Pièce n°2059
Écrite par un gars
Explorée par Zilos
Pièce du Casteltober 2025 - Jour 12 : dalles
Voilà qui est à peine plus grand. Des rangées d’étagères chargées de produits secs et de réfrigérateurs, de plans de travail adossés à des crédences en dalles colorées, et de bacs d’éviers brillants faisant bien ma taille, forment deux allées où il y a à peine la place de se croiser.
Ce que je fais, avec un humain à petites lunettes, qui examine la crédence avec minutie.
« Vous travaillez ici ? » je lui lance avec curiosité.
L’humain sursaute, faisant frémir ses moustaches poivre et sel qui glissent jusqu’à son menton.
« Bon dieu non !… Et vous mon brave ? »
« Vous pouvez peut-être m’aider. J’ai une liste de 270 paramètres que j’aimerais expédier au plus vite pour pouvoir profiter de ce mois de travail à ma manière. Si vous pouvez m’indiquer, il doit y avoir ici toutes les choses à « goûter » du n°28 au 45. Vous sauriez me dire ce qu’est une pastiche tant qu’on y est, parce qu’apparemment ça n’a rien à voir… »
L’humain me jauge avec une incompréhension évidente. Sur ses gardes, il enserre contre son torse, derrière ses deux bras, un baluchon brun en tissu. Je sens bien que je l’embête, voire que je le perturbe. J’avais lu en effet que les humains face à la surprise tendent à appeler leurs pairs de drôles de sobriquets, de leur « brave » à leur « dieu ». Tout de même !
« Vous savez quoi, je ne vous embête pas, je vais regarder les petits pots juste ici. »
Je me déplace vers les étagères, lorgnant sur des jarres en verre étiquetées renfermant de multiples plantes. Sur la gauche, un écriteau générale annonce « herbes à thés ». Sur la droite, « infusions ».
Chouette. Au moment ou je tends la main vers un récipient, j’entends un fracas derrière moi. Quand je croise le regard de l’humain, il me regarde désemparé, une dalle de mosaïque cassée en deux sur le plan de travail et d’autres vomissant de son sac trop petit.
« Hum… la pastiche, donc », évalue-t-il alors, « ça ne se goûte pas non, ce n’est pas très intéressant. C’est une citation élaborée, disons. »
Ah.
Mon air songeur semble lui satisfaire, il se remet donc, sans opposition de ma part, à ranger les mosaïques dans son sac, et fourre sous le meuble d’un coup de pied les débris de celle qui a cassé. Il y a peut-être là une bonne occasion ? Je l’interpelle de nouveau.
« Si vous acceptez de m’aider, je cherche aussi des bretzels, une gousse de vanille, de la chicha, des vitraux, des macarons… »
« Non, les vitraux non plus ça ne se mange pas… Ce sont des vitres, pour le coup. Des vitres colorées. » Son regard étincelle malgré tout. « Mais je sais où en trouver. C’est quoi cette drôle de liste ? »
Que de bonnes nouvelles. Ce voyageur se révèle plein de connaissances, et après tout, j’irai plus vite en inventaire du monde humain avec un humain comme guide. Je lui montre mon rouleau.
Nous récupérons l’intégralité des paramètres du n°28 au 45, à l’exception du n°30 la chicha, du n°31 les vitraux et du n°38 les enjoliveurs, qui se révèlent être des cache-roues de peu d’utilité. Parmi les épices en revanche, l’aventurier m’indique une jarre qui n’est pas sur ma liste, pleine de tiges rougeâtres à pointes jaunes.
« Du safran vous dites ? Mais… je n’en cherche pas il me semble. »
« Je le prends pour vous alors » affirme-t-il en le fourrant déjà dans ses affaires. « On ne sait jamais hein. »
Il file déjà à l’opposé de la pièce. Voilà qui s’annonce enthousiasmant.
N’y a-t-il donc personne de bienveillant et de non-mystérieux dans tout le Château ? 😮
Et il a fallu qu’il tombe sur un voleur ! Au moins il l’a un peu aidé