Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LE LABYRINTHE DE CURIOSITÉ
LE LABYRINTHE DE CURIOSITÉ

LE LABYRINTHE DE CURIOSITÉ

Arthus

Je suis obligé de marcher de biais pour que mes épaules ne frottent pas sur les côtés. De part et d’autre, sur des étagères si hautes qu’elles doivent toucher le ciel, des objets si divers et variés qu’il est impossible de les classer sont alignés. Quand je dis qu’il y a de tout, il y a réellement de tout. Ça me fait penser aux cabinets de curiosité que l’on m’a décrits. Hétéroclites et pourtant uniformes dans leur étrangeté. Face à cette abondance et l’étroitesse des lieux, il serait facile de croire qu’il fait sombre. Au contraire, par d’habiles stratagèmes que je parviens à voir, la lumière entre ici, se reflète, et se propage pour éclairer mes pas et le décor.

Je suis fasciné, renvoyé aussi en enfance que dans des contrées étrangères que je ne connais pas, et ne pourrais jamais connaître. Chaque chose a un aspect de souvenir, un je-ne-sais-quoi de sacré qu’il me semble important de préserver. C’est pourquoi je m’applique à ne rien toucher, ni même effleurer, et surtout, surtout, à ne rien faire tomber.

Toucher avec les yeux.

Maîtres mots que j’applique. Que la tentation est parfois forte de ne serait-ce que frôler du bout du doigt ces textures soyeux, rêches, froides, douces, dures, lisses, moelleuses, que sais-je ? Il faut que je continue de poser un pied devant l’autre, toujours, sans relâche, sous peine de m’arrêter et de ne jamais repartie, cédant aux caprices de mes mains.

Mais j’ai beau errer dans ces étroites allées, aucune porte ne semble se dessiner à l’horizon. N’y a-t-il pas de sortie ? Ou est-ce que cette pièce est si grande que je suis loin d’en voir le bout ? Non, s’il y a une entrée, il y a forcément une sortie. Alors je m’arme de patience et de courage et je continue ma progression.

Elle est si bien dissimulée, et moi si fatigué, que je manque de ne pas la voir. Le panneau de bois disparaît derrière une plante qui étire ses lianes pendantes depuis les hauteurs jusqu’au sol. Après un dernier regard sur tous ces trésors, je la franchis.

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