Jad de Salicande as Jad de Salicande
Nous étions chamboulé des derniers évènements, et c’est pourquoi nous n’avions pas pris garde, en ouvrant la porte, de ce qu’il y avait derrière.
Pourtant, j’aurais dû reconnaître ce bruissement particulier, si proche du vent, et de l’imperceptible bruit que faisait l’Ombre en se déplaçant.
Avant même que nos nerfs aient finis de transmettre ce que nos yeux enregistraient à nos cerveaux, elles fondaient sur nous. Des centaines, des milliers peut-être, de ces ombres folles et de leurs lamentations qui pouvait amener un humain au bord de la folie. Mon corps réagit alors avant ma conscience, et dans un réflexe de pure défense, je lançai un sort qui sauva la vie d’Annalayan et moi-même :
« BANAYA ! »
Un espèce de bouclier argenté s’était érigé entre ces ombres et nous, à moins de deux centimètres de nous. Je pris le temps d’expirer, pour enfin expliquer de quoi il retournait :
-« J’ai déjà rencontré ce type d’Ombre, dis-je en lançant un regard à l’Ombre et elles sont…
-Folles, dangereuses, et en même temps si proche de nous, compléta l’Ombre.
-Que veux-tu dire ?
-Ces ombres-là. Ce ne sont pas des Ombres de mon espèce, non. Ces Ombres-là sont les âmes des humains qui sont morts dans le château, asservies au commandement du « Maître » des Lieux par je ne sais quel enchantement. Et je peux vous dire, fit-elle en me fixant, que ce sont des êtres qui n’ont aucune pitié. Quand elles sont deux ou trois, on peut s’en sortir. Mais vu le nombre qu’elles sont, ça va être dur. Surtout, qu’elles aspirent l’essence même de ton bouclier, ce qui veut dire que tu ne pourras pas le faire tenir très longtemps.
-Que faire alors ? demanda l’Oublieuse.
-Je vais essayer de leur parler. »
L’Ombre se glissa à travers du trou que je venais de créer dans le bouclier, puis je le refermai. Elle était facilement reconnaissable par rapport à ses « consœurs » en plein jour, mais dans cette pièce faiblement éclairée… C’était quasi-impossible de la reconnaître.
Nous attendîmes alors. Une heure, deux heures, je commençai à m’épuiser, Annalayan devenait de plus en plus angoissée au fur et à mesure que le temps passait, les Ombres ne bougeaient que très peu, les lamentations se faisaient entendre de plus en plus fort ;jusqu’à un cri déchirant qui nous fit frissonner. Puis soudain, sa voix :
« Vous pouvez passer. Elles ne vous feront plus de mal »
Nous partîmes la rejoindre en courant, toute fatigue oubliée, et nous empressâmes de lui poser des questions. Elle nous fit taire d’un geste de la main :
« Je vous en parlerez plus tard. En attendant, dépêchons-nous de traverser la pièce, j’ai un mauvais pressentiment »
L’exploit de l’Ombre, la fatigue, la dernière bataille : tout s’était volatilisé en entendant cette phrase. Déjà, je me préparais à lancer un sort, déjà, l’Ombre s’apprêtait à protéger l’Amnésique…
J’ouvris la porte.