Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
L’ÉTENDUE D’EAU OÙ JE ME SUIS NOYÉ
L’ÉTENDUE D’EAU OÙ JE ME SUIS NOYÉ

L’ÉTENDUE D’EAU OÙ JE ME SUIS NOYÉ

Ailes d’Ange (Aile 2) as Loan

S’il fait d’abord si sombre qu’il m’est impossible d’y voir quoi que ce soit, plus je m’enfonce, plus j’y vois clair. Ceci défie toute logique, mais ce n’est pas ma préoccupation première. Car pour le moment je m’interroge sur comment je vais faire pour respirer dans la minute qui arrive. L’idée de remonter m’effleure mais je l’écarte. Je pressens qu’il n’y a aucune sortie à espérer par là d’où je viens d’entrer. Quelle idée d’avoir plongé… L’une des pires que je n’ai jamais eues. Et incontestablement la dernière que je n’aurai jamais. Les mains plaquées sur la bouche pour retenir les bulles qui s’échappent de mes lèvres, je scrute les alentours. Rien que le bleu profond de l’eau. Dans ma poche je ne sens pas le lutin remuer.

Un mouvement sur ma gauche attire mon attention. Quelque chose se rapproche. Alors que je concentre mon regard pour discerner ce dont il s’agit, la forme se meut si vite que je ne peux la suivre du regard et sort de mon champ de vision. Je me retourne pour la retrouver mais le même manège se reproduit encore et encore. Impossible de voir plus d’une demi-seconde ce qui m’approche à toute allure. C’est bien trop peu pour deviner s’il s’agit d’un ennemi ou d’un allié.

Les battements de mon cœur s’accélèrent à mesure que la distance entre la chose et moi diminue. J4ai beau pivoter aussi vite que je peux, elle est plus vive encore. La durée de ce petit jeu se compte en secondes, secondes durant lesquelles je consomme l’oxygène de mes poumons, ce qui les étend à une éternité à mes yeux.

Ça y est. J’étouffe. Je n’ai plus d’air. Je ne peux plus retenir les bulles qui s’élèvent vers une surface lointaine et inaccessible. Quelque chose s’enroule autour de mon torse, de mes bras. Je devine un tentacule sur ma poitrine. Un poids dans mon dos m’entraine vers les profondeurs. J’ai ma réponse. Ennemi. Ce n’est pas grave, ça n’a plus d’importance. Je renonce à lutter et à me débatte et me laisse aller. Mes poumons me brûlent mais je lutte encore pour ne pas respirer de l’eau. La pression des tentacules qui m’enserrent croissent au même rythme que celle de l’eau qui me surplombe. Ma vision se floute. Je me sens partir. Je… Je ne voulais pas finir comme ça. Un nouveau tentacule se pose en travers de mon visage, recouvrant une partie de mon œil droit, mon nez et ma bouche. Au point où j’en suis…

Et je respire à nouveau.

Par un miracle que j’ignore, je respire. A moins que ce ne soient les derniers délires avant la mort. Ma vision s’éclaircit dans un dernier sursaut et ce que je vois m’ébahit. Je quitte l’eau. Et tombe.

 Auteur : Ailes d’Ange (Aile 2) sous le pseudo « Loan »

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