Pièce n°1846
Écrite par didou
— BLBLBLBLB !!!!
Je libère ma rage, hurle à la pièce, au Château, la toute-puissance de ma fureur. Trop. Trop d’affronts m’ont été faits au cours des dernières pièces. Il existe des choses que Yubi al-Deus ne peut accepter.
Et tant pis si des innocents doivent en subir les conséquences.
D’un geste trop lent à mon goût, je porte la main à ma ceinture, dégaine Mecelsen sans y parvenir. Une seconde m’est nécessaire pour me rappeler que ma fidèle épée m’a été retirée, une autre pour que le rideau rouge devant mes yeux ne disparaisse.
— Calmez-vo…
— Personne ne me donne d’ordres !
Du moins, c’est ce que j’aurais aimé répondre. À la place, des bulles s’échappent de ma bouche et je manque m’étouffer tandis que l’eau s’infiltre dans mes poumons. J’écarquille les yeux, bloque ma respiration à temps pour ne pas finir noyé.
Bon sang.
De toutes les pièces qui composent ce foutu Château, il fallait que je tombe sur une immergée. Si le maitre des lieux a un sens de l’humour, je suis certain de ne pas le partager.
Contraint au silence, de ravaler ma colère et ma hargne, je fais les gros yeux à l’être verdâtre qui se tient face à moi. Ce dernier me retourne un sourire en réponse et répète :
— Calmez-vous…
Comme si ces mots avaient déjà fonctionné sur quelqu’un. Comme s’il suffisait de les dire pour que le miracle se produise. Je serre les poings et m’apprête à frapper l’insolent lorsque ce dernier révèle une rangée de dents aussi effilées que Mecelsen et ajoute :
— Ou je vous tue.
J’explose de rire, cesse aussitôt tandis que l’eau me submerge à nouveau. Allons donc. Voilà où cela vous mène d’être trop tendre. Un jour les univers entiers vous craignent et le lendemain un mollusque couleur gazon vous menace.
Mon sourire se fige en un rictus dangereux.
Et alors qu’un feu s’allume en moi, je frappe. La résistance de l’eau ne peut rien face à la puissance que j’influe dans mon coup et mon poing fuse vers le visage de l’idiot au teint épinard.
Mais soit je me ramollis soit mon adversaire ne plaisantait qu’à moitié. Avec une agilité que sa forme flasque ne laisse présager, il étire son corps et l’enroule autour de mon bras. Ses écailles deviennent alors des lames tranchantes qui me labourent la chaire.
Mon sang se répand dans l’eau, m’entoure d’un halo rougeâtre.
Je bous. Du poing gauche, je tente d’assommer mon opposant qui profite de l’aubaine pour se décrocher la mâchoire et avaler mon bras tout entier.
Ses dents se referment alors tel un étau et une souffrance comme je n’en ai que peu connu me traverse le corps.
L’autre relâche son emprise… pour mieux me croquer de nouveau. Mon bras cède et m’est amputé. Le regard voilé par la souffrance, j’ai à peine le temps de réagir que ma jambe droite puis gauche suivent.
Mal. Mal. Mal. Mal. Mal.
Peur.
Étrange émotion qui s’empare de moi et écrase toutes les autres.
Mon cœur palpite. Un tremblement agite le reste de mon corps. Et au moment où l’autre s’apprête à me décapiter, les flots s’épaississent et obscurcissent ma vision.
J’ai beaucoup souri et pas mal rigolé en lisant cette chouette pièce.
Ohlala ! J’ai raté les dernières aventures de Yubi al-Deus mais son assurance part en quenouille ! A-t-il fait face à une forme de la Créature… ou juste à un monstre banalement dangereux quand on le rencontre sans épée ?
En tout cas, cette pièce me donne envie de rattraper les derniers épisodes 🙂 Je trouve très inventif le fait que ce soit les écailles qui blessent le personnage, je n’y aurais pas pensé.