Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE OÙ JE SUIS COINCÉE DANS UN TROU TRÈS PROFOND ET TRÈS ÉTROIT OU LA PIÈCE OÙ JE ME VOIS MOURIR MAIS OÙ JE NE MEURS PAS
LA PIÈCE OÙ JE SUIS COINCÉE DANS UN TROU TRÈS PROFOND ET TRÈS ÉTROIT OU LA PIÈCE OÙ JE ME VOIS MOURIR MAIS OÙ JE NE MEURS PAS

LA PIÈCE OÙ JE SUIS COINCÉE DANS UN TROU TRÈS PROFOND ET TRÈS ÉTROIT OU LA PIÈCE OÙ JE ME VOIS MOURIR MAIS OÙ JE NE MEURS PAS

le champignon fluorescent à pois jaunes as le champignon fluorescent à pois jaunes (ressuscitons le tribunal !!!)

Je lève la tête avec difficulté. Je suis encore toute endolori de ma chute. Chaque mouvement s’effectue au prix d’une douleur immense. Je vois floue, ma tête tourne. Je ferme les yeux et me laisse tomber sur la pierre. Je suis bien consciente que le Château est l’ennemi de tout ceux qui l’explore et qu’il est près à tout pour s’en débarrasser. J’ai l’impression qu’il a décidé de m’éliminer en me faisant tomber. J’ai parcouru a peine dix pièces mais j’ai déjà fendu l’air d’un étage à l’autre deux ou trois fois. Cette réflexion me rappelle les récents événements. Où est le fantôme ? Est-elle encore là ? Lentement, j’ouvre les yeux et me relève. Mes jambes semblent ne plus me porter, j’ai l’impression d’être entrain de tomber. Je revis ma chute. Je sens l’air froid qui me repousse. J’entends le rire du fantôme. Je ressens tout. Ma main qui se cogne à la roche, le tiraillement qui traverse mon bras. Mon corps qui bascule dans le vide. Mes efforts désespérés pour me raccrocher. Mes ongles qui se brisent sur la pierre. Le cri de terreur inaudible qui résonne en moi-même à l’instant où plus rien ne me retient. Tout mon être, tout ce que je suis tombe, sans interruption, vers ma mort. Puis la fin. Mon corps qui rencontre le sol. D’abord mon dos. Le choc me paralyse. Puis mes jambes. Ma tête qui tape. Mes bras qui tombent comme au ralenti. Mon dernier sursaut se répandant tel une onde de choc. Mon buste puis mes jambes qui décollent, emportés. Ma bouche qui s’ouvre, laisser s’échapper un filet de sang ; mes yeux qui se ferment. Mes pieds qui retombent mollement. Fin du spectacle, fermez les rideaux. Pourtant… Je ne suis pas tout à fait morte. Je pense encore, tout au fond de moi. Une étincelle de vis, plus puissante que n’importe quel remède. Je ne ressens rien, je vis, évanouie. Puis le retour à la conscience. Mon âme qui se réveille, comme si j’émergeais de cents ans de sommeille. Mes yeux s’ouvrent. Je regarde. Rien. J’écoute. Silence. Je tente de bouger. Cela m’est impossible. Je sens la vie s’échapper de moi comme d’un tonneau percé. Non… Je n’entends même plus mes propres gémissements. Je meurs, sans aucun doute. Pas de sang, pas de cri, juste des larmes. Je pleurs. Je pleurs car j’ai peur. Peur de ce que je ne comprends pas. Comment puis-je mourrir ainsi alors que j’ai survécu à la chute ? Une hypothèse se forme dans mon esprit. Non, c’est trop horrible. Je ne veux pas y croire. Et pourtant… Je dois l’accepter. C’est la vérité. Je n’ai pas survécu, c’était un rêve, un simple mirage. À l’instant où je meurs, je pense a ce fantôme. Mes pleurs redoublent, bientôt atténué par le coma dans lequel je coule. Je ressens un sentiment d’apaisement total. Je veux ouvrir les yeux, me lever, et chanter ma joie d’être encore en vie. Je n’en ai pas le temps. Je sombre dans le noir.

-Wouhou ! Fais pas la morte, je sais parfaitement que tu es en vie.

Brouillard. Je suis dans les vapes. Je ne vois rien, à part des nuages. Qui suis-je ?

-Je n’ai pas toute la nuit pour te réveiller alors fais un effort.

Quelle est cette vois ? Le brume s’envole. Je ne veux pas me réveiller.

-Bon, là ça suffit. Dépêche toi.

Où suis-je ? Mais… Ne suis-je pas morte ? J’ouvre les yeux.

-Enfin !

Je vois des reflets coloré en lévitation. Elle est là.

-Avant que tu ne me demande ce qu’il s’est passé, je vais te le dire. Tu es morte mais pas complètement. Tu es tombée, je n’ai pas pu te rattraper, mais j’ai essayé, je te le promet.

Menteuse. C’est une menteuse.

-J’ai tout de même réussi à faire quelque chose… Mais pas comme il le fallait. Normalement, tu aurais dû te relever sans dommage et vivre normalement durant une semaine, avant que les blessures de ta chute n’apparaissent, ce qui est suffisant pour te sauver d’une autre manière plus complexe. Mais j’ai mal visé. Tu t’es relevé, un peu étourdie. Puis tu es retombée et tu es morte.
-C’est tout ?
-Certes, la manière dont j’annonce ta mort n’est peut-être pas délicate, mais ce n’est pas grave, car tu vis.
-Attends… Je suis morte mais je vis… Euh…
-En clair, tu allais mourrir dans moins d’une seconde quand je t’ai ressuscité.
-Ah… Mais je suis pas tout à fait morte donc on ne peut pas parler de…
-Ça fait bizarre de l’apprendre comme ça, n’est-ce pas ?
-Hum… Oui. Tu as des pouvoirs magiques ?
-Hein ?
-Je ne suis pas stupide. Tu fais »un truc » pour me sauver… Un sort, je n’en doute pas. Tu me ressuscite, idem ; tu ouvres les portes à distance, tu deviens invisible quand cela te chante, tu me glaces le sang, littéralement.

Silence… Elle est reparti. Bon… J’y crois moyen à son histoire, mais ça me plais, comme explication. Je ferais mieux de regarder où je suis. Je me rends soudainement compte que tout cela ne tient pas debout car je suis tombée allongée, mais pourtant j’ai juste la place de faire tenir mes deux pieds dans cet espace restreint.

-J’ai également écarté les murs de la salle pour ne pas avoir ta mort sur la conscience. Mais maintenant que ça va mieux, je les ai resserrés.

Elle n’était pas parti si loin, finalement… Je bouge un peu, et me retrouve coincé contre le mur. Comment se mouvoir dans ce cercle minuscule, évoluant en demi-lune plus on se rapproche du sommet du gouffre ? Mes pieds sont prisonniers tandis que ma tête à plus d’espace ; ce décalage me perturbes. Mais surtout, comment sortir ? Je lève la tête et je vois…

-La porte !
-Arrête de penser à voix haute.

Elle est toujours là, elle ? Peu importe. La porte. Mais comment faire ? Elle est plaquée contre le mur, quelques mètres au dessus de la tête. Comment l’atteindre ? Je saute. En vain, elle est bien trop haute. Et si… Non, ça ne marchera pas. Mais l’espoir fait vivre, comme on dit ; alors pourquoi pas ? Allez, 1, 2, 3… Je saute et m’agrippe aux parois. Je pousse sur mes jambes et bondis de nouveau. Je suis suspendu à un mètre du sol, jambes écartées en appuyant le plus fort que je le peux, pour ne pas tomber. Ma position est délicate. Un seul mouvement de travers, et c’est la chute. Doucement, je lève ma main droite. Je la pose sur le mur, puis je place ma main gauche à l’exact opposé de l’autre. C’est bon. Je repousse le mur de toute mes forces de mes deux mains. Je lance ma jambe en l’air et la place à côté de ma main. Je tiens. Pour le moment. Je recommence avec l’autre jambe puis je lève les mains. J’exécute cette opération jusqu’à ce que la porte ne sois plus qu’à un mètre de moi. Je m’élance de nouveau et j’entends un horrible craquement. Je suis souple, mais il y a des limites. J’espère que ça suffira, car je ne peux pas monter plus haut : mes jambes ne toucheront plus le mur et je tomberais. Je lève la main en étirant tout mon corps, mais la porte est encore trop haute. Je suis coincée. Il faut que je trouve une solution, et vite, car mes jambes commencent vraiment à souffrir d’être étirées ainsi. Et si je tombe… Je préfère ne pas y penser, vu ma hauteur. J’ai mal partout, je ne sais pas quoi faire…

-Hé, pleure pas. Ça devient ennuyant à regarder, donc je vais t’aider. Mais dépêche toi, hein.

Sous mes jambes apparaît une plateforme translucide. Je me laisse tomber dessus. Doucement, elle monte et s’arrête devant la porte. J’ouvre la porte et saute sur le palier. En me retournant, je vois la plateforme se disloquer. Je franchis la porte.

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