Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE OÙ J’AI SOIGNÉ MON IDIOT DE FRÈRE
LA PIÈCE OÙ J’AI SOIGNÉ MON IDIOT DE FRÈRE

LA PIÈCE OÙ J’AI SOIGNÉ MON IDIOT DE FRÈRE

Pièce n°1356
Fait partie de la saga << < Secte d'Emeraude > >>

Cette pièce a été découverte par Amayelle

Je suis éblouie par la lumière de la pièce. Mes yeux s’y habituent peu à peu, et je distingue rapidement des formes. Cinq personnes sont assises en rond, et discutent. Je souris, en les reconnaissant. Immanuel, Ignis, Océane, Kyo et Auriane.
Mon mentor me pousse vers eux, et aussitôt, un large sourire éclaire leurs visages. Ils se lèvent, mais ne savent pas quoi dire. C’est finalement Immanuel qui s’avance, et me serre dans ses bras. Il souffle à mon oreille.
-J’ai eu si peur pour toi…
-Tu étais dans un bien plus mauvais état…
Il m’embrasse, choquant mon mentor, qui nous fixe, calmement, mais je sais que son âme est violemment tourmentée.
Nous nous écartons, et je me tourne vers mes frères. Ignis court vers moi, et se jette dans mes bras. Je me serre contre lui, heureuse de sentir son parfum, sa peau contre moi, soudain, je frissonne. Son dos. Son dos est couvert de lésions ! Je le sonde. Il a également énormément d’hématomes ! Ignis a un quotidien horrible. Je dois le sortir de là, et vite. Je m’écarte de lui. Je serre, tour à tour mes frères dans mes bras, puis, notre maitre entraîne Kyo, Auriane, et Océane plus loin, pour leur enseigner son savoir. Ignis en est écarté, certainement trop perturbateur. Immanuel les suit, curieux de voir l’enseignement de l’immortel. Nous sommes seuls, Ignis et moi.
Je regarde mon frère, et lui ordonne, d’un air autoritaire.
-Allonge toi.
-Mais, pourquoi ?
-Fais ce que je te dis. Maintenant !
Il s’allonge, et frissonne, lorsqu’il me voit sortir mon poignard. Je tranche sa tunique, examine son dos. Je hoquète de surprise, et pleure aussitôt, de compassion. Mes larmes brûlent les lésions de mon frère, qui gémit. Je me ressaisis , aussitôt. Je ne dois pas me laisser abattre, plutôt l’aider.
Je passe mes mains sur son corps. Elles s’illuminent d’une intense lumière rosée, et je ferme les blessures de mon frère. Sa peau bleuie devient normale, peu à peu, et je le vois soupirer de soulagement. Grâce à ma magie, je répare ensuite sa tunique, et l’aide à se relever. Une fois face à face, je le gifle.
-Espèce d’idiot ! Tu veux te faire tuer, c’est ça ? Tu croyais que je ne me rendrais pas compte de tes blessures ? Es tu fou ?
Il saisit mes mains, et murmure.
-Calme toi, Amayelle…
Je me dégage, énervée.
-Non, je ne me calmerai pas ! Tu aurais pu mourir. Tu dois arrêter d’énerver le maitre, ou il finira par te tuer !
-J’en ai assez de ne pas être libre, Amayelle.
-Personne n’est libre, Ignis ! Personne ! Nous sommes tous prisonniers de ce château, où nous deviendrons tous fous ! Nous sommes à la merci du maitre des lieux, qui est sadique et cruel ! Il ne respecte rien. Il nous fera agoniser de douleur, et de tristesse. Alors, écoutes moi bien. Je ne veux pas que tu devienne le sujet sensible chez moi, qui permettra au Chateau de me faire souffrir. Est ce clair ? Alors tu vas arrêter d’énerver le maitre, de lui répliquer, tu vas obéir, parce que c’est ce que nous devons tous faire. Nous obéissons au maitre, qui obéit aux dieux. Nous n’avons pas le choix. Alors, plutôt que de te faire tuer, tu vas te ressaisir, et arrêter de vouloir être indépendant !
-Mais tu es indépendante, toi…
-Non ! Je suis toujours sous la tutelle du maitre, et sans lui, je serais morte! Il a toujours droit de vie et de mort sur moi, et moi, je ne tente pas de me faire tuer. Alors, tu vas te taire, et obéir ! Suis je claire ?
Il murmure, apeuré.
-Oui… Je te le jure, Amayelle.
Je suis aussitôt soulagée, et moins agressive. La crainte de le perdre, m’a fait perdre mes moyens, et je me suis énervée, au lieu de tout lui expliquer calmement. Deux mains se posent sur mes épaules.
-La colère ne doit habiter personne.
Je ne réponds pas à mon maitre. Je fixe le vide. Je suis épuisée, moralement, et physiquement. Immanuel se tient en retrait, et je comprends que mon mentor a déjà fait peur au prophète, en le menaçant.
-Tu devrais te calmer.
Je fonds en larmes. Je suis trop sensible, et Ignis s’en veut terriblement d’avoir attiré ma détresse. Je me dégage de la pression de mon mentor, et cours vers le fond de la pièce. Je ne l’ai pas encore dit. Je suis dans une forêt immense. La cime des arbres semble toucher le plafond infini. Avant, nous étions dans une clairière. Mes pieds nus marchent sur les feuilles sèches. Je cours à travers les arbres, et m’arrête au pied d’un gros chêne. Là, je pleurs toutes les larmes de mon corps, jusqu’à ce que la nuit tombe. Une silhouette se dessine dans l’obscurité. Je reconnais mon maitre. Il s’assoit à mes côtés, et saisit ma main. Nous restons silencieux quelques minutes, puis, il serre ma main. Je lève les yeux sur lui, surprise, et les baisse aussitôt.
-Qu’as tu ?
Je ne réponds pas, retiens un sanglot.
-Réponds moi, Amayelle…
-C’est ce château… La réalité vient de me paraître. Nous ne sortirons jamais d’ici. Nous sommes pris au piège. Le château est un fou, un sadique qui n’hésite pas à faire souffrir les gens. Je ne verrai jamais le ciel.
Je fonds en larmes. Mon maitre insensible ne dit rien, et se contente de serrer plus fortement ma main.
-Je suis tout le temps sur les nerfs, énervée, fatiguée… Je n’en peux plus.
-C’est ton destin Amayelle.
-Parfois, le destin, je l’enverrai bien voir ailleurs si j’y suis.
-C’est ton destin, Amayelle. Ce à quoi je te forme depuis ta naissance.
-Jurez moi que nous sortirons d’ici un jour… Jurez le…
Mon maitre se relève brusquement, et s’en va, sans rien dire. Je m’enferme dans ma bulle, et pleure. Je m’assoupis peu à peu.
Je me réveille au milieu de la nuit, lorsque je sens une présence à côté de moi. Une ombre se dessine. Je me redresse, soupçonneuse. Je me calme aussitôt, en voyant que c’est Immanuel. Il m’aide à me relever, et me serre dans ses bras.
-Vas tu mieux ?
-Pourquoi n’es tu pas venu avant ?
-Ton maitre m’a clairement fait comprendre que si je m’approchais de toi, il me ferais souffrir jusqu’à ce que je souhaite mourir. J’ai attendu qu’il médite, et je suis venu.
Je ne réponds pas. Je me laisse bercer par les battements de son cœur.
-Pourquoi pleurs tu ?
-La réalité m’a frappée. Je ne sortirai jamais d’ici. Je suis prisonnière de ce château, sans échappatoire. Aucune porte de sortie. Mon destin ne m’appartient pas.
-C’est faux, Amayelle.
Il frotte doucement mon dos, tout en murmurant à mon oreille.
-Tu as le choix. Tu peux t’avouer vaincue, ou te battre. Tu peux te soumettre, ou décider. Tu peux être toi, ou le reflet qu’on t’ordonne d’être.
Je m’écarte doucement. Le regarde dans les yeux. Peut être y voit il la flamme de la détermination, car il sourit.
-Je vais me battre Immanuel. Je vais affronter ce château. Je sortirai un jour, et je verrai le ciel. Je le jure.
Il me serre contre lui, heureux.
Je murmure, doucement, d’une voix plus calme.
-Peux tu me laisser seule, s’il te plait ? Je dois réfléchir.
-Je t’aime.
-Pas autant que moi.
Nous nous embrassons, puis il s’éloigne dans les bois. Je ne sursaute pas lorsque deux mains familières se posent sur mes épaules. Je profite de ce moment rare, avec mon mentor.
Je laisse l’immortel parler en premier, car son rang lui réserve ce droit.
-Savais tu que j’étais là ?
J’élude la question, et murmure, à mi voix.
-Il est étonnant que vous n’ayez pas encore tué Immanuel… Après vos menaces…
-Je respecte la vie.
-Je n’y ai jamais cru.
Il préfère laisser passer mon insolence, et me demande.
-Quels sont tes projets ?
-Je vais repartir. Je vais combattre ce château. Je vais lui faire ravaler son rire démoniaque.
-Tu ne veux pas rester en sécurité avec nous ?
-J’ai besoin de me battre. Je ne peux pas ne rien faire. Comprenez mon choix, s’il vous plaît…
-Je suis toujours ton maitre, j’ai encore autorité sur toi.
-Je ne me rebelle pas. C’est plutôt une demande…
-Laquelle ?
-Laissez moi repartir. Je vous jure que je reviendrai…
-Tu pourrais mourir…
-C’est mon destin. C’est vous qui me l’avez dit.
Il me fixe, en colère. Il déteste qu’on retourne ses arguments contre lui.
-Je ne pensais pas te laisser repartir si tôt. Je pensais te laisser partir à vingt ans. Tu n’en as que treize…
-La valeur ne dépend pas de l’âge.
-J’aurai préféré profiter de tes rires encore un peu.
Je suis surprise. L’immortel ne m’a jamais témoigné d’affection.
Il me sourit tristement, puis se lève. Nous rejoignons ensemble mes jumeaux, et Immanuel qui dorment. Je me colle contre Ignis, et m’assoupis rapidement, sous le regard impassible de mon maitre. Je suis réveillée par l’ordre silencieux de Maitre Abnar. Depuis toujours, il nous réveille, en parlant dans notre tête.
Nous avalons un rapide petit déjeuner. Puis, nous marchons dans la forêt, en quête d’une sortie. Le regard de l’immortel me fait comprendre qu’il ne me laissera pas repartir, et je suis déçue. Une porte se dessine dans un chêne. Nous passons dans la pièce suivante.
J’ai enfin pu embrasser Immanuel.

Autrice : Jécrivaine, sous le pseudo « Jécrivaine »

Ce texte s’apparente à une fanfiction. Certains de ses éléments sont relatifs à l’univers de la série Les Chevaliers d’Emeraude, écrite par Anne Robillard.
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