Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LE COULOIR OÙ NOUS LUI AVONS DIT ADIEU
LE COULOIR OÙ NOUS LUI AVONS DIT ADIEU

LE COULOIR OÙ NOUS LUI AVONS DIT ADIEU

lerêveurtoujours?oui,toujours!optimiste as lerêveurtoujours?oui,toujours!optimiste

Cela faisait des jours et des jours que nous errions dans ces couloirs.

Des jours et des jours que je repensais sans cesse à cette bataille. Il y avait eu des morts. Beaucoup de morts. J’avais failli perdre Charlie. Et je n’avais pas revu le garçon. Oh, il avait peut-être été là ! Mais cette bataille…je ne m’étais pas attendue à un tel déchaînement de violence ! A peine avais-je eu le temps de voir les combattants proches de moi.

Comme à son habitude, Charlie marchait avec entrain, et je n’avais qu’à la regarder observer sa main avec ravissement pour me sentir (un peu) mieux….Charlie…que ferais-je sans toi, ici. En sortant de cette pièce maudite où nous avions assisté à l’avènement de cette monstrueuse Créature, Charlie avait….il avait désormais ses deux bras et sa deuxième main . Tout cela continuait de me fasciner.

Nous croisions régulièrement d’autres aventuriers, mais notre méfiance s’estompait de jours en jours, car ils étaient tous comme nous, hagards et fatigués.

Soudain, Charlie stoppa sa course (avec ses toutes petites jambes même pas articulées, il avait toujours l’air de courir).
Il s’appuya contre le mur le plus proche et s’affala tout doucement.

– Charlie, dis-je doucement en m’approchant de lui…ça va ?

Il ne me répondit pas tout de suite.
Je passai ma main tendrement sur sa tête toute lisse.
Cela sembla l’apaiser.

Brusquement, le silence ce fit. Un vent glacial se mit à souffler, se déchaînant dans les couloirs dans un bruit lugubre. Plusieurs portes claquèrent violemment.
J’observais Charlie. Il avait le regard vide.

– Charlie, réponds moi, suppliai-je, qu’est-ce qui se passe ?

Il tourna lentement son visage vers moi. Son éternel sourire, toujours figé sur son visage, s’était effacé.

-Charlie…ta bouche…tu as une bouche !m’écriai-je.
-Je sais Noone, je sais, me répondit-il avec une voix qui n’avait pas changé.

Puis il se tut. C’était comme si sa nouvelle bouche…je ne saurais dire…comme si elle ne lui convenait pas. Mais non, c’était juste cet éternel sourire, qui avait disparu.

-Noone….
-Oui, Charlie.
-Il est parti tu sais.

Je ne comprenais pas, mais il y avait une telle tristesse dans sa voix que je décidais de le laisser prendre son temps. Après tout, nous n’avions rien à faire d’urgent. Il reprit avec une voix presque inaudible.

-Mon créateur…il est parti…

Et deux grosses larmes roulèrent sur son visage.

– Elles ont un drôle de goût, ces gouttes qui coulent des yeux, dit-il tranquillement. Je ne savais pas. C’est bizarre, Je n’aime pas trop ça, tu sais.
– Quoi, pleurer ?
– Non, le goût des gouttes, c’est pas bon.

Et puis sans prévenir, il se releva, se tourna vers moi…son sourire était revenu.

– Noone, avant de partir, il m’a fait un cadeau , tu sais.
– Oui, je vois bien ta nouvelle bouche…
– Non, m’interrompit-il. Sens…

Avant que j’ai pu réagir, il m’avait pris la main et l’avait porté sur son torse. Je le laissai l’appliquer bien à plat….un cœur ! Mon Dieu, un cœur battait dans ce petit corps qui n’existait pas il y a quelques mois seulement.

– On y va ? demanda-t-il ?
– On y va.

Sans nous concerter aucunement, nous nous dirigeâmes vers la première porte sur notre gauche.

– Ensemble, me demanda-t-il ?
– Ensemble, répondis-je

En ouvrant cette porte, je pensai très fort « adieu ». Un adieu adressé au Créateur de Charlie, dont je soupçonnais qu’il avait fait énormément pour moi aussi.

– Non, dit Charlie sans même me regarder…pas adieu…au revoir.

Nous poussâmes la porte et entrâmes dans la nouvelle pièce.

Je pressentais qu’elle serait riche en aventure. Charlie avait raison…il veillerait toujours sur nous, j’en était convaincue.

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