Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE OÙ CHARLIE M’EMMENA, AVANT LE JOUR CAPITAL, AVANT LA BATAILLE
LA PIÈCE OÙ CHARLIE M’EMMENA, AVANT LE JOUR CAPITAL, AVANT LA BATAILLE

LA PIÈCE OÙ CHARLIE M’EMMENA, AVANT LE JOUR CAPITAL, AVANT LA BATAILLE

lerêveurtoujours?oui,toujours!optimiste as lerêveurtoujours?oui,toujours!optimiste

Le couloir. Encore et toujours. Il m’était désormais difficile de choisir une porte : on ne savait jamais sur quoi on allait tomber, et plus notre aventure évoluait, plus les pièces dans lesquelles nous aboutissions étaient …dangereuses ? Affreuses ? Effrayantes ?

Charlie lui-même commençait à manquer d’entrain, depuis qu’il avait eu si peur de me perdre. Cependant, sa nouvelle main accaparait toute son attention, et il ne parlait plus beaucoup.

Nous avions profité de nos déambulations pour franchir un maximum d’étages, et nous étions désormais au 82ème étage du château…du moins le pensais-je.

-Charlie…
-Oui, Noone, répondit-il sans lâcher sa petite main du regard.
-Tu te souviens de ce que je t’ai expliqué au sujet du 83ème étage?

Il y eut un silence, que je n’aurais su interpréter.

-Oui, accepta-t-il enfin de répondre, je me souviens. Mais tu sais, ça a l’air dangereux, cet endroit, et je ne suis pas sûr d’avoir envie d’y aller…

Je sentis que Charlie avait besoin de répit.

-Dis- moi bonhomme…

Oups. Regard noir de Charlie ! Il détestait qu’on l’appelle ainsi

-Excuse- moi Charlie, m’empressai-je de corriger ! Dis-moi, je repensais à la manière dont tu es arrivé ici…tu crois que tu saurais le refaire ?
-Refaire quoi, exactement, demanda-t-il avec un léger soupçon dans la voix ? Parce que je ne veux pas repartir dans mon tiroir, et puis, tu es bien trop grande pour tenir dedans !
-Non, non, pas repartir…juste, comme aucun de nous n’ose pousser une nouvelle porte, je me disais que peut-être, si tu pensais très fort à nouveau à quelque chose, peut-être alors pourrions -nous aboutir dans un endroit…serein !

Si son sourire figé avait pu être plus épanoui, je sais qu’il aurait illuminé à cet instant son visage si peu expressif !

-Oui, oui, ça je peux le faire, je crois…mais…
-Oui ? l’encourageai-je
-Mais comment faire pour que tu me suives à coup sûr ?

Je réfléchis un instant.

-Peut-être qu’en se donnant la main…

Je n’eus pas le temps d’en dire plus. Il me saisit la main, je fermai les yeux et me laissai porter.
Une nouvelle pièce.
Un ciel étoilé. Un soleil brillant. Une plage. Une barque, sur une mer toute calme.

Je compris, et me tournai vers Charlie :

-A quoi as-tu pensé pour que nous arrivions ici ?
-Ca ne te plait pas ? hasarda-t-il tout déçu.
-Si, si, au contraire mais…
-Tu sais, je n’ai pas connu grand-chose au cours de ma courte vie, alors j’ai repensé à cette pièce couverte de graffitis…tu avais l’air si contente au début, quand tu regardais la fresque…j’ai juste modifié quelques détails, j’ai enlevé ce qui t’avait fait si peur…tu m’en veux ?

Pour toute réponse, je lui pris la main, l’attirai vers moi et….mes yeux s’écarquillèrent !

-Quoi ? me demanda-t-il, inquiet .
-Charlie…tes yeux !m’écriai-je…tu as de vrais yeux maintenant !

Il porta sa main à son visage, et son sourire figé sembla presque s’agrandir de joie !

-Oh, dis, de quelle couleur sont-ils ?

Je l’observai plus attentivement.

-Ah, tu es vraiment quelqu’un d’unique tu sais….tu as deux yeux différents ! Un vert émeraude et un bleu profond…c’est très beau, m’empressai-je d’ajouter devant sa déconvenue.

Je m’assis sur la plage, les genoux repliés, le menton posé dessus . Charlie avait bien choisi notre point de chute. Il ne finirait jamais de m’étonner !
J’enlevai mes vêtements, avançai vers la mer et y pénétrai d’un coup. Je ne sais pas combien de temps j’y suis restée, mais quand je décidai de revenir sur le sable, je me sentis apaisée.

Charlie n’avait pas bougé. Il me regardait de ses nouveaux yeux, qui lui allaient si bien .
Je respirai un grand coup, et commençai :

-Charlie…je voudrais reparler de mon projet de monter au 83ème étage…

Il ne répondit pas.

-Je sais que cela te fait peur, continuai-je, mais je crois qu’il faut que nous le fassions.
-Pourquoi, osa-t-il demander, sans grande conviction.
-Tu sais, nous sommes dans une impasse ! Ce château, nous y sommes perdus ! Là-haut, nous allons croiser des gens qui savent plein de choses à son sujet et qui pourrons nous aider !
-Et puis tu crois que tu pourras le revoir là-bas, n’est-ce pas cria-t-il si fort et avec une colère que je n’avais jamais vu chez lui.

Charlie ! Charlie, tu as l’air si innocent, toujours si joyeux et insouciant, que j’en oublie que tu as…est-ce possible…une âme ! Et un esprit beaucoup plus perspicace que ne le laisse supposer ton aspect de tout petit bonhomme.

-Pourquoi as-tu l’air tellement en colère lorsque tu me dis cela ? Oui, c’est vrai, je me fais du souci pour le garçon, depuis que j’ai vu…toutes ces choses ! Et oui, je suis de plus en plus convaincue que là-bas, nos chemins vont se croiser…mais…
-Et quand tu l’auras retrouvé, tu partiras et tu me laisseras hurla-t-il.

C’était donc ça ! Je pris Charlie dans mes bras, le serrai très fort contre moi.
Un long moment passa, sans qu’aucun de nous deux ne parle.

-Tu as peur de te faire abandonner une deuxième fois, c’est ça n’est- ce pas ?
-Oui, fit-il d’une voix à peine audible. Mais…qu’est-ce qui m’arrive, je suis tout mouillé alors que je ne suis pas allé dans l’eau !

Il me fallut une seule seconde pour comprendre :

-Tu pleurs avec tes nouveaux yeux, mon pote.

Nos regards se croisèrent et nous nous mîmes à rire tous les deux en même temps…enfin, je crois bien qu’il riait, mais avec sa bouche figée, il était difficile de l’affirmer !
Nous sommes restés comme ça, tous les deux assis, à savourer cet endroit calme et tranquille, avec son ciel de nuit et son soleil éclatant.

-Tu sais Charlie, le garçon m’a quittée dès notre arrivée dans le château. C’est dans l’ordre des choses, et c’est même pour cela que je l’ai amené ici ! Je veux juste m’assurer qu’il va bien, et lui dire que j’ai trouvé une pièce par laquelle on peut quitter cet endroit, s’il le souhaite. Mais ça ne change rien entre nous, tu sais !

Il ne répondit pas . Mais je sais qu’il avait compris. Il me faisait confiance. Il me rappelait de plus en plus le garçon. Il y a longtemps. Mon Dieu, lui aussi un jour, je devrais le laisser…
Je fis un geste de la main, comme pour chasser cette idée.
Je m’allongeai sur le sable, fermai les yeux . A côté de moi, je sais que Charlie fit de même.

Profiter de cet instant. Tous les deux.
Sans penser à notre prochaine destination. Emerence. La prisonnière.

Profiter de l’instant présent. Tous les deux.
Sans penser au garçon. Serait-il là-bas?

Profiter de cet instant. Juste tous les deux.

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