Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DE LA RIVE DE LA RIVIÈRE
LA PIÈCE DE LA RIVE DE LA RIVIÈRE

LA PIÈCE DE LA RIVE DE LA RIVIÈRE

lolo as lolo (nouvelle JBsquatteuse et général en chef)

Mes poumons étaient en feu, ma gorge me brûlait atrocement et j’avais l’impression de pouvoir m’évanouir à tout instant pendant je nageais désespérément vers la surface. L’eau me paraissait trouble, mais j’ignorais si elle l’était vraiment ou si s’était seulement les tâches noires qui dansaient devant mes yeux.
Je finis par décider que je n’en pouvais plus, et j’ouvris avec la bouche. De l’air s’infiltra dans mes poumons, il me sembla que je n’avais jamais rien ressenti d’aussi bon. J’aspirai encore deux ou trois bouffée d’air avant de chercher les autres des yeux. J’aperçus aussitôt Yann qui nageait vers la rive. Il se hissa sur la berge, haletant, sa poitrine montant et descendant à un rythme soutenu. Par dessous son tee-shirt, collé contre sa poitrine par l’eau, on pouvait compter ses côtes. La tête d’Ahna émergea à ma droite.
-Livian! lui criai-je, affolée en ne le voyant nulle part.
-Quoi, Livian? me demanda-t-elle. Elle était à peine essoufflée.
-Il était dans les vapes quand on est tombé! Et je l’ai toujours pas vu!
Ahna me fixa quelques instants, soupira et plongea.
J’attendai impatiemment qu’elle ressorte de l’eau. Les secondes semblaient s’étirer à l’infini. Je savais qu’Ahna avait une apnée incroyable, enfin pour les gens comme moi, et qu’elle pouvait facilement tenir, même si je n’ai pu la chronométrer qu’une seule fois, cinq minutes sans respirer. Elle remonta à la surface après de longs instants. Je la regardai avec espoir. Elle me fit non de la tête, prit une grande inspiration et disparut à nouveau sous l’eau. L’angoisse de l’attente me reprit, me tordant les tripes de sa main de fer glacée. J’aurais pu moi aussi aller chercher Livian. Mais rien qu’à l’idée de mettre la tête sous l’eau, j’étais prise d’une violente envie de vomir et un frisson de terreur me parcourait l’échine. Je me contentai donc de rester là où je me trouvais, battant des pieds pour rester à la surface, malgré une grande fatigue et un besoin de sommeil tel que j’étais sûre de m’endormir dès qu’on me sortirait de l’eau.
Alors que j’étais prête à plonger malgré tout, tellement l’inaction me devenait insupportable, Ahna émergea. Et juste après elle, la tête de Livian apparut. Je nageai vers elle, usant mes dernières forces. Elle se dirigea vers la rive, je la rejoins, et bientôt, Yann nous aidait à sortir de l’eau.
Ahna s’effondra dans l’herbe, les pieds toujours dans l’eau.
-Ça va? lui demandai-je.
Elle ne répondit pas et sa défaillance cessa rapidement. Elle se redressa, s’agenouilla à côté de Livian et se pencha au dessus de son visage, guettant un souffle, aussi ténu soit-il. Après une dizaine de seconde, elle commença un massage cardiaque très… vigoureux. Elle alterna avec du bouche à bouche pendant une dizaine de minutes. Yann et moi attendions, anxieux. Finalement, il se mit à tousser et recracha beaucoup d’eau. Ahna se rassit et Yann et moi soupirâmes de soulagement.
Yann regarda autour de lui, visiblement désorienté.
-On est où? nous demanda-t-il.
-Au bord d’une rivière, je crois, se moqua Ahna.

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