C’est quand je suis entrée dans cette pièce que j’ai compris. C’est là que j’ai compris que rien ne ressortait du Château, puisqu’il était capable d’emprisonner une étoile.
J’ai revêtu un drôle de scaphandre qui m’attendait à l’entrée, sans trop savoir pourquoi je le faisais, ni pourquoi il était nécessaire de s’habiller ainsi pour pénétrer dans la pièce. Et quand je suis entrée, j’ai ressenti une tristesse telle que j’en ai pleuré. Du moins ai-je essayé… La chaleur était telle que mes yeux étaient aussi secs qu’un désert.
Devant moi, en suspension, emprisonnée dans une gigantesque cage sphérique, se lamentait une étoile. J’ai tout de suite su que c’en était une, parce qu’elle ressemblait à celle qui illuminait mon monde. On n’oublie jamais le jour où l’on a vu une étoile mourir.
Je me suis approchée de l’immense, l’incommensurable boule de feu, observant ses faibles éruptions. Une visière sur le scaphandre me permettait de regarder l’être universel sans être aveuglée. Sa lumière était fragile mais persistait encore, luttait contre le métal qui la blessait. Comment pouvait-on faire preuve d’une telle cruauté ? Mes questions pragmatiques – de quelle matière pouvait bien être ce métal pour résister à de telles températures, comment le Château avait-il fait pour capturer une étoile – me paraissaient si déplacées face à la souffrance de la boule de feu. Je ne saurais dire ce qui me permettait de ressentir sa douleur mais elle était bien présente, comme un poids dans mon cœur, la gravité faisant office d’arme. J’ai touché la cage de métal, mes mains recouvertes par les gants du scaphandre, sans savoir ce que je faisais. Je crois que naissait en moi un désir irrépressible de délivrer cette pauvre étoile, de trouver la clef de sa prison, de la laisser s’envoler et reprendre sa place dans l’Univers.
J’ai empoigné les barreaux de la cage et j’ai tenté de les secouer, dans un geste vain. Ces barreaux étaient plus épais que mes bras et bien plus solides que tout ce que j’avais pu voir jusqu’à présent. Je n’avais aucune chance ; l’étoile, aucun espoir.
Alors je me suis laissée tomber sous l’astre mourant. Et j’ai pleuré avec lui.