Tout au bout du bord de l’extrême, derrière les dernières montagnes du Monde, s’élève le Château des 100 000 pièces Les murailles, et les tours et les étages de ce palais s’élèvent, à ce qu’il vous paraît, bien au-delà des nuages, au-dessus des cimes.
LA PIÈCE MUSICALE
LA PIÈCE MUSICALE

LA PIÈCE MUSICALE

La pièce consiste en un long et étroit couloir dont je ne perçois pas la fin. Ses murs sont gris de même que le sol et le plafond. Je reste silencieux quelques instants puis me tourne vers Poussière d’Etoile qui semble avoir une pensée similaire à la mienne : un endroit bien banal en somme…
Quand on arrive dans une pièce vide et superflue telle que celle-ci, il n’y a qu’une chose à faire : la traverser afin de sortir au plus vite et espérer trouver quelque recoin plus intriguant.
Poussière d’Etoile et moi commençons donc à avancer, quand nous réprimons tout deux un sursaut. Un étrange bruit avait retenti. Un bruit vif et tout simple, comme une note d’un piano légèrement désaccordé sans être affreux. La pièce est cependant vide : d’où venait donc ce son ? Je tourne longuement mon regard vers la droite puis la gauche sans repérer le moindre élément anormal.
Ce genre de situation dans le Château des Cent Mille Pièces est si habituel qu’il génère en moi tant une crainte -aux souvenirs des derniers monstres brusquement apparus dans des endroits aux abords paisibles- qu’une insouciance -car il est incontestable que j’ai acquis au fil du temps une certaine maîtrise des dangers imprévus.
Je tente donc de faire un nouveau pas en avant… et m’arrête immédiatement car le son est revenu. Poussière d’Etoiles s’élance de même et sursaute à cause du troisième bruit, plus aigu. Il semblerait que quelqu’un observe chacun de nos mouvements. Je scrute les murs, méfiant, car chacun d’eux pourrait nous observer. S’il est évident qu’ici les murs ont des yeux, je n’aurais jamais songé qu’ils puissent chanter.

Finalement, Poussière d’Etoiles et moi prenons notre courage à deux mains et avançons pas à pas malgré les incessantes notes de piano. Elles résonnent de plus en plus fort et s’entrechoquent dans un concert assourdissant. Par moment, je retiens mon mouvement pour confirmer que ce sont bien nos pas qui produisent, chacun, un son. Je ne cache pas mon dégoût face à la pensée que je suis responsable d’une telle cacophonie -n’avais-je pourtant pas appris la flûte au collège ? Poussière d’Etoile se décale machinalement vers la gauche et les bruits s’amplifient et tirent vers les aigus. Je lui demande de revenir vers moi afin de préserver nos oreilles. Une pensée traverse alors mon esprit et je décide d’aller vers ma droite : effectivement, les notes deviennent plus graves et moins fortes.
Il semblerait ainsi que notre emplacement joue un rôle sur la tonalité du bruit. En effectuant quelques pas bien précis, je remarque même une certaine régularité : tous les mètres environ, le son change. Serions-nous placés sur un piano géant ? Poussière d’Etoiles se réjouit à cette perspective et décide se positionner à des endroits stratégiques pour réaliser une mélodie. Je reconnais la chanson et retourne alors quelques pas en arrière pour lui répondre. Nous voici capables de créer une superbe mélodie ! Nous commençons à nous amuser sur ce sol musical et Poussière d’Etoiles circule de plus en plus vite sur des notes imaginaires en dansant. J’esquisse des cercles sur le sol pour répéter une chanson, puis laisse Poussière d’Etoiles commencer une autre mélodie, plus rapide qui nous pousse à courir dans toute la pièce.

Le bout du couloir n’apparaît cependant pas. Poussière d’Etoiles semble avoir oublié ce détail, emportée par la musique. Je m’arrête un instant pour examiner l’espace et avance plus rapidement en espérant trouver la sortie qui reste néanmoins invisible. Je remarque alors que le volume de la musique s’est amplifié et que cette dernière devient particulièrement belle par rapport à ce que jouait Poussière d’Etoiles auparavant. En tendant l’oreille, je constate que plusieurs notes sont jouées en même temps, soit plus que les seuls pas de Poussière d’Etoile ne peuvent réaliser. La musique adopte un rythme particulier qui se répète. Je le mémorise rapidement et le chantonne. Cinq notes successives… la première grave, les deux suivantes plus aigües, les deux dernières s’enchaînent rapidement et retombent. Ces cinq notes reviennent régulièrement dans la mélodie. Elles me semblent à la fois familières et inconnues, presque dangereuses. Je les écoute, écoute et me perds dans mes pensées.

Je me réveille brusquement. Cinq notes résonnent dans mon esprit. Je fronce les sourcils en regardant autour de moi. Poussière d’Etoiles danse énergiquement, un sourire béat aux lèvres. L’ampleur et la vitesse de ses mouvements me paraissent anormales, bien trop rapides pour sa personne. Et elle semble trouver la mélodie jolie malgré un volume sonore bien trop élevé à mon goût. Perdu, ne sachant que faire, je décide de me lever pour la rejoindre. La découverte d’une porte derrière moi me donne brusquement très envie de sortir. Je retrouve Poussière d’Etoiles pour lui proposer d’aller dans un autre endroit. Elle ne parvient pas à m’entendre malgré la proximité et hurle tout en semblant ravie par tout ce que je lui propose. Elle sautille immédiatement vers la porte en continuant de chanter à tue-tête et sort.
Les chants et les sons s’arrêtent. Je trottine vers la porte de sortie en appréciant le silence absolu. Au moment de franchir le seuil, cinq notes résonnent dans le lointain.

 Auteur : Miss Lovegood sous le pseudo « Miss Lovegood »

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