Pièce n°1806
Écrite par Le Cadavre Exquis
Une odeur étrange envahit mes narines alors que j’entre dans cette nouvelle pièce. C’était comme un mélange d’œuf, de mayonnaise rance et de détergent. En plein milieu de la pièce… Un saladier, une salière et un poivrier. Enfin j’espère. Ils font ma taille. À l’autre bout de la pièce, un app*, limite désagréable…
« Alors c’est bon ? C’est prêt ou quoi ? »
Intérieurement, je me demande : « un app ? Mais qu’est-ce que c’est que cet être étrange ? Je n’en avais encore jamais vu… » D’ailleurs, qui m’a dit qu’il s’appelait app ? C’est idiot comme nom, on dirait un truc qui vit sur les écrans de smartphone. Et tout le monde sait que le seul truc vivant sur les écrans de smartphone, c’est le biofilm microbien qui se nourrit de la graisse et des particules de peau que nous y déposons !
« OHÉ !! C’EST PRÊT OU QUOi ??? » Damn… Le truc s’impatiente. Faut que je fasse quelque chose là.
« … J’AI FAIM !!!! FAUT QUE JE ME DÉPLACE ? VRAIMENT ????? »
Il n’est pas très poli. Je lui jette donc la salière, histoire de lui apprendre la politesse. Pourquoi la salière ? Parce que le saladier est trop lourd, voyons ! Et puis, entre nous, il faut dire que ce qu’il y a dans le saladier me fait envie. Je préférerais autant manger son contenu moi-même. La nourriture gratuite, ça se trouve pas souvent dans ce château…
Je n’aurai pas du faire ça. Dans le fond de la pièce, une masse imposante se déplace… Vers moi. Il y a un vilain son visqueux qui se répand un peu partout. L’odeur rance s’intensifie aussi. Je me rue sur le saladier pour l’attraper avant de courir à toutes jambes vers l’autre extrémité de la pièce. L’ombre ne cesse de grandir, grandir, grandir… Et je me rends compte que je n’entends plus le fameux app demander à manger… Le saladier m’écrase à moitié, j’approche enfin de la porte, je cours, je cours…
et me retrouve éjecté-e dans la pièce suivante. Sans mon énorme saladier, resté coincé dans l’embrasure. Au moins, ce monstre ne m’atteindra pas. J’ai heureusement eu le temps d’en manger la moitié, car j’avais très faim ; une délicieuse mousse au chocolat, si douce et fondante, parfait pour courir partout dans cet endroit merveilleux. « alors, on l’explore cette nouvelle pièce ? » demandais-je à l’aventurier qui venait d’apparaître.
*Note de bas de pièce : un app est une créature qui se définit par son immense appétit. Son espèce est censée être éteinte depuis un peu plus de 2000 ans. Par le passé, les apps ont dévoré tellement d’êtres humains qu’une partie de la population a développé un gène qui permet de les reconnaître immédiatement (mais pas forcément de se souvenir de leur dangerosité).
Cette pièce est une œuvre collective écrite par des membres de l’association, dans le cadre du cadavre exquis proposé à la communauté WhatsApp du Château.
Message de la vraie vie : je tenais à le dire en tant que petit bout du cadavre (le coude gauche), l’app est une erreur de non relecture. Il s’agissait bien d’écrire appel. Mais sur smartphone, avec des doigts tentacules, des yeux et un cerveau paresseux, pif… l’appel est devenu app et l’histoire a dévié. Et si ça se trouve, l’Histoire tout court en a été changé. Mmh, j’espère m’être bien relu, dans ce commentaire…
C’est d’autant plus rigolo ! Et ça va bien avec la règle : une fois écrit, on ne peut pas corriger sa pièce 🙂
Je n’avais pas du tout deviné quel était le vrai mot haha, et ce n’est pas faute d’avoir cherché ! Vivent les fautes de frappe 😀