Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DE LA RÉSISTANCE
LA PIÈCE DE LA RÉSISTANCE

LA PIÈCE DE LA RÉSISTANCE

La Chatte qui Pêche as Poussière d’Etoile, aventurière lilliputienne (anciennement La Chatte qui Pêche)

La nouvelle pièce était assez particulière. On aurait dit une banale salle de réunion avec une grande table au milieu, des chaises, et un distributeur de boissons dans un coin, sauf que tout avait été a moitié détruit. Comme si une tornade était passée par là.

Cependant, je ne prêtai pas beaucoup d’attention à l’endroit. J’étais ressortie de l’arène avec la fastidieuse sensation qu’on m’avait menti. Mais pourquoi? Tout m’avait semblé bien réel. Sauf… J’aperçus du coin de l’œil une petite ombre non inconnue se faufiler dans la pièce, juste derrière moi. Cette créature avait prétendu être un recruteur de l’arène, mais si elle l’avait été vraiment elle ne nous aurait pas suivi ici! Voilà expliquée ma sensation de mensonge. Sans trop réfléchir, je me tournai vivement, et d’un brusque coup de coude envoyai par terre l’ombre médusée. Esprit et Ara arrivèrent immédiatement à la rescousse et l’ empêchèrent de se relever. Je sortis mon poignard. Je n’avais aucune intention de la tuer, mais je tenais à être prudente avec le Château. Et je voulais savoir qui était l’ombre en réalité.

« Vous serez bien incapable d’utiliser votre poignard sur moi, dit l’ombre d’une voix étranglée, mais je vais vous expliquer si vous me libérez. » Lisait-elle dans les pensées?

Esprit et Ara la laissèrent aller de mauvaise grâce.
La créature se releva et s’épousseta avec soin avant de parler. On aurait vraiment dit l’ombre d’un humain, toute noire et pas plus grande que moi. Mais si on l’observait attentivement, on distinguait un visage, des traits un peu flous, comme vus au travers de la fumée.

« Je m’appelle Om, lâcha-t-il enfin. Et comme vous l’ avez compris, je ne travaille pas pour l’arène. En fait, j’aurais voulu vous éviter de passer par là. Heureusement, grâce à mon aide, vous avez pu vous en sortir. »

« Grâce à votre aide? » dit Esprit en fronçant les sourcils.

« Croyez-moi, une pieuvre-méduse de ces dimensions n’est pas si facile à battre, dit Om avec un sourire narquois. J’ai crée des courts-circuits pour vous faciliter la tâche. »

« Tout ça pourquoi? » je demandai « Quel est votre intérêt à nous sauver? »

Om soupira. « Je vais vous le dire. Mais d’abord, je dois commencer par votre combat avec le Château. »

Esprit et moi restâmes muettes de surprise.

« La lutte de douze aventuriers contre ce monstre n’est pas passée inaperçue. C’était la première fois que quelqu’un affrontait le Château de cette manière, et réussissait presque à le détruire. La nouvelle a fait le tour des pièces, apportant de l’espoir à toutes les créatures emprisonnées ici. »

Cette phrase me fit réfléchir. Jusqu’à présent, je n’avais pensé qu’aux aventuriers, condamnés à errer pour toujours dans le Château. Alors qu’un sort similaire était réservé à tous les êtres vivants habitant les pièces.

« Certains parmi les plus audacieux ont décidé de se réunir ici-même. J’en faisais partie. Notre rassemblement a été brusquement interrompu, vous devinez par qui… » dit Om en balayant du regard la pièce à demi détruite « mais avant d’être dispersés nous avons juré de trouver un moyen de détruire le Château… pour toujours. »

« En gros, vous dites que vous avez organisé une sorte de Résistance, et que le Château a voulu vous en empêcher » résuma Esprit. « Mais votre histoire ne tient pas debout. Pourquoi le Château ne vous a pas tué tous immédiatement? »

« Nous sommes des centaines à faire partie de notre lutte. S’il nous éliminait, il dépeuplerait l’édifice, et faciliterait le chemin des aventuriers. Cela dit, il a profité de notre rassemblement pour faire irruption et enlever certains des nôtres. Dieu sait quelles tortures il est en train de leur faire subir! »

Je pensai à quelque chose qui me chiffonnait. « Si les habitants du château le haïssent, comment se fait-il qu’ils essayent de nous tuer, manger, écarteler? On devrait s’allier! »

Om fit la grimace. « Eh bien… C’est parfois un instinct naturel, ou les décennies passés ici qui finissent par faire devenir fou. Mais tous ne se comportent pas comme ça! »

C’était vrai. Om reprit ses explications « Quand j’ai été séparé de mes compagnons, je suis allé visiter des créatures que je connais pour leur raconter ce qui s’était passé. C’est alors que je vous croisées par hasard et suivies jusqu’ici. »

« Mais pourquoi? Que voulez-vous, à la fin? Et pourquoi ne nous avoir pas dit tout ça tout de suite, dans l’arène? » s’écria Esprit.

Om la dévisagea gravement. « Vous êtes un précieux atout contre l’ennemi. Si vous acceptez d’aider notre cause, je vous accompagnerai dans votre exploration. Ensemble, nous pourrions convaincre les habitants du château qui encore n’ont pas pris parti de se révolter contre leur geôlier. Quant ‘à l’arène… C’est un lieu bien plus dangereux que vous ne l’imaginez. J’ai trouvé un prétexte pour vous en faire sortir immédiatement. Je voulais vous parler ici, dans cette pièce qui a été théâtre du deuxième Rassemblement dans l’histoire du château. »

Un long silence suivit ses mots. Je me demandai si le croire ou non. C’était tellement inattendu et surprenant… Mais sa voix avait un accent sincère. Et j’avais des petites choses à régler avec le Château. Sans compter que je n’avais pas l’intention de passer toute ma vie dans ses murs! Je me tournai vers Esprit et je vis dans ses yeux le reflet de mes propres pensées.

« C’est d’accord! » on s’écria d’une seule voix.

Om sourit pour la première fois. « Je n’en doutais pas. Alors, commençons par cette porte. Je crois qu’elle renferme quelque chose d’intéressant. »

Avant de passer la porte, je m’aperçus qu’il ne nous avait presque rien raconté de lui-même. Je décidai de lui demander plus de détails, mais ce que je vis une fois entrée dans la nouvelle pièce me fit oublier cette pensée pour le moment…

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