lolo as lolo
Nous nous tenions devant la porte, dans cette pièce bien chauffée, que nous allions quitter pour …pour quoi au juste? Pour l’inconnu, les ténèbres, la peur et même la douleur.
-On y va? demandais-je
-Oui on va pas s’éterniser, répondit Ahna, tu veux finir folle comme Lily?
Je frissonnai. Lily était une exploratrice, comme nous, qui c’était arrêté un peu trop longtemps ici. Le Château l’avait possédé et obligé à faire ce qu’il voulait. Nous avons compris ça lorsque Yann a commencé, hier soir, à entendre des voix lui ordonnant de brûler son carnet à dessin et de nous tuer.
-Oui attend un peu, dit Yann.
Il prit son poignard et, en plus de la croix habituelle, il écrivit « LA PIECE DE LA FOLIE MODERNE ». Cette pièce était désormais nommée.
-Très bon nom, dit Ahna, qui ne savait pas lire, allez on y va.
Elle ouvrit la porte et nous poussa dans un couloir obscur. La porte se referma derrière nous. On y voyait à peine. Je sortis la lampe et l’allumai. Nous fîmes quelques pas et nous arrêtâmes devant un espèce d’immense portail en pierre. Il y avait des lettres gravés sur ce portail:
-« La pièce du couloir obscur », lis-je à voie haute pour Ahna.
Yann avait déjà commencé à dessiner, je me penchai pour voir ce qu’il faisait.
-Yann, soupirai-je, efface moi ça, je lui désignais trois silhouette, qui, même de dos, étaient très reconnaissable, se tenant devant le portail, on est là pour explorer et faire une carte, pas un tableau pour le Louvre.
-Mais…
-Elle a raison, intervins Ahna, si tous les explorateurs commence à se dessiner, la carte ressemblera plus à une galerie de portrait qu’à autre chose. Déjà que tes dessins ne sont pas d’une importance capitale.
Yann soupira. Il prit sa gomme, il dessinait toujours au crayon gris, et nous effaça. Sa grande silhouette maigre et blafarde partit la première, puis se fut au tour d’Ahna, sa peau noire, ses cheveux couleur nuit, ses épaules, ses bras et ses jambes musclés disparurent. Puis se fut à moi, plus petite que les autres de disparaître. Yann rangea son carnet.
Ahna fit un pas dans le couloir. La lampe qu’elle avait à la main s’éteignit. Elle fit un pas en arrière. La lampe se ralluma. Elle la rangea dans le sac:
-Je crois qu’il va falloir y aller à l’aveugle, dit-elle calmement.
Je frissonnais. Cette pièce s’annonçait effrayante. Je ne savais pas encore à quel point j’avais raison.
Nous nous mîmes à avancer en rasant le mur, dans l’obscurité la plus complète. Nous veillions à toujours nous toucher et à toujours toucher le mur pour ne pas nous perdre. Nous avancions à l’aveuglette, tâtant le sol devant nous pour voir si il était solide. Nous avions ramassé des pierres que nous jetions devant nous pour effrayer les rats et voir, enfin plutôt entendre, si elles heurtaient un obstacle. Le silence profond était seulement troublé par des indications que l’on se lançait de temps à autres.
-Attention, il y a une pierre qui dépasse du mur, prévint Ahna.
-Où ça?… Aïe! C’est bon j’ai trouvé, gémit Yann.
Ahna soupira.
-Mais là bien sûr. Tu ne la vois pas? se moqua t-elle.
-C’est pas le moment de faire se l’humour, dit-il.
Je devinais qu’il se tenait les côtes, là où il s’était pris le coup, à une main. Ahna lança une pierre devant nous. Aucun rongeur, si il y en avait, ne bougea.
-Vraiment Yann…dis-je.
-STOP! Arrêtez vous! cria-t-il.
Surprise, je m’arrêtais, le pied encore levé, sans achever mon pas.
-Recule! me dit Yann, affolé.
Je tâtais le sol devant moi avec mes orteils. Il n’y avait pas de sol. Effrayée, je ramenais vivement mon pied vers l’arrière et reculais, bousculant un peu les deux autres car je marchais en tête. Nous étions en face d’un gouffre.
-Yann comment tu as su…lui demandais-je.
-C’est au son qu’à fait ta voix et grâce à la pierre.
Je lui lançais un regard interrogateur, avant de me souvenir que nous étions dans le noir.
-C’est à dire? demandai-je
-C’est à dire que la pierre qu’Ahna a lancé n’a pas fait de bruit. Et puis lors de mon séjour dans les Cachots Sans Lumière, j’ai remarqué que la voix change en fonction de si il y a un mur ou rien devant. Et là tu n’as pas entendu? Il y a eu de l’écho.
Je tremblais encore de frayeur.
-Des fois Yann, je me dis que tu es encore plus inutile qu’un boulet. D’autres je me demande ce qu’on ferait sans toi.
-On va dire que c’est un compliment, dit-il.
-Reste une grande question, intervint Ahna. Comment est ce qu’on va traverser?
Personne ne répondit.
-Bon ben y a pas 36 solutions, trancha Ahna après une longue discussion aveugle, va falloir sauter.
Je déglutis. On avait lancer des pierres dans le gouffre: on ne les avait pas entendues toucher le fond. On avait lancé des pierres pour voir si on atteignait l’autre côtés: on l’a atteint mais on ne savait toujours pas précisément où il est.
-Allez Laetitia, tu y vas, continua Ahna.
-Hein, pourquoi moi!?
-Parce que tu es la plus petite. Si tu y arrives on y arrivera.
-Je suis pas franchement convaincue…
-Tu discutes pas. Tu voulais visiter le château? Tu es servie tu vas peut-être même voir le fond du gouffre, plaisanta Ahna.
Je soupirais et essayait de ne pas y penser pour ne pas m’en fuir en courant. Ahna m’attacha avec une grande corde.
-Comme ça, même si tu tombes, on pourra te récupérer, m’expliqua Yann en faisant un nœud.
Je ne compris pas vraiment comment je me retrouvais à prendre mon élan pour sauter, ni comment je sautai et encore moins comment je me retrouvai de l’autre côté.
-J’ai réussi! criai-je.
Mais je me sentis lentement, doucement, aspiré par le gouffre. Sans pouvoir rien faire je me sentis tomber. Je me mis à crier.