Je tente d’ouvrir mes yeux boursoufflés. Je grelotte. Là où je me trouve, il fait froid et humide. Une odeur nauséabonde flotte, me pénètre jusqu’au tripes et une fois de plus je suis prise de violentes nausées. Je me roule sur le côté juste le temps d’éviter de me vomir dessus. Le bruit émis par mes contractions gutturales résonne dans toute la pièce, toutes les pièces. Un sentiment de solitude extrême m’envahit tandis que je prends petit à petit conscience du lieu.
A tâtons, je me tire vers une position assise et m’adosse à ce qui paraît être un mur. Mon corps me paraît comme brisé et mes vêtements sont en lambeaux. Mon cerveau comme ouaté ne me permet pas une récollection immédiate des évènements de la veille mais j’ai la distincte impression que je ne suis pas là au hasard.
Subitement j’ai la sensation que je ne suis pas seule. Une légère brise parcourt mon corps dénudé. Je ne grelotte plus, je frisonne calmement. Étrangement, alors que je devrais sans doute être terrifiée, mon système neural sympathique ralentit ; Je perçois mon corps avec une extra-lucidité enivrante. Mon cœur martelant ma poitrine avec dureté il y a encore quelques secondes, ralentit et prend la texture d’une éponge. Le sang qui y fait escale est donc essoré avec douceur et coule paisiblement dans mes artères et veines qui s’enlacent. Mon souffle devient mélodieux et réchauffe l’air environnant de plus en plus glacial. D’ailleurs, ma bouche et mes poumons ne sont plus les seuls vecteurs d’oxygène, mon corps dans son intégralité semble respirer par chaque pore.
Mon conscient me suggère qu’il s’agit sans doute d’un rêve, peut-être même un état de torpeur précédant une mort certaine. Mais je refuse, je balaye cette idée vers les abysses.
Tandis, que mes sens semblent s’affiner encore et encore, un chuchotement quasi imperceptible se glisse le long de mon conduit auditif pour venir imprégner les méandres de mon inconscient avec un unique message.
Suis ton intuition…
Autrice : Sophie Wilford sous le pseudo « Sophie Wilford »