Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
L’USINE À PÂTISSERIE
L’USINE À PÂTISSERIE

L’USINE À PÂTISSERIE

Miss Lovegood as Miss Lovegood

Comment décrire cette nouvelle pièce ? J’ai décidé de m’aider des cinq sens.
Vue -> immense, gigantesque, colorée, surchargée, mouvante, robotique.
Ouïe -> grondement incessant, bruit répétitif, lassant, presque énervant.
Odorat -> une odeur de pâtisserie, de sucrerie, alléchante.
Goût -> apparemment délicieux, un peu bourratif, sucré.
Toucher -> surface froide, lisse, régulière, glaçage un peu collant, qui en met plein les doigts.
Nous étions entrés dans une usine de pâtisserie. Partout, des robots s’affairaient, enclenchaient des mécanismes. Des pinces surgissaient devant nous, attrapaient des choses (dont nous parlerons juste après) et les emmenaient sur des tapis roulants ou les jetaient dans de grands tubes bleus translucides.
Il n’y avait pas qu’une usine, dans cette pièce. Une usine fabrique un produit, et celle-ci réalisait des pâtisseries. Mais pas n’importe lesquelles : c’était de gros beignets colorés en rose, jaune, bleu ou vert, chargés de sucre très collant. Il y a un dernier détail très important dans cette pièce : l’échelle de grandeur. Pour vous rendre bien compte de la taille des pâtisseries, les petites perles de sucre étaient aussi grandes que Poussière d’étoiles.
Un beignet rose passa juste devant nous, sur un tapis roulant, et nous restâmes figés, sans voix, comme si nous observions la huitième merveille du monde. Ce fut finalement un autre beignet (vert cette fois) qui nous arracha de notre contemplation. Il nous tomba dessus et nous fûmes écrasés sous son poids. C’était une pince qui l’avait lâché là. Nous restâmes plusieurs minutes coincés sous la pâtisserie tellement lourde que nous n’arrivions pas à la déplacer. Heureusement, un tube l’aspira et nous pûmes continuer notre visite.
Le petit problème, c’est qu’il y avait un tapis roulant devant nous. Nous nous glissâmes donc dans le trou circulaire d’une pâtisserie, qui avançait sur le tapis.
-On ne voit rien, soupira Poussière d’étoiles, les bords du beignet cachent la vue.
-On peut toujours regarder le plafond, répondit Om
En levant les yeux, nous ne voyions que les rails des pinces, ce qui n’est pas tellement intéressant. Mais cet instant reposant fit de courte durée. Le beignet plongea en avant : nous étions arrivés au bout du tapis roulant. Nous tombâmes dans un tube bleu translucide, parfaitement perpendiculaire au sol.
-La chute va être douloureuse ! avertit Om
Par chance, le tube se courba, et remonta vers le haut. Évidemment, des jets de pression nous poussaient.
-J’ai l’impression de voler, commentai-je
-C’est trop marrant, dit Poussière d’étoiles
Un gros beignet (blanc cette fois) passa à côté de nous, et mon amie dut se décaler un peu pour éviter la collision.
-Je crois qu’on est en train de vivre une expérience unique, dit-elle
Il est vrai que voler avec des beignets est assez singulier. Nous atterrîmes sur un autre tapis roulant puis entrâmes dans une machine violette. À l’intérieur, il faisait tout noir. Qu’allait-il se passer ? Nous le découvrîmes bientôt.
-Pschitt, pschitt
-Qu’est-ce que c’est ? demanda immédiatement Poussière d’étoiles
J’eus un peu peur à ce moment-là.
-Pschitt, pschitt
Le bruit recommença. Fort heureusement, je ne sentis rien d’anormal.
-Aaaaaaaaaaah !
Je reconnu tout de suite la voix d’Om.
-Je suis couvert de sucre glace, c’est tout collant !
La machine se remit en route et c’est sur Poussière d’étoiles et moi que le sucre se déversa. J’essayai de l’enlever, mais il était trop collé et frotter ne servait à rien. Nous sortîmes enfin de cette horrible machine, blancs comme des bonhommes de neige. Très agréable, cette douche de sucre glace.
Le tapis roulant continuait d’avancer et nous entrâmes dans la zone de poubelles. Nous en voyions partout autour de nous, elles aussi colorées en bleu, vert, jaune ou rose.
-Regardez ! cria Om, on est arrivés au bout du tapis ! Il faut absolument qu’on s’accroche à un beignet, sinon on va tomber dans les poubelles !
En effet, les pinces saisissaient les pâtisseries et les soulevaient dans les airs. Om s’accrocha à l’un des beignets et Ara attrapa les pieds de l’Ombre. La pince arriva plus vite que prévu, j’eux juste le temps de m’agripper aux pattes d’Ara ; nous avions déjà décollé. Je sentis la main de Poussière d’étoiles s’accrocher à mon pied, de justesse. Ce voyage ne fut pas particulièrement agréable. La pince n’arrêtait pas de changer de directions et prenait les virages à 90°. De plus, elle avançait à une vitesse phénoménale, dont nous nous ne rendions pas bien compte au sol.
-Ça va trop vite ! hurla mon amie, je vais lâcher !
Ses petites mains se décrochèrent de mes pieds. Je me laissai tomber avec elle, conscient que cette usine était le meilleur endroit pour se perdre.
Nous atterrîmes dans d’immenses chaudrons, où reposait un liquide jaune qui dégageait une odeur sucrée. Il se mit alors à tourner sur lui-même, puis accéléra et s’arrêta. J’attendais quelques instants, quand il se retourna, me faisant tomber de nouveau. L’atterrissage fut moins confortable, cette fois. Poussière d’étoiles, Ara et Om atterrirent et c’est en les apercevant que je compris quelle était la fonction des chaudrons. Ara était verte, Poussière d’étoiles rose, Om bleu et moi jaune.
-Quel joli glaçage ! ironisa Om, je crois qu’il est temps de trouver la porte suivante. Je ne sais ce que vous en pensez, mais du sucre et un glaçage me suffisent amplement.
Nous marchâmes et arrivâmes sur une plate-forme circulaire, immobile.
-Pschitt, pschitt
-On ferait mieux de partir immédiatement, dis-je alerté, c’est le même bruit que…
Trop tard, nous fûmes aspergés de levure. Fort heureusement, cela n’était pas collant. Je ne sentais aucune différence. Mais le plateau se mit à tourner sur lui-même toit en réalisant des petits bonds, un peu comme sur un trampoline ou un manège de foire.
-Au secours ! cria Poussière d’étoiles
Je la regardai, étonné par sa réaction. Je restai interdit. Mon ami avait triplé de volume.
-Stop ! La levure nous fait gonfler ! hurlai-je
Cette plaque servait sûrement à gonfler la pâte des pâtisseries.
Ce fut finalement un tuyau qui nous sauva de là. Il nous aspira exactement comme celui que nous avions rencontré quelques heures plus tôt ; coincés sous un beignet. Les parois du conduit étaient peintes en noir et nous ne pouvions pas admirer l’usine, mais au moins nous n’avions pas besoin d’user de nos forces pour avancer, les pressions d’air faisant déjà tout le travail. Le trajet ne fit pas particulièrement long et il me semble que nous gagnions en altitude. En effet, lorsque nous sortîmes du tube, les beignets paraissaient avoir rétréci, tout comme les machines. Nous étions arrivés dans les rails des pinces et de là, on pouvait voir l’ensemble de l’usine.
-Regardez, dit Om, il y a une petite porte en face. On va pouvoir sortir d’ici !
Elle s’encastrait dans le mur, et nous dûmes nous suspendre à un rail pour l’atteindre, expérience périlleuse mais aucun d’entre nous ne tomba. (Je dois avouer que je tremblais, tout de même.) Poussière d’étoiles l’ouvrit, Ara et Om s’y glissèrent et je les suivis. Mon amie la referma derrière nous.
Nous… on devrait plutôt dire «quatre beignets aux glaçages très colorés, recouverts de sucre.» C’est ce qui arrive lorsqu’on ouvre la porte d’une gigantesque usine à pâtisserie.

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