Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE DU GRAND CIRQUE (SOUS LE CHAPITEAU)
LA PIÈCE DU GRAND CIRQUE (SOUS LE CHAPITEAU)

LA PIÈCE DU GRAND CIRQUE (SOUS LE CHAPITEAU)

Une foule dense se presse autour de nous. Des gens qui rient, crient, poussent des acclamations enthousiastes. Je n’ai aucune idée de l’endroit où nous allons, jusqu’où porte mon regard, tout n’est que marée humaine. J’agrippe la main de Yashim et de Marine afin de ne pas les perdre.
Soudain, en l’espace de quelques secondes, l’air frais qui nous entourait se change en une douce chaleur. Je regarde au dessus de moi et remarque avec surprise une grande toile rouge et or qui s’étend au dessus de nos têtes. Nous nous trouvons à présent sous un grand chapiteau où au centre, une scène a été dégagée, entourée de gradins.
La foule nous entraîne toujours plus puis se sépare. Les gens cherchent une place dans les gradins, vont se chercher à manger, se retrouvent. Je repère Astrid à quelques mètres. Je lui fait un signe de la main et désigne une rangée de sièges.
-Nous ferions mieux de suivre le mouvement et de nous asseoir quelque part, dis-je. Avec tout ce monde, nous ne sortirons jamais.
Nous montons quelques marches et nous asseyons de manière à avoir une belle vue sur la scène. Marine a l’air toute excitée.
-Ça fait super longtemps que je ne suis pas allée au cirque ! s’exclame t-elle les yeux brillants.
Un cirque. Mais bien sûr ! J’aurais dû comprendre plus tôt avec cette musique, ces trapèzes pendant du plafond et cette légère odeur de fauve…
-Vous pensez que Romain se trouve ici ? Demande Yashim les sourcils froncés.
Je hausse les épaules.
-Aucune idée. Comment savoir ? Et même s’il était là, il serait carrément impossible de le retrouver.
Astrid soupire.
-Je suppose qu’on le retrouvera quand le Château en aura décidé ainsi…
Un silence abattu plane entre nous, coupé de temps en temps par quelques notes de trompette. Je propose d’aller chercher de quoi manger afin d’échapper à cette atmosphère pesante.
Je me fraye un chemin à travers la foule en direction du stand à sandwichs. Je ne peux m’empêcher de regarder attentivement autours de moi en quête d’un visage familier. De Romain. Ou même de Garette ou Hernest… Bien qu’il n’y ait pas beaucoup de chances qu’ils se trouvent ici, je continue d’espérer.
« Tu penses que tous ces gens sont des aventuriers ? » me demande ma petite voix tandis que j’attends mon tour pour passer commande.
« Pourquoi pas ? » je chuchote.
« Ça m’étonnerais. Regarde, il y a des familles entières. Ils ne se seraient pas risqués au Château des Cent Mille Pièces avec des tout petits… »
« Il y a des tarés partout… »
« Je veux bien y croire mais ça paraît bizarre qu’il y ait autant d’aventuriers dans une seule pièce alors ! Continue t-elle, infatigable. Ce n’est pas bon signe : c’est soit un piège du Château qui veut tous nous tenir sous son contrôle, soit juste cette pièce qui est ainsi, avec toutes ces personnes qui n’en sont pas vraiment et font presque partie du décor. »
« Mouais. Personnellement, je préfère la deuxième idée. C’est plus rassurant… »

A mon retour, les bras chargés de victuailles, je fais néanmoins part des inquiétudes de ma petite voix au reste du groupe. Astrid me rassure tout de suite :
-Quel intérêt le Château aurait-il de nous garder tous regroupés au même endroit ? Il sait très bien que nous sommes plus forts à plusieurs que seuls et il redoute un nouveau soulèvement !
-Ces personnes là occupent juste la pièce comme le Père Noël l’occupait. Ils ne sont ni des espions du Château, ni des aventuriers, appuie Yashim.
-Alors on a perdu notre mince espoir de retrouver Romain, dis-je pour moi-même.
Nous nous empiffrons de sandwichs, glaces, crêpes, et autres aliments très bon pour la ligne en attendant le début du spectacle.
Puis, enfin, les lumières s’éteignent, ne laissant que la scène bien visible et M. Loyal, vêtu de son habituel costume rouge et noir fait son entrée en musique.
« Mesdames et Messieurs, déclare t-il en souriant. Chers spectateurs, chers enfants, chers adultes, chers amateurs de spectacles, de numéros extraordinaires, de rires, de frissons, d’animaux, de magie, d’illusions et de mystères, de musique, de bonne humeur et de joie, bienvenue au Cirque Du Château ! Nous sommes très heureux de vous accueillir ce soir et espérons vous offrir un moment inoubliable ! »
J’applaudis avec vigueur, très enthousiaste. Pour une fois que nous avons un moment de répit, aussi court soit il, autant en profiter ! Ne plus penser à rien. Guetter l’entrée des artistes. Rire. Taper des mains. Écouter la musique. Toutes ses choses si simples me rappellent soudain mon ancienne vie, loin de toute inquiétude et pleine de moments similaires. La mélancolie m’envahit mais je m’efforce de la repousser dans un coin de ma tête et d’agir comme si rien n’avait changé.
Le spectacle est extraordinaire. Chaque numéro remarquable. Les clowns sont à mourir de rire. Les équilibristes à en couper le souffle. Les lions impressionnants. Les trapézistes semblent si léger qu’ils pourraient s’envoler jusqu’aux étoiles. Le magicien paraît sortir tout droit de Hogwarts.
Je ne vois pas le temps passer. Et lorsque le présentateur annonce la fin du spectacle, j’ai l’impression qu’il ne s’est écoulé que quelques minutes depuis que nous sommes entrés.
Nous nous levons et marchons sans trop savoir où aller. La sortie peut être n’importe où…
-Je crois que nous ferions mieux d’attendre que tout le monde s’en aille, dit Astrid.
Si tôt dit, si tôt fait. Toutes les personnes, les femmes, les enfants, qui nous entouraient disparaissent. Leurs contours s’estompent, ils deviennent flous puis complètement invisibles si bien que nous sommes seuls sous le chapiteau à présent.
-Que s’est-il passé, je m’exclame ? Où sont ils tous ?
-Il y a forcément quelque chose que l’on a manqué, dit Yashim, pragmatique. Ils doivent savoir quelque chose que nous ignorons ou…
Soudain, des pas retentissent derrière nous. Je me retourne et porte la main à mon couteau, prête à agir. Mais ce n’est que le présentateur, qui nous regarde les yeux grands ouverts. Je pousse un soupir de soulagement. Il balbutie :
-Que… Non, ce n’est pas possible… Vous…
Puis, son visage s’illumine.
-Mais ma parole ! s’écrie t-il. Vous devez êtres des aventuriers du Château ! Depuis le temps que la troupe rêvait de se représenter en public !
Devant notre incompréhension, il rajoute :
-Enfin, devant un vrai public si vous voyez ce que je veux dire. Jouer devant ces fantômes qui viennent tous les soirs, à la même heure, qui s’assoient au même endroit et qui disparaissent toujours après le spectacle, ce n’est pas très motivant. Enfin, ce n’est pas comme si l’on avait le choix… le Château nous a déjà fourni un public, on ne va pas trop en demander.
Il a l’air un peu triste soudain. J’oublie parfois que toutes ces personnes que l’on a enfermé dans certaines pièces à attendre l’arrivée d’aventuriers ont un destin pas meilleur que nous.
Mais le présentateur se reprend vite :
-Laissez-moi me présenter. Je m’appelle Charles. Charles Loyal et je dirige la compagnie du Cirque du Château. C’est moi même qui l’ai fondée avec les artistes que j’avais sous la main. Venez, je vais vous présenter au reste de l’équipe !
Il se dirige vers les coulisses, nous faisant signe de le suivre.
-Vous pensez qu’on peut lui faire confiance ? Demande Marine.
-Je pense que oui, dis-je. Il n’a pas l’air du côté du Château et puis il sait sûrement où se trouve la sortie.
C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à suivre Loyal jusque dans les coulisses du Cirque du Château, sans trop savoir ce qui nous attendait.
Derrière le rideau rouge, c’est tout un monde qui s’affaire. Une danseuse encore en tenue se démaquille devant un miroir. Les musiciens rangent leurs instruments. Les deux clowns préparent de nouvelles blagues.
Loyal nous présente à chacun. Ils semblent tous ravis de nous voir, nous serrent la main, nous sourient avec gentillesse. Même un vieux tigre derrière ses barreaux a l’air de s’intéresser à nous.
Ils nous invitent à partager leur repas avec eux. Nous acceptons par politesse même si nous sommes pressés de partir. Nous discutons de tout et de rien. Ils partagent leurs expériences du métier avec nous. Certains se risquent à parler d’Avant. D’autres n’abordent pas le sujet.
Enfin, alors qu’il doit être plus de minuit, je prends mon courage à deux mains :
-Écoutez, on a passé un très bon moment avec vous, votre spectacle était super, mais il faut qu’on y aille. On a perdu un ami et il faut qu’on le retrouve. Alors si vous pouviez nous indiquer la sortie, ce serait très aimable à vous.
Un ange passe. Leurs mines joyeuses s’assombrissent comme on passe du jour à la nuit.
-Vous ne voulez pas rester avec nous ? Demande Mimi une contorsionniste.
-On aimerait bien mais, vous comprenez…
-Pas même un jour de plus ? Insiste t-elle. Le spectacle sera différent demain soir.
-S’il vous plaît, implore Loyal. Cela fait si longtemps que nous n’avons pas eu de visite.
-Passez au moins la nuit avec nous. Vous repartirez le matin en pleine forme.
-Bon OK, finit par céder Astrid. C’est vrai que dormir ne nous fera pas de mal.
Nous nous couchons dans des hamacs installés au milieu de la pièce. Je m’endors sur le champ.

Je suis réveillée par des bruits de pas. Tous sont déjà debout, à se préparer pour une matinée de répétition. Je déjeune rapidement tout en les regardant s’entraîner. Je songe que jamais je n’aurai le courage d’exécuter de telles prouesses. Monter si haut, tourbillonner dans les airs, s’agripper à son partenaire pour réaliser des figures, dans une confiance totale en l’autre.
Astrid a déjà commencé à rassembler nos affaires. Elle a réuni quelques réserves de nourriture pour la suite de notre voyage. Marine discute vivement avec Loyal et Yashim dort encore. Je le secoue un peu :
-Allez, debout ! Tu es le dernier je te signale. On part bientôt.
Au bout d’une demie heure, nous sommes enfin prêts. Nous nous dirigeons vers le présentateur qui a revêtu son costume rouge avec les lettres dorées CDC. Il a l’air un peu embêté.
-Deux de mes équilibristes se sont blessées, nous dit il timidement. Je ne cherche pas à vous retenir mais il nous faut absolument un remplacement.
-Je ne suis pas sûre de voir où vous voulez en venir, dit Astrid.
-Je sais que le vous en demande trop mais ça nous arrangerait vraiment si vous pouviez prendre leur place le temps du spectacle, murmure Loyal en nous désignant d’un signe de tête Astrid et moi.
J’écarquille les yeux :
-NOUS ? Je m’exclame. Mais vous avez perdu la tête ! Nous sommes incapables de réaliser la moindre figure sur un trapèze !
-Et puis nous devons partir, renchérit Astrid. Nous ne pouvons pas passer le restant de nos jours ici !
-Ce serait juste le temps d’un spectacle, promis, nous supplie t-il Le Château nous punira si l’on ne fait pas de représentation ce soir. Vous n’avez pas grand chose à faire : laissez vous porter par les autres, ils sont habitués. C’est sans risque !
Je me retiens de lui dire que pour moi, se balancer à dix mètres du sol sur un fil est ma notion du risque. Il a l’air tellement désemparé que j’accepte à contrecœur.
Loyal saute de joie et nous prend dans ses bras. Lorsque nous nous dirigeons vers les loges pour chercher un costume, Astrid me jette un regard qui ne présage rien de bon.
Une fois habillées, nous allons rejoindre le groupe de trapézistes : Trois hommes assez costauds : les porteurs, un plus petit et plus frêle, sûrement un voltigeur ainsi qu’une autre voltigeuse. Et puis… nous. Tous ont l’air très expérimentés et je me demande bien ce que je fais là.
Nous commençons par quelques figures simples pour tester notre agilité. Tenir debout sur leurs épaules, faire un équilibre, une roue. Jusque là, nous nous débrouillons plutôt bien. Mais le pire reste à venir quand nous montons la grande échelle qui mène aux trapèzes. Mon dieu, que c’est haut ! Tremblante de peur, je suis incapable de bouger et écoute distraitement les consignes qui nous sont données. Sauter. Attraper la barre du trapèze. Se balancer trois temps. Puis lâcher. Ramener ses jambes vers soi puis tendre les bras. Un autre porteur nous attendra là bas pour nous rattraper. Et surtout, ne pas paniquer ni regarder en bas.
-Facile à dire, marmonne Astrid.
La première voltigeuse s’élance, tournoie, semble voler et atterrit sur l’autre promontoire comme si elle venait de faire quelque chose aussi simple que faire de la balançoire.
C’est au tour d’Astrid maintenant. Elle a le teint verdâtre et paraît au bout de sa vie. Je ne dois pas avoir meilleure mine. Elle s’approche, les jambes flageolantes, jette un coup d’œil angoissé vers le second promontoire.
-Vas-y ma cocotte, je l’encourage. Tu peux le faire.
Au fond de moi, je n’en suis pas si sûre. Elle ferme les yeux, inspire un grand coup et après une brève hésitation, saute.
Je retiens mon souffle et prie pour qu’elle arrive à s’accrocher à la barre. Elle y parvient ! Elle se balance, à dix mètres de hauteur. Je ne vois pas son visage mais je peux facilement l’imaginer. Tendu. Encore plus que le mien. Elle lâche, ramène ses jambes un peu tard mais le porteur anticipe son mouvement et lui attrape les poignets et la hisse sur l’autre promontoire. Elle vacille légèrement, puis se tourne vers moi et me sourit. Elle est blême mais saine et sauve.
Tous les regards convergent vers moi. C’est à mon tour. A l’intérieur, je crie, je proteste, je veux m’en aller mais mes jambes avancent toute seules vers le bord. Je risque un regard vers le bas. Un filet est étendu pour nous rattraper en cas de chute mais je préfère ne pas envisager cette hypothèse.
Le porteur qui se tient à côté de moi me sourie d’un air encourageant. « Si Astrid l’a fait, je peux le faire » me dis-je mentalement.
Juste un mauvais moment à passer. Je ferme les yeux et essaie d’oublier. J’inspire un grand coup et je saute sans réfléchir. La sensation de chute libre est effrayante. J’essaie de me concentrer. La barre. L’attraper. Ça y est. Je me balance, compte trois temps. Ordonne à mes bras de ne pas lâcher tout de suite. Attendre le bon moment. Là. Maintenant. Je replie mes jambes et tend les bras. Mais que fait le porteur ? Pourquoi ne me rattrape t-il pas ? Je vais tomber ! Enfin, je sens des mains qui m’agrippent et me tirent vers le haut. Je m’assoie sur le promontoire sans en croire mes yeux.
Astrid me met la main sur l’épaule.
-On l’a fait Orianne, c’est bon.
En bas, Yashim lève les pouces en souriant. Je sens monter une vague de fierté. Je l’ai fait.

L’heure du spectacle approche. J’avais complètement oublié ! Le stress m’envahit soudain et je ne pense plus qu’à ça. Je me réfugie en coulisses pendant que les spectateurs fantômes entrent sous le chapiteau. J’ai beau savoir qu’ils ne sont pas réels, cette foule m’impressionne.
Pour m’occuper, je me coiffe puis coiffe Astrid selon les consignes des trapézistes. Puis, n’ayant plus rien à faire, je tourne en rond en me rongeant les ongles.
-Zen Orianne, me calme Astrid. C’est la dernière ligne droite et puis on s’en va. On l’a déjà fait, on peut recommencer.
Je me répète cette phrase jusqu’au début du spectacle. De derrière les rideaux, j’entends Loyal qui fait son habituel discourt, la musique retentir et les applaudissements. Puis le rideau s’ouvre. Quelle sensation étrange de ne pas se trouver parmi le public mais sur scène ! Nous saluons tout le monde puis vient le grand moment. Je serre la main d’Astrid. Elle a l’air moins confiante que tout à l’heure. Nous montons l’échelle. Je suis tellement stressée que je manque de rater une marche. Arrivée en haut, je fais le vide dans ma tête et me concentre sur mon unique objectif. La première voltigeuse passe et ô surprise, elle réussi à la perfection. Astrid passe sans aucun problème. A moi. Je saute, me balance et arrive de l’autre côté avec l’impression de n’y avoir passé que quelques secondes. Le public nous acclame. On doit avoir réussi. Je me surprends à prendre plaisir à ces applaudissements et à saluer. Je n’arrive pas à ôter ce sourire béat de mes lèvres. « C’est fini ! » voudrais-je crier. C’est fini !

Après le spectacle, nous nous changeons tout en discutant du numéro. Marine arrive, surexcitée.
-Je vous ai filmées avec la caméra du cirque ! Vous voulez vous voir ?
Sur la vidéo, j’ai du mal à me reconnaître. Ma figure n’est pas aussi jolie que celle de l’experte mais elle n’est pas non plus risible.
-Franchement, si je ne vous connaissiez pas, je dirais que vous avez fait ça toute votre vie ! S’exclame Yashim.
Nous éclatons de rire. Ça fait du bien.
Enfin, vient le moment des adieux. Je suis un peu triste car je me suis finalement attachée à ces gens un peu excentriques. Loyal semble sur le point de pleurer. Ils nous remet une petite décoration sur laquelle on peut voir une trapéziste et les initiales CDC.
-Un souvenir, se sens-il obligé d’expliqué. Vous nous avez été d’une aide précieuse. Merci infiniment.
-Oh mais de rien, après tout c’était sans risques, dis-je en plaisantant.
Ils nous conduisent vers une petite porte dissimulée au fond des coulisses. La sortie. Je me demande un instant pourquoi ils restent enfermés ici alors qu’ils pourraient venir avec nous mais je me rend compte qu’ils ne peuvent pas partir. Le Château ne le leur permet pas. Et même s’ils pouvaient, je suis sûre qu’ils préféreraient rester ici, dans ce monde qui leur est propre.
Je serre la médaille dans ma main et franchis la porte.

Autrice : la p’tite moustache, sous le pseudo « la p’tite moustache »

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