Amayelle
C’est allongée dans l’herbe humide que je m’éveille. J’ai moins mal, mais les coupures sur ma joue et ma main me brûlent encore. J’ouvre les yeux. Je suis près d’un ruisseau. Je me relève, lentement, puis tourne sur moi même. Il fait jour, ici. Je suis dans une plaine, des tiges de fleurs dépassent. Une teinte verte tendre se mêle à du rouge, du rose, et du mauve. C’est magnifique. L’endroit est paisible. Pas un bruit, pas un oiseau qui pépie, juste le ruisseau qui chante. Soudain, je sursaute. Mes yeux se posent sur un homme.
Il est agenouillé, devant une plante. Je vois ses mains bouger, doucement, je m’approche. De la magie ! Une brume bleue s’échappe de ses mains, et enveloppe une fleur. Aussitôt, celle ci pousse, grandit, puis s’arrête.
L’homme se retourne vers moi, avec un grand sourire.
-Bonjour Amayelle.
-Bonjour.
Très bien. Qu’il connaisse mon nom, c’est légèrement stressant.
-Comment vas tu?
-Comme ça peut aller. Et toi?
-Je vais bien. Alors, qu’en penses tu?
-De quoi?
-De tout ça, de mon œuvre?
-La plaine? J’aime bien vos fleurs.
Il éclate de rire, paisible. Je l’examine. Il est jeune, 25 ans, peut être, vêtu d’un pantalon qu’Immanuel m’a apprit être un jean, un tee-shirt bleu ciel, et un pendentif de bois, accroché à un cordon de lin.
-Merci! J’ai hâte que tu me montres ta manière de les faire pousser!
-je ne peux pas faire pousser les fleurs…
-Pourquoi?
-Ma magie… je peux juste créer des boucliers d’énergie, et me téléporter.
L’homme s’approche de moi, et pose sa main sur mon épaule, bienveillant.
-Oublie tout ce qu’on t’a apprit. Ta magie est spéciale, extraordinaire, comme toutes les magies. Ce que tu es capable de faire est incroyable, et tu n’en as même pas conscience.
-Alors apprend moi.
-Impatiente? J’étais comme toi à ton âge. Mais je ne vais pas me mettre à radoter maintenant!
Il éclate de rire, de nouveau, tranquille. Je me détends, peu à peu, tranquillisée moi aussi par son attitude pacifique.
-Explique moi…
-Très bien. Assis toi, je t’en prie.
Je m’assois sur l’herbe, et il en fait autant. Il me regarde, plante son regard vert émeraude dans mes yeux bleus, puis sourit.
-Surtout, n’oublie pas qu’il faut que tu t’amuses. La magie n’est pas une arme. C’est l’expression de ta créativité. C’est donc important que tu sois dans ton élément, que tu sois à l’aise avec elle. Vous ne devez faire qu’une.
Je hoche la tête, attentive.
-Ensuite… Pour dépasser les limites que tu t’es imposée, inconsciemment, et utiliser la magie à ton maximum, tu dois l’invoquer de la manière qui te semble la plus simple.
-Comment?
-Je ne sais pas. Qu’est ce que tu aimes faire?
-Je ne sais pas. Lire?
-Je doute que pour utiliser ta magie, ce soit pratique d’ouvrir un livre. Surtout qu’elle peut te servir aussi pour te défendre.
-Je croyais que ce n’était pas une arme…
-En effet. Tu peux te battre de manière créative. J’ai connu quelqu’un qui faisait très bien pousser les rosiers.
-Et alors?
-Alors beaucoup ont perdu du sang.
-Je comprends…
-Qu’est ce que tu fais de mieux?
-J’adore chanter…
-Et bien voilà! Nous y sommes! Il faut que tu chantes, pour être en parfaite harmonie en toi même. La magie viendra d’elle même!
-C’est vrai?
-Je t’assure!
Il est excité. Probablement parce qu’il va découvrir en même temps que moi ma véritable magie.
Je souffle, doucement, les premières notes d’une chanson.
-Ignis, où es tu? Je t’aime.
Mon amitié est éternelle.
Ignis, que fais tu? Je t’aime.
Ma peine est réelle.
Je laisse doucement ma voix m’envahir, je prends confiance, chante de plus en plus fort. J’ouvre les yeux. L’homme me murmure qu’il sont argentés. Je sens la magie affluer.
-Ignis où es tu? J’ai peur.
Ça fait des jours que je ne te vois plus.
Je sens mon cœur battre à 100 à l’heure. Mes ailes frétillent. Je ferme les yeux, émerveillée. Je laisse tout cet ensemble m’envahir, me calmer.
-Ignis que fais tu? J’ai peur.
Ta voix me manque de plus en plus.
J’ouvre les yeux, en l’entendant pousser une exclamation de joie. Des bulles rosâtres, brillantes flottent tout autour de nous. C’est magnifique. Je me tourne vers l’homme, qui me sourit, bienveillant.
-Tu as trouvé ta voie. Et cette magie est magnifique. Tu feras de grandes choses.
-Merci à toi.
-Nos chemins se recroiseront, jeune fille. Prend soin de toi, en attendant. Je ne veux pas qu’il t’arrive malheur.
-Tu penses que je peux aussi partir de manière créative ?
-Oui.
Je ferme les yeux, lui sourit, puis forme de mes mains une incroyable bulle mauve. D’abord minuscule, elle croit, croit, et finit par mesure deux mètres. Les couleurs de l’arc en ciel s’y reflètent.
Je murmure en souriant.
-A bientôt.
-Bonne chance.
-Ça me fait penser que je ne connais pas ton nom…
-Mathieu.
Je souris, puis entre dans la bulle. Je l’éclate avec mon doigt. Je disparais.
Autrice : Jécrivaine, sous le pseudo « Jécrivaine »
Ce texte s’apparente à une fanfiction. Certains de ses éléments sont relatifs à l’univers de la série Les Chevaliers d’Emeraude, écrite par Anne Robillard. |