L’ORCHESTRE DE CHAMBRE

Pièce n°1779
Écrite par shwaan_fehish
Explorée par Rus

« P***** d’moineaux! Ils m’ont ch*** dessus les zouaves! Ouf! Cette chambre a l’air plus calme que cette piaillerie infernale. Voyons voir. Où est ce foutu interrupteur. Ah voilà. Ooooh, c’est gentil par ici! Très cossu! La personne qui a bordé ce lit a sûrement des enfants. J’espère pas en croiser. J’aime pas les gosses, c’est comme les moineaux, sauf que ça vole pas. » Un soudain et tonitruant accord de piano retentit de la partie de la pièce encore immergée dans la pénombre. Je sursautais. « AH! Y a quelqu’un? Eh oh? » Le piano reprit sa mélodie de manière plus affirmée, et dans l’ombre de la pièce qui me faisait face, je pouvais désormais voir le pianiste jouer frénétiquement sous le phare d’un projecteur. J’étais stupéfait et cherchais un moyen de sortir de là. Mais, à peine fus-je retourné pour scruter l’obscurité qui embrumait encore les coins de la pièce, que trois nouveaux projecteurs s’allumèrent pour éclairer trois violonistes, alors même que le pianiste continuait de jouer de son instrument déjanté. Les trois violonistes avaient le regard braqué sur moi. Un regard méchant et fou. Je n’osais plus respirer et reculais de quelques pas. Tous de concert, les violonistes balancèrent leur archet sur les cordes et commencèrent à jouer sans me lâcher du regard un seul instant. La terreur m’envahit quand derrière le pianiste endiablé quatres nouvelles flaques de lumière me dévoilèrent les cuivres, le violoncelle et les cymbales. Tous ensembles jouaient des aires infernaux et les violonistes me fixaient toujours de leur regard enragé. Je courais le long des murs en les frappant du poing dans l’espoir de dérober une sortie, car, simple hasard infortuné ou piège de ce maudit château, la chambre n’avait pas de porte. Même celle par laquelle j’étais entré quelques instants plus tôt avait totalement disparue. J’étais alors complètement acculé, et les archers, qui jusqu’ici n’avait pas bougé d’un crin s’avançait vers moi au rythme de leur maudite mélodie. Ils s’approchaient de plus en plus. Ils étaient tout près. Le bruit était assourdissant et les projecteurs se braquaient désormais sur moi. CRAC! Le mur dans mon dos s’était alors cassé et je tombais à la renverse. « AH! Je l’savais! Je savais que ces murs étaient en toc! AHAH! J’ai encore une fois été le plus malin! Bon, où est-ce que j’ai atterri, moi? »

Auteur-ice : Shwaan Fehish