Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE INSPIRÉE DE PRINTEMPS ET AUTRES SAISONS DE LE CLEZIO
LA PIÈCE INSPIRÉE DE PRINTEMPS ET AUTRES SAISONS DE LE CLEZIO

LA PIÈCE INSPIRÉE DE PRINTEMPS ET AUTRES SAISONS DE LE CLEZIO

(Auteur français (espèce d’illettrés !!!^^ (les 3e et +: chhhhhut…)))

J’entrais dans une pièce faiblement éclairée par une lampe en néon, de celles que l’on utilisait avant la seconde guerre mondiale. Je devais longer le mur, car des fenêtres aux volets fermés me faisaient un clin d’œil coquin de leurs abris de bois. Un piano fermé trônait, colocataire involontaire d’une chaise en bois moulue et brisée par le temps, au centre de la salle. Le papier peint, d’un gris sale ternis, était déchiré par endroit, formant de longs rubans de tissus. Quelques temps après, une jeune fille maigre aux habits déchirés entra sur des aiguilles à l’allure inconfortable. Elle portait à ses bras un vieux manteau miteux qu’elle s’empressa de poser sur la chaise. Je vis, plus que je n’entendis, un vieux concierge fermer la porte derrière elle, nous laissant seule à seule. Elle ne semblait pas m’avoir remarquée, aussi émis-je un raclement de gorge discret. Elle se retourna et sursauta. Son air surpris fut très vite remplacé par une débauche souriante.

–Je suis désolée, je croyais être seule.

Je ne dis rien. J’avais été surprise par sa voix mélodieuse, une voix qui mériterait une salle d’Opéra et une tenue plus décente. Je dû la fixer sans m’en rendre compte car elle se mit à se trémousser. Je lui offris un sourire rassurant, n’osant pas parler devant elle.

–En fait, j’étais venue là pour, um, chanter. Est-ce que ça vous dérange si ?…
–Non, bien sûr que non, allez-y ! Si vous voulez, je peux sortir.
–Ça ira, ne vous inquiétez pas.

Sur ce, la jeune femme forma des « ah » et des « oh » afin d’échauffer sa voix. Puis, après de longues minutes où je l’écoutais, ravie, entonner « Mi tradi quell’alma ingrata » de Don Giovanni, des bruits sourds de portes claquant les unes après les autres commença à m’asticoter le cerveau. Je sorti discrètement par la porte. Curieuse comme j’étais, je voulais savoir ce qui causait tout ce remue-ménage. Les bruits se rapprochaient, maintenant plus que des sons indissociables, que pas, portes, serrures, poignés qui s’ouvrent, cris de frustration et, en arrière-plan, le chant suave de la jeune femme.

Autrice : Enfant des mers, sous le pseudo « Enfant des mers »

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