore sans réponse pour moi…
Enfin bref, revenons à la pièce. A peine la porte fut-elle poussée, qu’un puissant vent chaud ébouriffa mes courts cheveux bruns. Mes yeux mirent un certain temps à s’habituer de la présence de la grosse bille jaune, à son zénith dans le ciel dénué de nuages. Le sol était de sable, et les mûrs semblaient inexistant. En face de moi, il y avait un long chemin sinueux, bordé de chaque côté de dunes, décorées par de petits cactus verts et jaunes. Le chemin se terminait juste devant une immense montagne rouge – d’où la couleur de la porte – et sa présence était aussi improbable que le petit point d’eau à ma gauche, dans ce paysage désertique et abandonné. Pour vous donner une idée des distances, il devait y avoir une soixantaine de mètres entre moi et le point d’eau et une demie douzaine de kilomètres avec l’étrange montagne. Car elle était étrange ! Que pouvait bien faire une montagne dans un désert? Si encore elle était recouverte d’une épaisse couche de sable, comme toutes les autres dunes, elle pourrait passer presque inaperçue ici, mais non, il avait fallu que le Château la fasse rouge. Dans cette pièce, elle aurait certainement une importance, et je désespérai déjà à la simple pensée de devoir la gravir…
Je cherchai de tous côtés une porte, mais je n’en voyais pas. Je décidai alors de m’avancer vers le pied de la montagne et, une fois parvenu à cet endroit, je prendrai une décision. Quelques minutes plus tard, je remarquai que j’avais faim, soif, et fatigué.. Je revins en arrière, et bus à longues gorgées dans le point d’eau, desséchant alors mon gosier assoiffé. Je pris le dernier gâteau qui restait dans mon sac à dos et, ignorant ma fatigue, reprit ma marche.
J’avançais dans le désert à un bon rythme, et la montagne se rapprochait de plus en plus. Je parvenais maintenant à distinguer, avec des centaines et des centaines de marches d’escaliers, qui contournaient les pentes raides, une large plateforme, au sommet, avec une porte à son extrémité septentrionale.
Le courage ne me manqua pas lorsque je commençais à gravir les marches, une à une, à une vitesse largement inférieure à celle que j’avais précédemment. Il n’empêche qu’au bout de 42 minutes, je sentais enfin la dernière marches sous mes pieds. Je pris une large respiration, m’avança jusqu’au bout de la plateforme en marbre gris, et ouvrit les portes.
C’est alors que je m’évanouis.