J’avais poussé la porte,tremblant de tous mes membres.Les casseroles que j’avais emportées n’arrêtaient pas de s’entrechoquer.Pourquoi étais-je ici?C’est vrai,à cause de ce pari débile,il me fallait ramener un objet provenant de ce château.J’avais déjà failli mourir au moins une dizaine de fois avant d’arriver ici.Je n’imaginais même pas ce qui pouvait se passer.Je regardai les alentours et m’aperçus que je me trouvais dans une jungle.Une jungle en salle?!Je ne pouvais pas tomber mieux comme première pièce.Ma peur s’accentua lorsque j’entendis des cris d’animaux en tous genres.Je me souvins alors d’une parole qu’un chef de l’armée m’avait adressé: »Tu ne tiendras pas dans l’armée autant te laisser seul dans une jungle remplie d’animaux sauvages,on obtiendra le même résultat. »
Et oui,je n’ai pas été pris dans l’armée à cause de ma morphologie dite inadaptée aux combats.Je suis donc devenu cuisinier,pour l’armée.Je me suis retourné vers la porte d’entrée et puis tant pis pour le gage!Je serai la risée du village mais au moins je serai en vie.Evidemment,la porte était bloquée,sinon se serait trop simple.
Me voilà enfermée dans une jungle,super!
Je pris deux casseroles et fis du bruit pour tenter d’éloigner les animaux.J’étais tellement obnubilé par les cris des bêtes que je ne me rendis pas compte que quelqu’un me suivait de près.
Après quelques heures de marche,je dégoulinais de sueur.la température avoisinait les quarante degrés.Je m’écroulai sur le sol,la randonnée ce n’était vraiment pas mon truc.Je voulus regarder ma montre lorsqu’un gigantesque singe à pois rose et aux oreilles pointues me l’arracha.En découvrant l’animal,je fis un bond et commençai à crier.Après plusieurs minutes resté accroupi à hurler,je m’arrêtai et partis chercher des branches pour allumer un feu et ainsi faire peur aux bêtes.Je ne m’éloignais pas trop de l’endroit où j’étais.J’entassai une dizaine de morceaux de bois,sortis une boîte d’allumettes de ma poche puis brûlai une branche et le feu démarra.Cette chaleur me réconfortait,je me sentais moins seul et en sécurité.
La nuit était tombée dans la salle jungle.Je m’allongeai et essayai de trouver le sommeil lorsque je sentis une odeur de brûlé.J’avais allumé un feu à même le sol et l’herbe autour était sèche donc le feu se propagea rapidement.Les flammes étaient de plus en plus hautes et imposantes.Mon plan se retournait contre moi.Je saisis mon sac rempli de matériel de cuisine puis courus.A peine quelques mètres plus loin,
je m’arrêtai essoufflé,je n’en pouvais plus.Le feu se propageait à une vitesse impressionnante.Je n’arriverai jamais à m’en échapper.
Je lançai un désespéré « A l’aide ».Après un moment d’attente,je saisis deux grosse casseroles,qui devaient peser à elles deux environ 25 kilogrammes,et les posai à terre.
-Adieu Giselle et Henriette.
Je fis un vif signe de tête à mes plus fidèles amies,puis pris mes jambes à mon cou et m’enfonçai dans l’immensité de la jungle.La peur de mourir avait réussit à me faire avancer d’au moins un ou deux kilomètres.Je m’arrêtai enfin totalement épuisé,je n’avais pas fait de sport depuis au moins quatre ou cinq ans.Je continuais à avancer malgré la fatigue.Certes lentement mais j’avançais tout de même.
Où?Bonne question!J’essayais de marcher droit devant moi.C’est bien connu,les sorties sont toujours au fond de la pièce.Je levai les yeux au plafond pourtant rien n’indiquait que s’en était un.Il avait toutes les caractéristiques d’un ciel.Mon regard se perdit un instant dans l’immensité bleutée.Un étrange grognement,un mélange entre le croassement d’un corbeau,le grognement d’un cochon et l’aboiement d’un chiot dont on vient d’écraser la queue,retentit avec une telle puissance que les arbres aux alentours comme lorsqu’un ouragan approche.Je m’arrêtai net puis me retournai lentement.Je cherchai du regard la bête pouvant produire un tel son.Je ne voyais rien,ce qui m’angoissait encore plus.Je voulais bouger,je voulais courir,m’enfuir mais une force invisible me cloua au sol.La fatigue?La peur?
Mes genoux fléchirent et mes mains tremblèrent lorsque j’entendis d’énormes pas s’approcher.Ainsi agenouillé,je tentai de me relever mais mes jambes flageolaient tellement que cela m’était impossible.
Il fallait que je mange,je sortis de ma poche de la nourriture déshydratée.Je ne contrôlais plus mes mains,leur agitation fit tomber par terre le peu de vivres que j’avais.A peine,voulus je récupérer cette denrée que des centaines d’insectes abordèrent ce morceau de nourriture.Un second cri se fit entendre et les pas se rapprochèrent de plus en plus.Mon ventre criait famine,mon front dégoulinait de sueur,mon regard fixait l’endroit d’où provenait le son,mes mains serrèrent mon sac rempli de casseroles et autres ustensiles de cuisine,mon cœur battait à tout rompre,des larmes coulaient sur mes joues.Soudain,une énorme bête,un mélange entre un cochon géant,une grenouille et un lapin jaune,bondit des buissons et poussa un cri strident.Je sortis un couteau de cuisine de mon sac puis le brandis devant moi et me servis d’une casserole en guise de bouclier.
La bête s’avançait vers moi tout en poussant d’horribles cris.
Je fermais les yeux et commençai à prier Killtchen,le dieu de la cuisine et de la guerre.
« -Adieu père et mère,frères et sœurs,cousins,cousines,oncles,tantes et tant d’autres.Je vous aimais de tout mon cœur. »
Après avoir fait mes adieux mentaux à ma famille,je ne pus que sourire de la situation,au moins mes parents auraient une bouche de moins à nourrir.Avoir 18 enfants en tant que simples infirmier,pour mon père,et ouvrière,pour ma mère,en trouvant toujours le temps de s’occuper de chacun d’entre nous,je trouvais cela remarquable.
« -Excuse moi maman,d’être mort aussi stupidement. »
Après ces dernières paroles mentales,une gigantesque patte griffue toucha mon visage et le noir se fit.
J’ouvris lentement les yeux.C’était donc ça le paradis?
J’étais dans une cabane faite entièrement en bois et me trouvais dans un lit composé de lianes et de feuilles géantes.
-Monsieur s’est enfin décidé à se lever!
Cette voix,on aurait dit ma plus grande sœur Sudina.
-Je t’apporte à manger.Tu n’as plus mal au front?
Cherchant toujours d’où venait le voix,je touchai mon front qui était recouvert d’un bandage.
Je n’étais pas mort?Mais alors…
Une jeune fille aux longs cheveux châtains et aux mèches violette entre dans la pièce avec un morceau de pain puis s’écria:
-Alors,on a perdu sa langue en même temps que la raison?Tiens,mange!
Je pris le bout de pain qu’elle me tendait puis croquai un morceau.Je cherchai du regard mon sac.
-Tu cherches ton sac?Il est là-bas,t’inquiètes pas pour tes casseroles!
Je soufflai,soulagé puis le fille gloussa.
-Ah!Ah!Dommage que tu n’es pas pu sauver Giselle et..Henriette,c’est ça?Ah!Ah!Quel adieu déchirant!!Ah!Ah!
Elle riait tellement qu’elle s’était agenouillée et tenait son ventre.
-Ah!Oui!J’ai adoré quand t’as commencé à pleurer comme un bébé!Ouin!Ouin!Ah!Ah!Ou quand t’as cramé la jungle!Ah!Ah!
Elle s’était carrément allongée et avait les larmes aux yeux.J’étais devenu écarlate,quelle honte!J’aurais préféré mourir que de vivre ça.La jeune fille se releva et essuya ses yeux.Elle ne put s’empêcher de pouffer deux ou trois fois avant de remettre sa frange en ordre et ses cheveux derrière ses épaules.
-Bon,c’est pas le tout mais tu veux sortir d’ici,j’imagine.
La pièce jungle!J’avais presque oublié alors le cochon géant/grenouille/lapin..?
-C’est toi qui as tué le…truc?
-Bah,oui!Tu veux que ce soit qui?Moi,j’attaque au lieu de rester planté comme toi!
-M…merci,bafouillai-je après un moment d’hésitation,Et oui,je veux sortir de cet endroit.
Elle sortit de la pièce et le lança mon sac.
-Allez!Dépêche toi!,dit-elle avec un sourire éclatant.
Je me dépêchai de me lever puis la suivis.Arrivé dehors,je lui demandai:
-C’est ta maison?
-Avant j’habitais ailleurs…mais bon,c’était avant!
Elle regarda autour d’elle puis me fixa.
-Pourquoi tu venais dans cette direction?
-Quelle direction?
-Raaah!Je vais pas tout te répéter!Cette direction,ma maison,tu venais bien vers cet endroit,non?Tu pensais vraiment que la sortie était là?
Je ne répondis pas et baissai les yeux.Elle me regarda ahuri.
-J’y crois pas!T’es vraiment bête ou quoi?La sortie,elle était juste à gauche de l’entrée!
Je mis ma main sur mes yeux.Mais quel abruti étais je!
-Bon,pas grave.On va sortir de là.Vivant,toi,je sais pas mais tu vas sortir!Peut être pas en un seul morceau…
Je relevai la tête et fis de grands yeux.
-Nan!J’rigole!
Elle commença à s’enfoncer dans la jungle.Elle s’arrêta en voyant que je ne la suivais pas.
-Allez!Je vais pas te tenir la main,non plus!Avance!
Je commençais à marcher sans dire un mot.Après plusieurs heures de marches,me semble-t-il,nous sommes arrivés près de la sortie.
Ma sauveuse se plaça devant la porte d’entrée puis dit:
-Je comprends pas comment t’as pu ne pas la voir?!Elle est juste là!
La jeune fille faisait de grands signes indiquant la sortie.
J’essayai de l’ignorer et posai la main sur la poignée faite de lianes.
-Au fait comment t’appelles-tu?,demandai-je.
-Oh,moi,c’est…
Je la regardai avec attention et attendant la réponse.
-Tu sauras pas!,cria-t-elle en tirant la langue.
Elle me fixa un moment puis s’écria:
-Bon,tu ouvres la porte ou c’est trop compliqué pour toi?Allez!
Je secouai la tête puis ouvris la porte et sortis.J’étais enfin sorti de cette jungle.Le plus incroyable,c’était que j’étais vivant!
Autrice : Keltia, sous le pseudo « Keltia Ninja des mots »