Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DU FACE-À-FACE
LA PIÈCE DU FACE-À-FACE

LA PIÈCE DU FACE-À-FACE

le petit grand nain as le petit grand nain

Tout en entrant, je chuchotai à Un gars :
– Le mieux ? Je ne suis pas sûr que de se retrouver dans l’antre du grand petit nain avec aussi peu d’armement et d’équipement puisse être appelé le mieux…
– Nous avons la pièce, rétorqua Un gars. Et puis de toute façon, il n’a pas l’air d’être là…
En effet, la salle était entièrement vide et plongée dans l’obscurité. Elle ressemblait à n’importe quelle chambre de nain, avec des meubles de taille adaptés, avec en plus des livres de chevet (ce qui est plus rare chez les nains, car beaucoup sont illettrés), un assortiment d’armes comme possédaient les humains dans la pièce où nous avait poursuivi le GDIR n°2 avant de se faire démolir par un oiseau métallique, un autre d’armes « classiques » (haches, arcs, dagues, épées, lances…) et un grand bureau. Sur le bureau trônaient des dessins représentant diverses créatures, des humains, et des paysages familiers, ceux qui environnaient le Château. Je m’approchai des livres, curieux de découvrir ce que pouvait bien lire mon frère, puisqu’il fallait bien l’appeler ainsi. Pendant ce temps, Un gars commença à faire le tour de la pièce à la recherche d’une lumière.
– Regarde, m’écriai-je en soulevant le premier livre. « Répertoire des explorateurs du Château »… Ces livres ont l’air instructifs.
Je l’ouvris au hasard. Quelque chose attira mon attention : deux noms étaient flouté. Je lus : Gabi, Leïla#♥. Ceux-là devaient être dans une situation étrange, leurs noms s’interchangeaient par moment. Je n’y prêtai pas plus attention.
Les autres livres y ressemblaient tous : « Répertoire des pièces apportées au Château – années 1245-1255 (calendrier elfique) », « Répertoire des créatures alliées – pièces 20 000-40 000 », et cætera.
– Il faudrait les récupérer, dis-je tandis qu’Un gars allumait une torche. Ça peut avoir son utilité.
– Oui, il faudrait en particulier qu’on cherche ces explorateurs dont ils parlent.
Je regardai encore autour de moi ; trois portes, deux étagères vides, mais rien n’était digne de poursuivre notre fouille.
– Allons-y, suggérai-je. Il faut qu’on…
Les trois portes s’ouvrirent en même temps. L’une laissa sortir une avalanche de soldats en armes de tout type, arborant des armes et équipements frappés d’un symbole infini surmonté d’une dague blanche, ainsi que le GDIR n°2. La seconde s’ouvrit sur le grand petit nain et d’autres des soldats au blason si impressionnant. De la dernière, enfin, sortirent le petit nain de grand, Neonity et le squelette-douanier.
Chacun semblait stupéfait de voir les autres, ce qui nous sauva sans doute la vie. Les yeux toujours fixés sur les nouveaux arrivants, j’entendis d’un coup une déflagration et un soldat ennemi s’effondra. Je me tournai et vit Un gars, une des armes du grand petit nain à la main, encore fumante.
Le reste se passa en un éclair. Je me saisis d’une arme blanche au hasard, une épée, et fonçai dans le tas des ennemis. Neonity tira un coup de missile en direction du grand petit nain, le petit nain de grand se précipita lui aussi vers le tas d’armes, et le squelette-douanier se recula en arrière, tel un simple observateur. Le grand petit nain se jeta en arrière, mais le missile de Neonity le projeta tout de même quelques mètres en arrière. La troupe de soldats entra à son tour, et nous lui fîmes face. Un gars avait pris une autre arme et continuait à faire des ravages dans les rangs ennemis, pendant que le petit nain de grand et moi abattions les adversaires un par un. Sauf que très vite, un soldat particulièrement coriace apparut et me força à reculer. Quelques guerriers en profitèrent pour entrer et foncèrent sur Un gars. Nous ne pouvions plus compter sur son aide. Le petit nain de grand s’en sortait mieux que moi, et l’amoncellement de corps lui faisait un rempart ; il ne laissait passer personne.
D’une passe, je forçai mon adversaire à reculer et pu enfin observer le reste du combat. Neonity continuait à tirer un peu partout vers les gens qu’il croisait, le squelette-douanier se contentait d’éliminer avec une dextérité et une rapidité que l’on n’aurait pas crue possible en l’observant les hommes qui s’approchaient de lui, et le grand petit nain était toujours à terre. Je me pris à espérer que le tir de Neonity l’ait définitivement tué, mais je le vis bouger. Mes espoirs s’anéantirent.
Mon ennemi contre-attaqua, mais une bombe de Neonity tirée quelque part derrière le fit trembler et tomber. Un bon coup de poignée, et il s’affaissa sur le sol. Je relevai la tête, et là…
Le GDIR n°2. Je l’avais, à ce moment-là, complètement oublié… Neonity le vit aussi, au moment où il s’envolait pour survoler le champ de bataille.
Le GDIR tira trois coups qui auraient mis hors d’état de nuire un bulldozer en marche, mais Neonity les esquiva tous. Ils se perdirent du côté du squelette, et celui-ci les arrêta net. Neonity visa à son tour, et deux de ses missiles atteignirent leur cible. Le GDIR fut traversé de part en part ; un trou béant s’ouvrit dans sa carcasse d’humanoïde, laissant entrevoir des fils et des connexions. Son visage ne laissa rien transparaître, et il attendit le dernier coup de Neonity, dans la tête cette fois, qui l’envoya dix mètres en arrière.
Il s’écrasa contre un mur.
Absorbé par le combat, je ne vis pas arriver un soldat adverse, qui profita de mon inattention pour me charger. Je tournai la tête, ne l’ayant toujours pas remarqué, et je vis une lance s‘arrêter à dix centimètres de ma tête. Un choc sourd, et je vis le petit nain de grand, sa hache à la main, devant le corps sans vie du soldat.
– Merci, lui dis-je. Je…
Puis je compris qu’il avait dû laisser la porte qu’il surveillait pour me sauver, et que cela voulait dire que…
– Rendez-vous ! Vous êtes cernés ! nous interpella un guerrier, visiblement le chef.
Effectivement, nous étions cernés. Mais nous n’étions que deux.
Une rafale, et un trou s’ouvrit dans le cercle. Un gars surgit, armes à la main, et se mit à tirer dans le tas de nos agresseurs.
Mais, tout d’un coup, il disparut de mon champ de vision. Il décolla au-dessus du groupe ennemi, et atterrit avec nous, désarmé cette fois.
– Le grand petit nain, souffla-t-il. Il s’est relevé.
Celui-ci vint agrandir le cercle autour de nous.
– Alors c’est vous, ricana-t-il. Toi, je te connais déjà, dit-il en pointant Un gars, toi aussi, en montrant le petit nain de grand. Mais toi… Tu serais donc mon… frère ?
– Il faut croire, répondis-je.
BAAAOM !
Neonity fut à son tour projeté au centre. Le GDIR n°2 était parfaitement intact.
« Voilà, j’ai compris ! me dis-je. Le GDIR a survécu, il doit pouvoir se régénérer ou un truc comme ça, il a réussi à franchir la pièce où nous l’avons semé, il a pris un autre chemin et a emmené d’autres soldats, et tout ça dans le secret, parce qu’il avait peur de la réaction du Château. Le grand petit nain, lui, a sûrement… Ben, il est allé dans sa chambre ! Comme il y a quatre entrées différentes, il a sans doute pris des hommes avec lui pour surveiller la chambre, puisqu’elle contient des choses importantes.
Oui, mais alors, pourquoi n’était-elle pas gardée avant ? Ils ont dû trouver un moyen de savoir que nous étions là. Mais ils ne savaient pas pour les autres.
Et pour le squelette-douanier, Neonity et le petit nain de grand… Je ne sais pas. Comment se sont-ils retrouvés ensemble, pour commencer ? Il me reste plusieurs choses à éclaircir. »
Le grand petit nain continuait à se moquer de nous, pendant que des soldats s’activaient pour former un peloton d’exécution.
Le grand petit nain sembla tout à coup se rappeler de quelque chose. Il se tourna en direction du squelette-douanier.
– Voulez-vous rejoindre notre armée ? demanda-t-il d’un ton où perçait un espoir non dissimulé.
Le squelette le regarda. Se leva, lentement. Fit claquer sa mâchoire.
– Laissez-moi cinq minutes pour réfléchir, dit-il.
Puis il se tourna vers nous et j’entendis très clairement dans mon esprit :
« Préparez-vous à votre départ. »
Je regardai Un gars sans comprendre. Le squelette enchaîna, toujours dans notre esprit :
« Oui, vous entendez la même chose. Je vais vous retirer de cette pièce, c’est trop dangereux. J’ai voulu vous tester, et vous vous en sortez bien pour l’épreuve guerrière ; mais cela ne sera pas suffisant – enfin, pour l’instant, ça ira. Souhaitez-vous faire quelque chose pour vos amis ? »
« Oui, répondit Un gars. J’ai ici un objet qui va enfin servir, récupéré sur la table de chevet du grand petit nain. »
« Je dois pouvoir réussir quelque chose, oui, dis-je à mon tour. »
Le squelette se leva et, regardant fixement le grand petit nain, dit :
– Vous avez trois secondes.
Mon frère le regarda d’un air de profonde incompréhension.
Un gars, lui, sortit une forme ronde de sa poche et fit glisser sa main dessus. Un claquement retentit. Il lança son objet derrière le groupe des ennemis.
De mon côté, j’assenai un coup dans la tête du soldat le plus proche de moi. Sa dague glissa de ses mains, je la saisis et la lançai au petit nain de grand.
Puis le squelette claqua des doigts.
Au même moment, la grenade de Un gars explosa et le petit nain de grand fonça en hurlant dans le tas des ennemis. Puis nous disparûmes, avec quelque part l’espoir que ce que nous avions fait allait aider nos amis.

Après le départ du PGN et de Un gars, le squelette-douanier claque à nouveau des doigts. Le grand petit nain jure, attrape un objet que les explorateurs n’avaient pas vus, saisit la main du GDIR et du capitaine du bataillon, qui s’était fait assommer par le PGN. Il récite rapidement quelque chose et disparait, tandis que les soldats se font lentement éliminer, ou se rendent, pour la plupart.
Le squelette s’approche de Neonity et du petit nain de grand.

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