Pièce n°1397
Éléa
Cette pièce est tellement éblouissante ! Des miroirs et des lumières vives, comme des reflets de l’âme et des chemins à suivre…
Ma rencontre avec Rayon m’a terrorisé mais j’ai décidé d’avancer. L’Espoir. Toujours. Le Château… Il m’a volé mon frère, mon mari et mes enfants. C’est pour eux que je veux me battre ! Tant qu’il sera un danger pour moi et ma famille, je lutterai. Ensuite je pourrais partir.
« Partir ? Fuir ? Hahahahaha !
– Qui parle ? Qui est là ?
– Personne… Juste Moi ! »
Un homme drapé de blanc, une toge romaine sans doute, est sorti de nul part. Ses reflets fleurissent dans la salle et soudain je ne sais plus qui est reflet et qui est homme. Il n’est pas, ou plus, humain et son masque de haine déforme ses traits. Il aurait pus être beau sans sa colère et l’âge qui le flétrit. Il me semble connu, pourtant je ne me rappelle rien de lui.
« Bienvenue dans ma salle de méditation… Je suis si heureux de vous’avoir avec moi !
– Je n’en peux plus de tout ces mystères. Qui êtes-vous ? Vraiment ?
– Je… suis… votre… père… !
Non, bien sûr que non, elle ne doit pas savoir qui je suis.
Il serait dommage que vous preniez peur, n’est ce pas ?
– Je n’aurais pas plus peur que maintenant.
– Je suis le Maître des lieux. Le Seigneur . L’hôte.
– Le… le Châ… »
Tétanisée. Juste tétanisée. Il est venu me voir ! Moi ! Pourquoi ? Que me veut-il ?
« Rien, rien mon enfant. Je ne vous veux rien du tout. »
Alors que fait-il là ? Tout devait donc finir ici ? Le Père… Il m’avait promis que je reverrais mes enfants !
« Vos enfants ? Ah que ces humains sont faibles ! »
Je les vois. Pénibles fantômes qui jamais ne rient. Ils trainent leurs chaînes dans des bruits d’épouvantes, leurs corps translucides transpercent murs et cloisons. Rien n’arrête ce spectacle infâme. Ils pleurent. Shvimwa, forte et courageuse. Plitza, fragile et rêveuse. Orgonn, ambitieux et haineux. Ils pleurent et leurs sanglots me fendent le cœur. Qu’importe mes malheurs s’ils souffrent, qu’importe mes peines s’ils sont tristes. Qu’importe ma mort s’ils vivent. Qu’importe mon existence s’ils meurent. Ils sont les joies de mon être et rien de les éloigneras de moi. Où sont-ils ? Pourquoi ne viennent-ils pas près de leur pauvre mère ? Où vont mes jeunes enfants ?
« Ils sont près de moi, très chère. En mon pouvoir.
– Non !
– Voyons, ne pleurez pas!
– Vous mentez. Vous mentez. Vous êtes un monstre sorti de l’Enfer ! Vous MENTEZ !
– Non, douce enfant, je ne mens pas. Surtout pas à la mère de ces chers petits.
– Que leur avez-vous fait ? Ils ne peuvent pas vous avoir choisi !
– Votre frère m’a choisi. Votre mari m’a choisi. Vos enfants m’ont choisi. A vous de choisir, aujourd’hui. Ce Père impotent, faible et vieux. Ce dieu omniscient, imposant et fringant que je suis. La déchéance ou le victoire. L’oubli ou l’éternité !
– Jamais. Jamais. Jamais je ne pourrais VOUS choisir. Jamais ! »
Il est parti. Enfin. Mais il sera pour toujours présent en moi car ses mots m’ont marquée. Toujours je douterai de ce Père décati. Toujours je redouterai les retrouvailles avec mes enfants. Que l’un d’eux m’ai trahit et je remettrai en doute mes certitudes.
Un miroir s’illumine soudain et se pare de bleu. Je m’en approche. Je vois en face ni mon visage souillé de larmes ni la marque du Château. Je vois un pré vert, joyaux, tendre, paisible. De quoi repartir sur de bonnes bases.
Autrice : Shvimwa, sous le pseudo « Shvimwa »