L’ÉCHELLE
L’ÉCHELLE

L’ÉCHELLE

Pièce n°2029
Écrite par Sol'stice
Explorée par Loan

 Les barreaux sont plus écartés que je ne l’aurais cru, m’obligeant à tendre loin la jambe sous moi avant d’atteindre le suivant. La descente est d’autant plus compliquée que je redoute d’utiliser le bras qui tient la boîte à musique, obligé de sans cesse raffermir la prise dessus. Je n’ose regarder en bas de peur de découvrir la hauteur qu’il me reste encore à désescalader. Je sens le lutin calfeutré au fond de ma poche, décidé à ne sortir que lorsque l’on sera à plat sur le plancher des vaches. Malgré le retard qu’elle a pris en saluant son oiseau et en fermant la trappe au-dessus de nous, la cavalière a tôt fait de me rattraper, se laissant presque glisser le long des supports de l’échelle en ignorant les barreaux.
 — Hardi ! me lance-t-elle. Le sol est just’là. Plus vite z’allez, plus vite z’y s’rez !
 — Je sais, mais j’ai peur… gromellé-je, trop bas pour qu’elle ne l’entende.
 Du moins, je croyais, jusqu’à ce qu’elle éclate d’un rire franc. Elle a pour autant l’obligeance de ne faire aucune remarque supplémentaire, acceptant de patienter au rythme de ma lente progression. Enfin, patienter. Accrochée d’une seule main, un seul pied sur l’échelle, elle tend le reste de son corps dans le vide, tourne autour de l’échelle tandis que je fais tout ce que je peux pour me décoller le moins possible de cette dernière. Elle peut s’impatienter autant qu’elle veut, c’est quand même de sa faute si je suis là. Cette fois, je n’ose pas faire ma remarque à voix haute, redoutant son ouïe trop fine pour mon bien. Et puis, est-ce seulement la bonne direction ? Est-ce que la danseuse est passée par ici ? Ça me semble improbable. Je rumine tant et si bien que je ne réalise que je suis parvenu à destination que lorsque mes deux pieds sont posés à plat sur le sol.

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