LA PIECE OU JE MENACE UN FENOUIL
LA PIECE OU JE MENACE UN FENOUIL

LA PIECE OU JE MENACE UN FENOUIL

Pièce n°1830
Écrite par Le Cadavre Exquis
Rédigée lors d'un atelier d'écriture

– Alors, on l’explore cette nouvelle pièce ? » demandais-je à l’aventurier qui venait d’apparaître.

Je vois le nouvel aventurier vaciller, s’estomper, puis clignoter vaguement comme un vieux lampadaire. Je n’ai pas le temps d’être surpris. Il s’évapore en quelques secondes dans l’air, dans un dernier souffle semblable à la voix glauque d’une ancienne peluche qui parle.
« L’espace de stockage est pl… plein… veuillez libérer de les… pace »
Je souffle, excédé. Encore cette satanée obsolescence programmée ! J’en ai trop marre… heu, qu’est ce que je raconte ? Quelle obsolescence programmée ? D’où me vient cette pensée ?
Je n’ai à nouveau pas le temps de réfléchir : l’aventurier réapparaît et l’image se stabilise. Ah, enfin ! Je vais pouvoir lui reposer ma question.

– Enchanté, cher explorateur ! A tout hasard… avez-vous déjà rencontré quelqu’un dans ce Château qui vous aurait déclaré « Rejoins-moi, ou meurs. » ?

– Heu… non, pourquoi? Enfin, je ne crois pas… je suis un peu tête en l’air des fois, il ne faut pas m’en vouloir… Oulala, ça fait peur ! 

– Et si je vous posais la question ? « Rejoins moi, ou meurs ! » J’attends votre réponse. Vous avez dix secondes…

– Je te rejoins. Attends… c’est un un inclusif ou exclusif ?

– 9… 8… 7… 6… 4? 12? Mince, j’ai un trou ! Attendez, je recommence. 9, 8, 7… 6, 5, 4, 3, 2… 1 !

BOUM !!
Un grand vacarme accompagné d’une fumée blanche épaisse me fait sursauter et reculer vivement. Quand le voile blanc se dissipe enfin, je constate que l’aventurier a changé d’apparence. Ce n’est plus un humain, c’est…

Un fenouil. Un énorme fenouil qui se dandine stupidement. Cornebidouille ! Est-ce donc ainsi que ma première tentative d’embrigadement va échouer ?

Si seulement je l’avais transformé en céleri, j’aurais pu le mettre dans mon couscous !

Vraiment, je pensais le Château plus sérieux que ça… À moins que ce soit un piège. Détourner mon attention par une chose ridicule pour endormir ma méfiance. Ah ça, non ! Le Château ne m’aura pas ! Je suis sûr·e que c’est une épreuve initiatique !

– Hin hin hin you are mine now. Je vous ai bien trumpé

Quoi…? Ce fenouil… ricane ?? Parle ?? Il m’a eu·e !

Je le trouve subitement très séduisant.

Alors je m’approche de lui, toute peur envolée, et je lui dis :

– Si on devient aussi beau quand on travaille pour le Château, alors je commence immédiatement ! Que dois-je faire ?

Le fenouil cesse un instant de se dandiner pour me répondre : « Creuser. »

Je le considère, interdit, mes yeux faisant la girouette entre le sol et la créature puant l’anis, avant de dire, stupidement :

– Mais… mais c’est du carrelage !

Il me tend deux feuilles. « Creuse »

Bon. Je suppose que je dois obéir, si je veux le rejoindre. Peu importe à quel point cette action me semble complètement con. Alors je prends les deux feuilles, une dans chaque main, et délicatement, je commence à racler le sol avec. Comme je m’y attendais, il ne se passe strictement rien. Jusqu’à ce que, soudain…

Une pointe de douleur m’informe qu’une crampe s’annonce. Forcément, à genoux par terre ! Il est temps de sortir de cette pièce.

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