Pour la première fois depuis de longues semaines, je souris.
Je la détaillai rapidement la jeune fille qui me faisait face. Étincelle était grande et fine. Ses cheveux avaient à peu près la même taille que les miens, mais étaient plus foncés. Son visage était harmonieux, ses traits fins. Elle m’inspira tout de suite confiance.
-« Tu as raison, acquiesçai-je. Nous serons plus fortes ensemble.
-Alors… Alliance ?
-Alliance !
Nous nous sourîmes.
-Tu sais, m’avoua-t-elle, c’est la première fois que je rencontre quelqu’un depuis… très longtemps. Je suis heureuse de t’avoir rencontrée, je n’en pouvais plus de cette solitude… J’ai bien mon épée et mon arc mais… rien ne vaut une compagnie humaine !
-C’est vrai ! J’ai rencontré des monstres, des esprits, des lutins… Mais pas une seule personne ! C’est agréable de parler à quelqu’un d’autre de soi-même, dis-je en souriant. D’ailleurs…
Je sortis alors de mon carquois de cuir brodé une longue flèche de bois à la pointe métallique, empennée d’une plume grise et rouge. Je lui mis entre les mains.
-« Prends-la. C’est pour te remercier de ton aide et sceller notre alliance. »
Je vis son visage s’émerveiller.
-« Elle est très belle… Merci, Ourite, sourit-elle. »
Elle la tourna entre ses doigts longs et fins, puis finit par la ranger dans son sac. Elle me tendit alors un de ses couteaux, que je n’avais pas vraiment regardés jusqu’à présent.
-« A moi de t’offrir quelque chose. C’est l’un de mes couteaux à lancer. »
Je le pris délicatement. Il mesurait environ une grande main, et était étonnamment léger. Le poignard était finement ciselé : d’élégants entrelacs s’enroulaient sur la garde, et finissaient se fondre dans la lame tranchante. Je regardais de plus près les fines sculptures, et découvrit alors qu’elles représentaient… des flammes ! Avec la lumière qui régnait dans la pièce, j’avais l’impression que ces flammes dansaient, crépitaient. Il était magnifique.
-« Les flammes, sur ton poignard… Elles ont un rapport avec ton prénom ? »
Étincelle se contenta de sourire mystérieusement.
-« Montre-moi ton bras, tu m’as dit que ce monstre rouge t’avait blessée… »
Son sourire énigmatique et son changement de sujet me firent sentir qu’elle n’avait pas l’intention de m’en dire plus sur elle pour l’instant. Je rangeai le poignard dans ma besace de toile.
« Tu t’y connais, en médecine ? lui demandai-je.
-Un peu…, fit-elle modestement. »
Ses joues rosissantes m’indiquèrent le contraire, mais je ne relevai pas.
Nous nous assîmes sur un gros rocher. Je lui tendis mon bras, ce qui me fit grimacer. Elle arracha d’un geste précis et rapide le tissu ensanglanté qui recouvrait mon bras, et regarda d’un œil expert ma blessure. Je lus sur son visage que ça n’était pas beau à voir…
Je la vis fermer les yeux, se concentrer. Ses cheveux bruns tombèrent en rideau devant ses yeux. Elle rassembla ses mains pour former une petite coupe. J’allais lui demander ce qu’elle faisait, lorsqu’une lueur blanche apparut au creux de ses mains. De la magie ! Étincelle écarta ses mains, et la sphère lumineuse se divisa en deux. Elle plaça une main de chaque côté de mon bras. Une sensation de froid envahit mon bras, mais ça n’était pas désagréable, au contraire. Les boules de lumière éclairaient mon visage émerveillé. Petit à petit, la douleur refluait de mon bras.
La lumière commença à s’affaiblir, puis s’éteignit. Je regardai ma plaie.
Le sang avait disparu, la chair n’était plus si horrible à regarder. La magie avait presque entièrement guéri ma blessure.
-« Merci, Étincelle…
-Ça n’est pas grand-chose pour moi, c’est un simple enchantement de guérison. »
Un peu gênée, je me relevai.
-« Je pense qu’il serait temps de repartir, il n’est pas bon de rester trop longtemps dans une pièce. Il pourrait très bien y avoir d’autres monstres.
-Tu as raison, me répondit-elle. Tu as exploré beaucoup de pièces avant celle-ci ?
-Non… Seulement quelques-unes. Et toi ?
-Ça fait longtemps que j’erre de pièces en pièces…Alors oui, je pense. »
Étincelle ramassa ses affaires.
-« Il faut trouver la porte…, reprit-elle.
-J’en ai aperçu une, juste avant que le monstre apparaisse. Elle ne doit pas être loin… Je pense que je peux la retrouver assez facilement.
-Dans ce cas-là, je te suis ! »
Le chemin était bien tracé, et nous n’eûmes aucun mal à le parcourir en sens inverse.
Nous marchâmes quelques minutes, puis la porte apparut.
Nous nous approchâmes. La porte était très haute, métallique. Imposante.
J’encochai une flèche sur la corde de mon arc, et Étincelle sortit son épée.
Du plat de la main, elle poussa le battant gauche de la porte. Étonnamment, Il s’ouvrit sans difficultés.
-On y va ?
-On y va…
Nous entrâmes.
Autrice : Ourite, sous le pseudo « Ourite »