LA PLAINE, L’INCONNU
LA PLAINE, L’INCONNU

LA PLAINE, L’INCONNU

Pièce n°1805
Écrite par Aztran Maist

Je sort le plus vite possible de ces escaliers de l’enfer et referme la trappe. Je suis essoufflé. Je m’assoie dessus sans réellement espérer que mon poid retiendra le monstre. Pourtant celui-ci n’essaie même pas de l’ouvrir. J’entend son grognements grave et déformé, il reste en dessous de moi quelque minute puis, plus aucun bruit. Il est parti.

Je m’allonge quelque temps pour reprendre mon souffle “putain mais c’était quoi ça?”. Je regarde le ciel, il est pourpre, sans soleil. “Ciel jaune, ciel pourpre, ce sera quoi après? Vert, violet, rose?”.

Après m’être suffisamment reposé pour pouvoir respirer normalement je me relève. “Bon, allons voir ces montagnes”.

Une plaine… juste une immense plaine à perte de vue. Pas une seule montagne, rien que de l’herbe verte, semblable à celle des collines de ma chère et tendre Nouvelle Angleterre. “Bordel de m*****, le truc m’avait dit d’aller trouver des montagnes, à la place il n’y a que du vide”.

Ne sachant où aller je me mets à marcher dans une direction au hasard.

L’herbe est bizarre. Quelque chose ne va pas. Je me penche et voit que là où se posent mes pieds il n’y a que de la terre. Je lève mon pied droit, l’herbe vient se mouvoir, s’agglutiner en dessous de lui, recouvrant la terre. Je repose mon pied et l’herbe s’échappe. Je me baisse et regarde plus attentivement, on dirait de petits et fins vers. Je pose ma main gauche et là encore elle bouge pour ne laisser la place qu’à de la terre. “Où est-ce que j’ai encore atterri?”.

《Tu n’arrivera pas à la toucher, c’est impossible pour un petit être insignifiant comme toi》dit une voix d’un air moqueur dans mon dos.

Je me retourne mais il n’y a personne.

《Laisse tomber petite chose, personne ne peut me voir》

Là encore ça vient de derrière moi. Je me retourne plus rapidement. Rien. Puis un rire – derrière moi, évidemment. “Il me dit quelque chose ce rire”.

《Comme je dit, petit être inférieur, tu ne peux me voir. Et si tu y arrivais, tu t’en arracherais les yeux. Il paraît que je ne suis pas très déplaisant à voir.

– Qui êtes-vous?

– On me donne plusieurs noms. Mais celui qui revient le plus est l’Inconnu, de ce fait appel moi co…》

Je me retourne, pensant le prendre au dépourvu. Rien. Encore une fois. Et ce rire moqueur réapparaît dans mon dos.

《Oh! Tu veux jouer, petite chose infime. Alors on va jouer》. La dernière phrase avait été dite sur un ton machiavélique.

Soudain je sentis des doigts se poser autour de mon cou. De fins et longs doigts, squelettiques. Et beaucoup trop pour qu’ils puissent être humains. Sûrement huit pour chaque main. Il serait de plus en plus fort. Je commençais à me débattre, mais la Chose était beaucoup plus forte que moi et me maintenait en place. Puis, il me poussa vers le bas, me mettant à genoux. L’étau se desserra. Les mains disparurent. Puis j’ai reçu un petit et doux tap tap sur la tête, accompagné du rire moqueur.

《Je crois que j’ai gagné Voyageur. J’ai toujours était plus fort que toi de toute façon》

Je repris difficilement ma respiration, mon cou me faisait mal, ma trachée avait été broyée. Je cracha quelques glaires rougeâtres.

《Hmmm. J’y suis peut-être allé un peu fort. Excuse moi si tu le veux bien》

Je sentais ses yeux braqués sur moi. Me dominant.

Je me remit difficilement debout. Tout en ayant la respiration sifflante.

《Bien. Si tu veux, nous allons reprendre notre discussion. Je suis l’Inconnu, un des Anciens, comme le vieux fou qui se fait appeler le Sage. Que tu as déjà rencontré par ailleurs. La chose que tu as croisé dans l’escalier n’est rien comparé à nous. Ah! Au fait, je te suit depuis le début, et tu es remarquable. Remarquablement faible. Je t’ai connu plus fort dans le passé. Ou le futur je ne sais plus. Peut être les deux?》

Son rire résonna une nouvelle fois.

Oui, ça me revenait, ce rire, c’était le même que j’avais entendu derrière la porte de la pièce aux sculptures.

《Pourquoi vous m’appelez tous Voyageur. Et pourquoi vous dites me connaître. Je comprend rien putain! Criais-je d’une voix enrouée.

– Ah! Le Masqué est vraiment un cas perdu. Il ne sait pas faire le moindre petit boulot qu’on lui donne. L’Incapable, c’est comme ça qu’on devrait l’appeler. J’aimerais bien t’expliquer, ça me ferait plaisir de te détruire l’esprit, te torturer mentalement, c’est, je trouve, plus jouissif que de briser des os. Mais je dois partir, la nuit arrive. Et même moi je ne peux résister à tout. Cours petite chose. Va te réfugier dans la Tour. Cours pour ta misérable vie》.

Il se remit à rire, rire qui se dissipa lentement.

Qu’est-ce qu’il avait voulu dire?

Je regarde le ciel. Il était devenu violet. C’était donc ça la nuit ici?

Je fit un tour sur moi-même. “Qu’est-ce que ?” Une tour était apparue derrière moi.

Soudain, j’entendis un cri strident, me faisant horriblement mal à la tête. Je me couvris les oreilles avec mes mains. Je me suis retourné vers l’endroit d’où il provenait. Au départ, je ne vis rien. Puis, sur une petite zone, l’espace était déformé. Et cette zone se rapprochait de plus en plus. La déformation devint de plus en plus grosse. Puis un trous noir apparu en son centre. Une immense bouche aux dents longues comme mes bras en sortie. Dans le fond de cette bouche, il y avait une couleur indescriptible.

Je me retourne et me mets à courir. La tour. Là. Apparu en plein milieu de la plaine. Il fallait que je la rejoigne le plus vite possible.

Le cris retentit une nouvelle fois, bien plus fort. Je suis tombé à terre comme si je venais de me prendre le souffle d’une explosion. En me relevant maladroitement et sonné je me suis retourné et je vit plusieurs énormes bouches me poursuivre, tout en créant un mur de distorsion.

J’atteins la porte de la tour et l’ouvre en me précipitant dedans, littéralement les enfers au cul.

auteurice : Aztran Maist

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4 commentaires

  1. J’adore le « Tu es remarquable. Remarquablement faible » !
    C’est effectivement hyper dense, prenant, avec un lore qui dépasse le lecteur et des êtres menaçants particulièrement bien construits et effrayants. J’aime beaucoup cette histoire de ciel, jour/nuit et trou noir.

    1. Aztran Maist

      Salut,
      Merci du retour. Et content que ça plaise.
      Pour être honnête, je suis tout aussi perdu dans le lore. Je connais le début, la fin. Mais entre idk. J’écris par paquet de 3, 4 ou 5 pièces, puis je laisse le tout mijoter pour voir où ça va aller – même si, bien évidemment, j’ai une idée générale.

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