La Bête et Xaviir
Souffle court, souffle rauque. Le soufre emplit mes poumons et me laisse haletant. Je m’arrête, un instant ou une heure, près d’un gouffre, épuisé. Les hommes ne sont pas loin, ils ne tarderont pas à rattraper ma carcasse vieille et fatiguée de bête blessée. Sauf si le Traqueur me sauve. Je me retourne, soudain alerte. Une ombre se faufile parmi les ombres. Je m’accroupi.
« Bonsoir, Traqueur.
– La Bête ? Quelle surprise ! Hin, hin, hin !
– Général Xaviir, ne vous moquez pas de moi !
– Mon enfant… Que fais-tu là ?
– Je suis en mission… je suppose.
– Tu es en mauvaise posture ? »
Il semble seulement s’apercevoir de ma blessure.
« Oui… »
Dans un récit entrecoupé de mes râles de douleur, je lui explique ma situation et… ma crainte.
« Il ne faut pas qu’ILS viennent sinon…
– Sinon tu es perdu. »
Un animal blessé, enragé, ne nous serait d’aucune utilité. Mais c’est si dur de réprimer ce que je suis ! Cela fait des mois que le Traqueur m’a pris en affection et m’enseigne ce qu’il sait. Depuis, mes crises sont moins régulières et moins longues. Cela devrait me rassurer pourtant… c’est une part inhérente à ma personne donc je me demande parfois ce qu’il veut.
« Qu’allons nous faire ?
– Que vas-TU faire, veux tu dire ! Nous ne t’extraderons que quand tu aura trouvé le « secret » !
-Mais quel secret ? »
Il ne me répondra point. J’étais si heureux quand j’ai vu que le Clan des Traqueurs m’autoriser à passer le test ! Si j’avais su que c’était si dur !
Le Général disparaît dans le bois d’arbres faméliques, profitant de la nuit noire comme ouverture. Mais même la pleine lune ne me permet pas de le repérer. Le Caméléon est passé maitre dans l’art du camouflage.
Il me faut désormais trouver le « secret ». De quoi ? Je n’en sais rien. Peut-être les paysans le connaissent. Comment faire ? Peut-être en LEUR faisant appel. Au risque de ne plus rien maitriser. Tant pis. ILS sont les seuls qui peuvent m’aider. En faisant de moi La Bête.
« Gardiens ! A moi ! »
ILS sont en moi, se partageant chaque parcelles de mon corps. Mais cette fois, ILS ne gagneront pas.
…
Enfin, ILS m’obéissent. Pour si peu de temps ! Je dois faire vite et, heureusement, le Changeforme est un don qui ne s’oublie jamais. Que je maitrise à la perfection.
Un simple ermite pour faire face aux paysans.
» Brave homme ! Tu n’as pas vu une bête terrible venir par là ?
– Non mes bons amis. Je cherche le village de Batislàvà. Vous savez où…
– Mais c’est chez nous ! De toute façon, il se fait tard, nous ne pourrons pas la pister dans la nuit. Venez avec nous ! »
Arrivés au village, nous nous réchauffons au coin du feu jusqu’à ce qu’un vieil homme me conduise à une vieille cabane.
A l’intérieur ne se trouve qu’un vase rempli de terre et une plume. Ainsi qu’une lettre.
« Mon fils, choisis bien. A ta droite, la terre régénératrice. A ta gauche… le ciel élévateur. Qui choisiras-tu ? Voilà le « secret »
Fais attention et tu seras ce que tu dois être »
Ce que je dois être !? Je me sens si faible face à EUX et… voilà qu’ILS regagnent du terrain. Déjà j’ai perdu, si vite, si vite…
Sang. La Voie du Sang. Tuer. La Voie du meurtre. NOUS sommes. Ni de terre, ni d’air. De sang.
Il a remonté sa manche et s’est ouvert la veine. Ainsi ILS sont revenus ? Parfait ! S’il choisit le sang (enfin !) c’est qu’il est prêt. Ravi de t’accueillir au Clan, mon fils. L’hélico arrive. Tiens bon. Il te reste tant de choses à vivre !
Autrice : Shvimwa, sous le pseudo « Shvimwa »