Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DES MOTS OUBLIÉS
LA PIÈCE DES MOTS OUBLIÉS

LA PIÈCE DES MOTS OUBLIÉS

La Chatte qui Pêche as La Chatte qui Pêche

Personne ne me voit. Pourtant, je suis là depuis le début. Depuis que les premiers aventuriers ont mis le pied dans le Château, j’observe tapie dans l’ombre. J’ai suivi tous leurs mouvements dans chacune des pièces. Aucun d’eux ne m’a remarquée. Évidemment, ce n’est pas facile lorsqu’on mesure 9,6 centimètres de hauteur. Lorsque ma voix n’est qu’une brise qu’il faut se baisser jusqu’au sol pour l’entendre. Au fait, je m’appelle Poussière. Un nom plutôt approprié, vous ne trouvez pas?
Il est vrai que ma petite taille a aussi des avantages. Je peux me faufiler n’importe où. Et atteindre des endroits du Château où personne d’autre ne pourrait arriver. C’est d’ailleurs grâce à ça que j’ai découvert la pièce que j’ai décidé d’appeler « des mots oubliés ».
J’étais en train de monter un vieil escalier de bois qui devait me mener, enfin je suppose, au deuxième étage du Château. Comme je suis bien plus petite que les marches, je devais me hisser avec un fil de toile d’araignée. J’étais parvenue sur la quatorzième marche lorsque je remarquai que la quinzième avait quelque chose de particulier. Là où devait se trouver le panneau de bois qui faisait l’épaisseur de la marche, il n’y avait rien. Juste un trou, qui semblait se prolonger… Je décidai de m’y aventurer et entrai dans ce qui pour moi était un vaste tunnel. À l’intérieur, il faisait complètement noir. Mon seul point de référence était une paroi de bois qui glissait sous ma main. Je marchai pour ce qui me semblèrent des heures, puis tout à coup la paroi à mon côté disparut. Je m’arrêtai brusquement. Si je ne l’avais pas fait, je serai tombée dans le vide. Car le tunnel débouchait sur une grande salle, à quelques mètres du sol.
Au début, je ne comprenais pas quel genre d’endroit était cette pièce, à cause de l’obscurité. Puis une lumière s’alluma. Et je réalisai que j’étais arrivée dans une immense bibliothèque.
On aurait dit qu’elle avait été abandonnée depuis des centaines d’années. Tout était recouvert d’une épaisse couche de poussière. Des tableaux pendaient aux murs. Jadis, ils avaient du être magnifiques, mais maintenant il étaient ternes, décolorés. Les livres étaient réduits encore pire. Leurs couvertures pendaient mollement, comme des vieux chiffons. Leurs pages avaient été dévorées par les insectes. Il devait y en avoir des centaines de milliers, mais aucun ne semblait avoir survécu au temps. Je descendis et marchai entre les rayons de la bibliothèque. Toutes ces histoires, ce savoir, ces nouvelles qui se décomposaient me donnaient envie de pleurer. Mais je ne m’apitoyai pas longtemps sur leur sort, car je venais de remarquer quelque chose qui dépassait d’en dessous d’une bibliothèque pleine de vieux papiers. C’était la couverture rouge flamboyant d’un livre. Incroyablement, on aurait dit qu’il était en bon état. J’en compris vite la raison: le cuir de la couverture ne devait pas être du goût de la vermine. Apparemment, il avait été calé sous le pied du meuble pour ne pas le faire osciller. J’étais très excitée et je tirai de toutes mes forces sur le livre, espérant de le libérer. Je n’aurais pas du le faire. Déjà, il était beaucoup plus lourd que moi et je mis des heures pour le libérer. Mais surtout, dès que j’y réussis, j’eus le temps de lire sur la couverture “Hist…du…âteau” et puis le meuble, les papiers et la poussière me tombèrent dessus en un unique, gigantesque BAOUM.

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