Aqua as Aqua
Après avoir sauvé la princesse dans la monstrueuse salle aux chenilles (voir le com’ de titelilou), je franchis avec elle une belle porte en acajou aux motifs carrelés. Sous nos pieds, le sol devint soudainement spongieux, et l’atmosphère se fit plus douce. Quelque part, de l’eau devait couler, bruissement continu…
Il faisait plutôt sombre dans la nouvelle pièce, et le temps que mes yeux s’accoutument à la pénombre, je perçus une flagrance étrange : chaude et sucré, étourdissante… L’odeur du chocolat ! Si longtemps que je n’en avais pas mangé… Je me passais la langue sur les lèvres et mon estomac émit de légers gargouillements. Il y avait du chocolat ici, je l’aurais juré ! À mes côtés, la princesse murmura, les yeux brillants :
-Le mets des Rois…
Nous pûmes alors distinguer ce qui nous entourait, à savoir un spectacle féerique, des montagnes de chocolat ! La pièce était ronde comme un ballon, et les parois étaient tout en chocolat noir, striées d’éclats de noisettes. Au milieu, le sol incurvé formait un petit bassin où glougloutait du chocolat au lait, mousseux, d’où des bulles s’échappaient parfois, voletaient quelques instants avant d’éclater dans un imperceptible « plouc »… J’en reçus une sur le nez, et la princesse sur ce qui lui restait de robe après l’attaque des chenilles carnivores. Ce fut l’élément déclencheur. Sans nous concerter, nous plongeâmes littéralement dans le bassin, buvant le liquide réparateur avec délice, à grandes gorgées coupées d’éclats de rire. Il était chaud, onctueux, succulent… Nous en avions jusqu’à la taille ! Au fond, des pépites de chocolat roulaient sous nos pieds. De l’autre côté, face à la porte, une cascade de chocolat blanc coulait en continu sur la paroi, puis décrivait des spirales le long de la pièce, jusqu’à arriver au bassin. Du pur bonheur.
Mais nous ne pouvions rester ici éternellement, même si la suggestion était alléchante… Maintenant que nous étions repues, il nous fallait trouver un lieu ou passer la nuit. C’est la princesse et sa suprême intelligence qui découvrit la sortie : elle s’était aperçue que la luminosité venait de la cascade. Et en effet, juste derrière, se trouvait une haute porte vitrée…