Leeko as Leeko
J’avais la gorge sèche.
Un horrible goût amer se rependait lentement sur mes lèvres, me faisant grimacer.
Les larmes me vinrent aux yeux mais je les essuyais rapidement d’un revers de ma manche.
Lilou me prit par l’épaule et me chuchota :
-Leeko ? Qu’est ce qui ne va pas ?
Je reniflai et murmurai-je presque pour moi même :
-Rien… Rien.
Pourtant je savais très bien ce qui n’allait pas.
Je n’existais plus.
Je ne me sentais plus vivante.
Je respirais lentement. L’air glacial me fit toussoter et je mes lèvres dévoilèrent un léger sourire. Lilou m’entraîna à sa suite et je la suivis en courant. Elle sautillai, comptant les portes aux hasard, chantonnant des chansons idiotes et farfelues, avec toujours, cet éblouissant sourire aux lèvres. Elle finit par arrêter devant une porte d’une légère couleur grisâtre. Je hochai la tête pour approuver son choix, malgré un étrange sentiment d’angoisse, mais elle pénétra dans la pièce, avec moi à ses cotés.
-Stop… Chuchota t-elle. Leeko, ne bouge plus.
Je commençais à reculer pour ressortir mais elle me retint en attrapant mon bras.
-Qu’est ce qu’il y a ? Demandai-je.
-Regarde…
Je plissais les yeux pour mieux voir et à travers l’obscurité, je les vis : des fils argentés, venant de toutes parts, sans aucune précision, certain d’une largeur étonnante et d’autres, aussi fins qu’un poil.
-Des toiles araignées ?
-Non, répondit elle. Des fils de vie.
Je retins mon souffle et attendit. Elle continua :
-Si tu en brises un, une personne mourra. Tu ne connais pas les trois Parques, Tria Fata, le sort, le fil et… la mort.
-Okay… Que faisons nous ? Dis-je d’un ton étrangement calme.
Elle inspira profondément et murmura :
-Recule doucement. Très doucement. Avec légèreté, lenteur et…
-Ne t’inquiète pas.
Et je commençai à reculer. Un pas, puis un autre. Certains fils m’accrochaient le visage et je devais donc, délicatement, les enlever. Je ne sais pas si certains se sont brisés et je ne le saurais probablement jamais. Lilou me suivait de près, esquivant les filaments argentés avec une extrême finesse… Cela me fascinait.
Soudain, mon pied heurta quelques chose. Je tombai à la renverse et Lilou étouffa un cri. Je fermai les yeux.
J’avais tué.
Tué…
J’entrouvris une paupière timide et une lumière éclatante m’éblouit.
-Tu n’as pas cassé de fils, ne t’inquiète pas. Tu es tombé hors de la pièce, c’est tout !
Elle inspira longuement et reprit :
-Nous avons eu chaud !
Oui… Mais pas seulement nous. Les autres aussi. S’ils savaient que leur vie ne tenait qu’à un fil…