Pièce n°1388
Aifé
Le vent souffle. Je le sens, lui qui parcourt mon être, caresse mes cheveux, me traverse, me donnant cette sensation glacée, si agréable, et si mortelle à la fois. Je garde les yeux fermés, profitant de chaque sensation, de chaque bourrasque. Un goût de sel dans ma bouche m’indique que je suis proche de l’océan. Un nouveau souffle me fait tomber à terre. De l’herbe sèche sous mes pieds. Je suis probablement sur une dune.
J’ouvre les yeux. Je suis aussitôt éblouie. Je porte la main à mes yeux. Un superbe coucher de soleil devant moi. Du rouge, du jaune, du orange, un dégradé saisissant de couleurs chaudes. Le soleil, dans un dernier éclat, avant sa mort me réchauffe. Après, la déesse lune prendra sa place, et mourra à son tour. Ce cycle magique est éternel.
Je suis au sommet d’une falaise. Le vent glacial traverse mon corps. D’ici, je me rends compte que je suis insignifiante, que je ne suis qu’un fétu de paille, à la merci de éléments, du vent, de la mer.
Car, en dessous, la mer fait rage, elle frappe contre la falaise, et revient, revient, revient toujours. Elle ne s’avoue jamais vaincue face à l’immense rocher qui ne lui cède toujours pas. Elle frappe contre l’aiguille. L’aiguille d’Etretat.
Connaissez vous Etretat? Cette petite ville de Normandie, si célèbre, grâce à sa falaise sur laquelle je me trouve ? Cette ville que Maurice Leblanc décrit si bien dans ses aventures d’Arsène Lupin ?
Je me situe au sommet de la falaise, avec une vue imprenable sur l’aiguille, cette aiguille sculptée par le temps, et l’eau salée, corrosive.
La nostalgie s’empare de moi. Je suis venue au château pour entrer dans les rangs du Maitre des Lieux. Et pourtant, bien que je sois ici depuis plusieurs mois, le Château ne m’y a toujours pas admise. Je commence à désespérer. Je crois que je n’y arriverai jamais. Et si c’était un échec ? Pourquoi ne suis je pas restée au Vatican?
Je regarde la mer, sens le vent me traverser. Ce n’est que lorsque le vent passe que je me sens vivante. Le reste du temps, je ne respire que pour respirer, je me bats uniquement pour le principe, je mange parce qu’on me l’a apprit. C’est tout.
Et pourquoi vivre ? Toute ma quête est vouée à l’échec, je le crains.
Le vent s’arrête. Je tombe.
Autrice : Jécrivaine, sous le pseudo « Jécrivaine »