L’ÎLE AUX CRABES BLEUS
L’ÎLE AUX CRABES BLEUS

L’ÎLE AUX CRABES BLEUS

Pièce n°2061
Écrite par Quokka Cola
Explorée par Ifa
Fait partie de la saga << < Secte d'Emeraude > >>

Pièce du Casteltober 2025 - Jour 2 : poème

Notre atterrissage sur l’île soulève un nuage de sable gris. Je tousse. Anar, lui, reste impassible. Lorsque la poussière se dissipe, la mer se dessine, amène des vagues jusqu’à mes pieds. De petits crabes semblent jouer avec la mer. Ils la suivent lorsqu’elle se retire et la fuient lorsqu’elle revient. Ils sont bleus. D’un bleu bien plus pur que la mer, qui tire sur le gris, comme le sable. Des nuages sombres grondent à l’horizon. Une tempête approche.

L’Ordre ne nous a pas suivis. Il semblerait que la fleur était le seul moyen de nous emmener ici. En fait, tant que je ne rêve pas, ils ne peuvent pas nous retrouver. J’essaye de m’accrocher à ce maigre espoir, mais je ne pense pas que nous trouverons la petite fée tout de suite. Je peux lutter, mais je vais devoir finir par dormir.

Mon âme.

Elle me manque tant, alors que je ne l’ai jamais connue. Je n’espérais pas que ce serait simple de retrouver la petite fée, mais tant de choses se dressent en travers de mon chemin. Est-ce que l’Ordre espère la trouver avant moi ? Et si c’était elle qu’ils voulaient, et pas moi ?

Je tiens encore la fleur dans ma main. La perle en son centre est du même bleu que les crabes. J’ai l’impression qu’elle est chaude, mais ce n’est probablement qu’une impression. Pourtant, je n’arrive pas à la lâcher du regard. Elle est spéciale.

– Je peux la prendre ? demande Abnar.

Il prend un ton détaché, mais je le connais suffisamment maintenant pour savoir que c’est important, et pour savoir que si je lui demande pourquoi, il ne me répondra pas. Une part de moi a envie de refuser et de la garder, ou de la jeter dans la mer pour la laisser aux crabes, juste pour qu’Abnar ne puisse pas mettre la main dessus.

J’observe les crabes quelques instants. Ils continuent de danser avec le roulis des vagues. Je sais qu’ils espèrent récupérer ce que la mer amène avec elle, mais leurs vas-et-viens incessants au rythme lent des vagues provoquent chez moi un sentiment de quiétude, bien différent de la tempête qui s’annonce. Déjà, l’air se refroidit, le vent se lève. Mais les crabes continuent de suivre les vagues et de les fuir. Leur vie tranquille suit son cours et la mienne n’a jamais été aussi cruelle. J’ai enfin une raison de vivre, mon âme m’attend. Mon âme ! Et plus le temps passe et moins je suis certaine de la trouver un jour. Un poème amer : la paix des crabes et ma tourmente.

A regret, je donne la fleur à Abnar. J’aimerais dire que je ne lui fais pas confiance, je m’étais promise de ne plus jamais faire confiance à un homme qui courtise la puissance et le pouvoir. Mais la vérité, c’est qu’avec tout ce qui se passe avec l’Ordre, je lui fais un petit peu confiance quand même. Je vais le regretter, c’est certain. Dans le regard argent d’Abnar, je n’ai jamais lu chez lui une once de compassion pour moi. Il m’utilise. Il m’aide, mais il m’utilise. Et un jour, il prendra ce qu’il estime lui être dû.

Abnar arrache délicatement la perle de la fleur et d’un coup les pétales se flétrissent. Il la fait rouler quelques secondes entre ses doigts, puis il la range. Conscient que je l’observe, il m’indique d’un geste de la tête un navire qui vient vers nous. Les crabes fuient en le voyant arriver. Lorsqu’il est suffisamment près, Abnar me fait signe de monter à bord. J’obtempère, mais je suis encore troublée par ce qu’il vient de se passer avec la fleur.

Je ne sais pas ce qu’il veut vraiment. Mais si ça implique mon âme, alors je suis prête à tout pour l’empêcher de l’atteindre. Ciel, je pourrais même tuer.

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