Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LE COULOIR DES OMBRES, ou JE NE SUIS QU’UN PANTIN
LE COULOIR DES OMBRES, ou JE NE SUIS QU’UN PANTIN

LE COULOIR DES OMBRES, ou JE NE SUIS QU’UN PANTIN

Pièce n°167
Écrite par Sol'stice
Explorée par Analayann
Fait partie de la saga << < Chutes prophéties et assimilées > >>

Je suis arrivée en bas des marches. Et pourtant, je ne suis pas revenue à mon point de départ. Les murs bougent. Leur proximité m’angoisse et je suis trempée de sueur. Et maintenant, une porte me fait face. Soit échappatoire salvateur, soit prison pire que celle où je me trouve. Mais je n’ai pas le choix. Si je fais mine de faire demi-tour, je me retrouverais face à un mur. Je n’ai qu’une seule option. La porte.

Elle s’ouvre sans difficultés, d’elle-même presque. Elle s’ouvre sur… un couloir, un couloir de noir, de vide, inexistant. Un couloir d’ombre. Je veux m’enfuir. Tout faire, sauf y entrer. Une impression de peur, de mort, de folie s’en dégage. Je fais un pas en arrière, mais me retrouve projetée en avant. Mes pieds franchissent le pas de la porte. Je perds l’équilibre. Alors que mon pied touche le sol, un cri retentit. Un cri qui me déchire, me coupant le souffle. Je titube, une douleur dans la poitrine. A chaque pas, un autre cri me perce les tympans. La douleur est si intense que les larmes me montent aux yeux. Je veux partir, mais il n’y a plus de porte. Alors je me mets à courir, droit devant moi, les mains plaquées sur les oreilles. Je sème derrière moi des gouttes de sel. Il n’y a pas de fin.

Je cours ce qu’il me semble des heures, agressée, assaillie. Les hurlements écorchent mon cœur. Je suis à bout de souffle. Lorsque je prends cette fille en pleine face. Elle n’est pas vraiment là. Juste son ombre, qui se tortille, avant de s’effondrer dans un râle et de disparaitre. Cette vision me fait stopper net. Mes yeux écarquillés dans le noir cherchent quelque chose à quoi se raccrocher. Une silhouette au loin m’attire. Celle d’une aventurière se rampant, le bras en décomposition. Je suis horrifiée, je hurle. Elle s’efface. Tout autour de moi fleurissent d’autres visions, d’autres silhouettes. Sombrant sous des montagnes dorées, chutant dans des puits sans fond, blessées par des multitudes d’armes, des explosions, des agonies… à chaque fois que mon regard effleure une image, des appels à l’aide m’assourdissent. Je tombe à genoux, incapable de faire un pas de plus. En pleurs, je me recroqueville à terre.

Une voix se glisse dans mon oreille, douce, enivrante, terrifiante.
-Sais-tu qui ils sont ? ce sont les aventuriers. Ceux qui ont osé entrer en moi. Qui se sont baladés entre mes murs. Qui ont explorés mes pièces. Qui y ont souffert. Qui y sont morts. Ils sont tous morts. Ou bientôt. Leur sort est scellé. La mort les attend.
Ces paroles chuchotées me blessent plus que toutes autres. J’ai devant moi des milliers de personnes peut-être. Condamnées. Je ferme les yeux pour ne plus les voir.

-Et imagine. Tu aurais pu les sauver. Tu savais comment les sauver. Tous. Voler à la mort ces âmes, épargner ses souffrances inutiles. Et tu ne le sais plus. Tu as tout oublié. Tu avais la solution au creux de ta main, et tu l’as perdue. A cause de cela, ils n’en réchapperont pas.
-Non… NON !!!
-Si… tu en savais trop, alors je me suis permis de … t’enlever cette précieuse information. Et tes souvenirs aussi, c’est plus drôle. Imagine que tous s’en aillent, découvrent mon secret, arrivent à s’échapper… ce serait triste non ?

La voix s’est faite de velours, roulant les mots comme des perles, avec une interrogation presque innocente à la fin. Ce qu’elle me dit me terrifie, me fait hurler. Elle est basse, presque inaudible, mais je l’entends mieux que toutes les autres, qui pourtant crient.

-Et toi. Je ne te tuerais pas. Je te laisserais errer dans mes couloirs. Je t’enverrais chaque fois que tu fermeras les yeux les appels des autres. Je te rendrais folle. Folle jusqu’à ce que tu souhaites crever. Tu me supplieras de t’achever. Mais je te regarderais divaguer, perdre la raison, souffrir, à en vouloir mourir. Et tu ne te souviendras pas de mes mots, juste que c’est ta faute. Ta faute pour tout. Tu ploieras sous cette culpabilité, tu y succomberas, y laissant ton esprit. Tu seras ma créature, mon jouet, mon défouloir. Tu m’appartiens.

Chaque mot se répercute dans ma tête. Les hurlements de s’arrêtent pas, à moins que ce ne soit les miens. Les visions d’horreur continuent de s’imprimer sur mes paupières closes. Je n’en peux plus. Je n’en peux…

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