Gabi as Gabi
– C’était vraiment super, je lance à Leïla tandis que nous traversons un petit couloir. Se retrouver tous ensemble, comme ça, et combattre le Château lui-même…
– J’espère que ça se reproduira. Tiens, la porte est déjà ouverte !
Je souris et mon amie se précipite pour entrer dans la nouvelle pièce. Mais elle percute une paroi et s’effondre sur le parquet.
– Aïe ! gémit-elle en se massant le nez
J’avance ma main pour voir ce qui l’a stoppé et je rencontre une matière dure bien reconnaissable : du bois. J’éclate de rire.
– C’est un trompe-l’oeil ! La porte n’est pas ouverte, on a juste fait un dessin dessus !
J’aide Leïla à se relever et je franchi rapidement la porte.
Je sens alors les bras des Leïla me saisir par la taille et me ramener vers elle de justesse. Car en face de nous, il n’y a que du vide. Du vide, du vide et du vide, sur plus de vingts mètres, un vent à vous faire chavirer, et la perspective de s’écraser sur une montagne si vous tombez.
– Oh. Fantastique, je dis. Comment va-t-on faire pour traverser ?
– Regarde ! Il y a une planche de bois, des corniches et mêmes des fils tendus en hauteur.
Je scrute l’endroit et je repère tout ce qui pourrait nous êtres utile. Puis je prends mon courage à deux mains.
– Bon. Allons-y !
Je met un pied sur une petite planche en bois, puis l’autre. La planche tremble et le vent me fait chanceler. Leïla se lance à ma suite.
Nous sommes à la moitié de la planche quand je perds l’équilibre et manque de tomber. Je parviens à me stabiliser et rejoins vite le mur de gauche, sur lequel court une étroite corniche. Nous nous plaquons dos au mur et nous avançons à petits pas. Soudain, Leïla bute contre une bosse et se met à battre des bras pour reprendre son équilibre. Elle se penche en avant, puis se courbe en arrière, et pousse un cri. Je tends le bras et la colle de force contre le mur.
– Merci… chuchotte-t-elle
Nous parvenons à l’extrémité de la corniche, puis nous montons quelques marches fixées au mur.
– Il n’y a plus rien, remarque mon amie. Comment on fait maintenant ?
– Il y a ce fil. Il a l’air d’aller sur le mur de droite. Il faut juste sauter et l’attraper.
– Et si on n’y arrive pas ?
– Prions pour que ce ne soit pas le cas.
Je respire un bon coup.
– Geronimo ! je crie en m’élançant
J’ai visé juste et j’agrippe le fil de toutes mes forces. Je suis désormais suspendue dans le vide.
– Allez, vas-y ! je m’écrire
Leïla n’attend pas plus et saisit à son tour le fil.
Nous progressons dessus le plus vite possible. Le fil, fin et en métal, me mord les mains.
«Courage Gabi !» je me dis
Nous arrivons à quelques mètres de la porte.
– On y est presque ! je lance. Il suffit de se balancer pour attraper cette planche de bois fixée au mur puis sauter sur celle devant la porte. Ça devrait pas être trop compliqué.
J’entreprends de me balancer pour me donner de l’élan et je lâche la corde. Heureusement, mes mains agrippent la planche. Je soupire de soulagement et redescends juste devant la porte.
– À ton tour !
Leïla se balance sur le fil et s’élance brusquement. Mais ses doigts se griffent sur le bois et glissent de la planche. Elle chute, sans aucun autre moyen de se rattraper.
– Leïla !!! je crie
Elle hurle aussi, mais son cri s’arrête quand son dos percute violemment l’endroit où aurait dû se trouver le sol et où il n’y avait que du vide.
– Hein ? je bafouille, ne comprenant plus rien
Elle se redresse péniblement et tâte le sol.
– C’est dur… dit-elle. Il n’y a pas de vide…
Je fais n pas prudent dans sa direction et mon pied se pose sur un sol. Je la rejoins, puis fais le tour de la pièce.
– Une illusion. Ce n’est qu’une illusion.
– Comme sur la porte, se rappelle-t-elle. On aurait dû s’en douter.
– On s’est fait avoir par une illusion.
Nous nous regardons puis nous éclatons de rire. Nous retournons à la porte.
– Quand je pense qu’on a cru qu’on allait tomber dans le vide !
– Et moi j’ai bien cru que j’allais mourir ! Haha !
Nous franchissons la porte, ricanant de s’être faites avoir par une illusion.